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MOUVEMENT SYNDICAL DU SECTEUR ÉDUCATIF LE G20, UNE «MINORITE» REPRESENTATIVE

MOUVEMENT SYNDICAL DU SECTEUR ÉDUCATIF LE G20, UNE «MINORITE» REPRESENTATIVE

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D’un côté, le débat entre le gouvernement et les syndicats du G7 sur le respect des accords. De l’autre, non moins important, est la question de la représentativité des syndicats d’enseignants. Les résultats jusqu’ici provisoires des élections de représentativités du secteur public de l’éducation et de la formation tenues le 26 avril 2017, ont défini les règles du jeu : Saemss, Cusems, Sels, Sels/A, Uden, Snelas/Fc, et enfin Siens regroupés autour du G7 assisteront au monitoring des accords. Pendant ce temps, une vingtaine d’organisations non représentatives essaient d’exister. A l’heure du comptage des résultats des élections, ils sont précisément 22.525 enseignants derrière ces syndicats. Ont-ils voix au chapitre ? Oui, disent-ils. Qu’en est-il du respect de la vérité des urnes pour une unité syndicale forte ? Les réponses semblent aller dans tous les sens. «Ils nous traitent souvent avec condescendance. Ils nous disent, à la limite, taisez-vous, en parlant avec le gouvernement», déploré Gougna Niang, secrétaire général de l’Union des enseignants du Sénégal (Ues). Pour Saourou Sene, secrétaire général du Saemss, «le G20 est dans une dynamique concurrentielle malsaine. Certains syndicats soutiennent que les élections sont une mascarade, alors qu’ils existent qu’à travers les médias».

Sous le régime libéral du président Abdoulaye Wade, il y a de cela quelques années, la salle du gouvernement servant de cadre pour les négociations entre acteurs du système éducatif, était trop exiguë pour contenir les syndicats d’enseignants. C’était des échanges de plusieurs heures. Parce qu’on prenait en compte la sensibilité de chaque organisation syndicale sur une question. Bien que des accords fussent signer, l’agenda des négociations entre gouvernement et la pléthore de syndicats était chargé, conduisant souvent à un dialogue en panne sèche.

Le contexte d’un dialogue franc, efficient et efficace ne sied pas. Pour dégager les jalons d’un nouveau cadre d’échanges, les organisations syndicales et l’Etat engagent la réflexion devant aboutir à l’organisation des élections de représentativité du secteur public de l’éducation et de la formation. Ils étaient 32 syndicats dans le secteur de l’éducation en lice des élections de représentativités, le mercredi 26 avril 2017. C’était un jour de vérité pour les syndicats qui devront avoir au moins 10% des suffrages exprimés, pour désormais s’asseoir sur la table de négociations avec les autorités. Les résultats jusqu’ici provisoires ont décrété une nouvelle reconfiguration du champ syndical. L’objectif de disposer moins d’interlocuteurs suffisamment représentatifs, forts et indépendants pour le plus grand bien de l’Ecole et de ses acteurs, est atteint. Le gouvernement devra désormais composer avec 07 syndicats d’enseignants. Du moins, pour le moment, jusqu’à la prochaine élection de représentativité prévue dans 05 ans. Au niveau du préscolaire et de l’élémentaire, ce sera désormais le Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels) de Souleymane Diallo (12490 voix, soit 30.64%), le Syndicat des enseignants libres du Sénégal/Authentique (Sels/A) de Abdou Faty (6962 voix, soit 17,08) et enfin l’Union démocratique des enseignants du Sénégal (Uden) de Awa Wade puis remplacée par Abdourahmane Gueye (4188voix, soit 10.276%).

Saourou Sene du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal et Abdoulaye Ndoye du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire obtiennent respectivement 11814 voix, soit 52.45% et 5346, soit 23.736%. Ils sont les deux hommes forts du moyen-secondaire. Et enfin, le Syndicat National des Enseignants en Langue arabe du Sénégal (Snelas/Fc) et le syndicat des inspectrices et inspecteurs de l’éducation nationale (Siens) ont aussi atteint le seuil de représentativité de 10% des suffrages exprimés. Voilà les 07 têtes de Gondole chargées d’assurer le suivi de la mise en œuvre des accords entre l’Etat et les syndicats d’enseignants.

La rationalisation du dialogue social dans le secteur est actée. L’Etat engage les échanges conformément à l’arrêté n° 17094 fixant les règles d’organisation des élections de représentativité syndicale dans le secteur public de l’éducation et de la formation, du 22 novembre 2016. C’est à dire que les «pouvoirs publics doivent tenir compte des résultats des élections dans les séances de concertation, de consultation et de négociation ainsi que toute la représentation des personnels des enseignants notamment la participation de droit à toute négociation collective les concernant et la participation à certaines instances de dialogue social dans le secteur public de l’éducation et de la formation (Comité de dialogue social/Secteur éducation et formation, commission de gestion démocratique, tables de concertations, commission nationale consultative de mutation des personnels). Ce qui n’a pas aidé à apaiser le climat social. Une année après, en 2018, la situation s’est empirée. Le G7 déroule 04 mois de grève. L’année a été sauvée de justesse par la signature d’un procès-verbal du 30 avril 2018 et d’un réaménagement du calendrier scolaire de deux semaines. Rebelote ! Les syndicats du G7 ont déjà déroulé leur premier plan d’actions en 2020. La suite du mouvement sera définie par la plénière dans les prochains jours.

