Le Sénégal traverse-t-il un ajustement structurel déguisé sous forme de fast-track ?
Comme tous les présidents du Sénégal, le président Macky Sall a subi la pression de l’électorat. La situation socioéconomique, clairement dégradante en 2012 a été entre autres la raison d’une seconde alternance politique. Le Sénégal était sous le choc dans tous les secteurs, cependant, les affaires de corruption et le népotisme était devant la scène. Seul espoir, la conscientisation de la jeunesse. Sept ans plus tard, on nous a encore envoyé à la case de départ.
Ajustement Structurel
Le but d’un ajustement structurel est de relancer la croissance économique et de rétablir l’équilibre financier d’un pays. Cela se fait en prenant des mesures drastiques comme la réduction des dépenses publiques, la réduction de l’effectif de la fonction publique, l’augmentation des prix des denrées de première nécessité et la libéralisation de certains secteurs.
Premier pays d’Afrique subsaharienne à avoir mis en œuvre une politique d’ajustement structurel en 1984, le Sénégal traversait une récession économique et financière profonde. La croissance était quasi-inexistante et les banques devenaient insolvables. C’était une crise et il fallait faire un recours à un emprunt extérieur et le FMI et la Banque mondiale étaient naturellement les institutions vers lesquelles on pouvait se tourner pour garantir un financement. Malheureusement, l’aide était accompagnée de mesure d’ajustement et de restructuration financier et économique. C’est de cette époque que le Sénégal a adopté la politique basée sur les théories néo-classiques et keynésiennes. Le Sénégal a aussi connu deux autres programmes d’ajustement structurel, en 1994 et en 1998.
Pour équilibrer les finances publiques, on peut le faire en accroissant les recettes et en diminuant les dépenses. L’accroissement des recettes est moins populaire, car s’il y a une forte pression fiscale, cela a un impact négatif sur les recettes, il faut trouver le juste milieu, ce qui est très difficile, car une économie réagit de manière irrationnelle des fois. Cependant, la réduction des dépenses est plus facile pour un gouvernant, car on fâche qu’une partie de la population. Le danger avec cette réduction des dépenses est qu’elle s’applique d’abord sur les investissements avant de s’attaquer aux dépenses de fonctionnement, même si notre président a stratégiquement décidé de réduire les dépenses de fonctionnement d’abord. C’est peut-être pour stimuler la croissance pour un a deux ans ?
Dette Extérieure
Analysons le service de la dette extérieure, ce qu’on paie chaque année aux créditeurs. Nous allons juste analyser la dette extérieure et non la dette intérieure pour des raisons d’objectivité. Pour les crédits multilatéraux, il y a la BIRD/IDA pour un montant de 66,24 milliards, la BAD pour 11, 04 milliards, l’OPEP/BID pour 28,69 milliards et les autres créditeurs pour 19,35 milliards. Pour les crédits bilatéraux, il y a les pays de l’OCDE pour un montant de 32,31 milliards, les pays arabes pour 11,66 milliards, les crédits à l’exportation pour 7, 02 milliards et les autres crédits bilatéraux pour 39,20 milliards. Pour les opérations financières, il y a l’Eurobond pour 76,87 milliards, l’Afreximbank pour 26,55 milliards et le Crédit Suisse pour 37, 60 milliards. 364,55 milliards au total. Si le dollar grimpe, cette dette grimpe car la dette est en dollars.
Fast-track ou une goutte d’eau dans la mer ?
Après 7 ans de dépenses de prestige et de gaspillage des ressources du pays, le président de la République, a décidé de rationaliser les dépenses publiques et il a annoncé la fusion de quelques agences et la réduction de la facture téléphonique. Analysons les agences fusionnées dans d’autres pour mieux comprendre cette rationalisation des dépenses publiques. Le budget total de chaque agence sera donné pour l’analyse. CICES : 222,2 millions, ANPEJ : 2,6 milliards, ADEPME : 1,1 milliard, ANAMO : 580 millions, ANAT : 1,2 milliard. APDA : 580 millions et les factures de téléphone pour un montant de 17 milliards. Un total pour l’instant de 19 milliards et soyons généreux et espérons une réduction de 50 %, car ces dépenses n’ont pas été arrêtées, mais diminuées, cela nous donnera un total de 9,5 milliards économisés.