LE G20, C’EST 20 MILLE ENSEIGNANTS

A côté du G7, il y a les syndicats dits non représentatifs. Conscientes de leur faible résultat issu des élections, les organisations dites non représentatives ont créé un cadre appelé le G20, regroupant 28 organisations syndicales signataires du secteur. Au niveau de l’élémentaire, les syndicats dits non représentatifs ont engrangé 17.115 voix sur 40.849 valablement exprimés. Dans le moyen-secondaire, c’est 5363 voix pour les organisations au-dessous du seuil de 10%. C’est 47 voix dans le collège de corps de contrôle, où le Siens a obtenu 89% des voix, soit 416 bulletins de vote. A la considération des résultats provisoires, ils sont 22 525 enseignants qui ont placé leur confiance en ces syndicats absents sur la table de négociations. Loin d’être des spectateurs, réunis autour d’une intersyndicale, le G20 ne chôme pas. Dans le cadre de la première phase du troisième plan d’actions, les syndicats du G20 ont observé hier, vendredi 31 janvier, une grève totale. Ils engageront la deuxième phase, dès la semaine prochaine, avec un débrayage le mardi 4 février à partir de 10 heures, suivi de 48 heures de grève le mercredi 5 et jeudi 6 février 2020. Ils ont programmé d’organiser une marche nationale, le mercredi 19 février à Dakar.

DOIT-ON IGNORER CE NOMBRE IMPORTANT D’ENSEIGNANTS ?

Si dans le cadre de la négociation collective impliquant les accords, les règles du jeu ont été définies, il n’en demeure pas moins qu’ils ont voix au chapitre sur l’exercice du dialogue social, étant entendu qu’il est censé être inclusif. Et l’unité syndicale dans ce contexte de respect des accords, au bénéfice de tous les enseignants ?

«Nous sommes prêts de faire l’effort d’aller ensemble. Malheureusement, ils nous disent taisez-vous, à la limite, en parlant avec le gouvernement. Ils traitent souvent les autres syndicats avec condescendance», déplore Gougna Niang. Pour le secrétaire général de l’Union des enseignants du Sénégal (Ues), «on ne peut pas nous dénier le statut des syndicats. Nous avons des mandats. Il faut que les gens soient raisonnables. Vivement la jonction du G20 et G7. Que les gens le fassent dans la modestie».


Gougna Niang se dit surpris par la posture du gouvernement qui est, selon lui, dans l’ostracisme. «On a écrit nulle part que si vous n’avez pas 10%, il ne faut pas parler, ni faire savoir nos revendications », explique-t-il.

VIDER LES CONTENTIEUX AVANT LE PROCHAIN RENDEZ-VOUS

A l’occasion des élections, selon l’arrêté, il est permis aux syndicats d’introduire dans les cinq jours suivant la proclamation de ces résultats provisoires, un recours en annulation devant la cour d’appel de Dakar. Il a été noté un contentieux entre responsable du Cusems et de l’organisation des instituteurs du Sénégal (OIS). Près de 03 ans après, les résultats des élections sont toujours provisoires. Les recours ne sont pas encore vidés, à pratiquement 02 ans d’une nouvelle joute. «Même si les résultats sont définitifs, cela n’explique pas notre exclusion. Un enseignant peut changer de syndicat. Le ministre de l’éducation est à l’origine de toute cette ossature. Il fait tout pour nous permettre à côté, alors qu’il doit nous recevoir au même titre que les syndicats du G7», précise Gougna Niang. Non sans indiquer que «l’objectif de tous les syndicats est le respect des accords».

ODES se démarque

La divergence des points de vue n’épargne pas non plus le G20 qui semble parler d’une seule voie. En effet, l’organisation démocratique des enseignants du Sénégal (Odes) a quitté le G20, nous informe son secrétaire général, Ibrahima Wane. Il explique en ces termes : « l’image du G20 a été parasitée par Nio Lank. Certains sont partis voir Abdoulaye Wade. Des gens pensent qu’ils sont nés pour diriger. Certaines personnes morales des syndicats sont proches du pouvoir. Nous devons être équidistant de la politique», nous confie Wane pour dire qu’il préfère adopter une nouvelle approche. C’est ainsi que l’Odes a décrété un mot de grève de 48 heures bouclé hier, vendredi.

SAOUROU SENE, SG DU SAEMSS : «Le G20 est dans une dynamique concurrentielle malsaine»

Il faudra beaucoup d’énergie pour voir naitre une unité syndicale entre les syndicats représentants et ceux dits non représentatifs. En effet, le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal estime d’emblée que «le G20 est dans une dynamique concurrentielle malsaine». Saourou Sene a déploré le fait que des syndicats continuent de ne pas reconnaître les résultats des élections. «Les différents plans d’actions de ces organisations, ne sont pas suivis. Leur mot d’ordre ne passe pas», dit-il au bout du fil. Non sans pousser loin le bouchon plus loin : «nous constatons que des gens continuent de réclamer leur représentativité. Ils soutiennent que les élections sont une mascarade, alors qu’ils existent qu’à travers les médias».

Sudonline


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