Boris Johnson a été élu, mardi, à la tête du Parti conservateur pour succéder à Theresa May et sort vainqueur de la course à Downing Street. L’eurosceptique ex-maire de Londres atteint ainsi la plus haute marche du pouvoir au Royaume-Uni.
Boris Johnson est sur le seuil d’entrée du 10 Downing Street. « BoJo », comme il est surnommé, a très largement remporté la course pour devenir le prochain Premier ministre britannique face au ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, selon des résultats annoncés, mardi 23 juillet par le Parti conservateur.
L’ex-maire de Londres et ex-chef de la diplomatie britannique a obtenu 92 153 des voix des quelque 159 000 votes des membres du parti qui étaient appelés à les départager, contre 46 656 voix pour Jeremy Hunt. Il devient donc chef des Tories et obtiendra les clés de Downing Street, mercredi après-midi, après une visite à la reine Elizabeth II.
L’ancien maire de Londres a réussi à rallier les membres de son parti en leur promettant de faire enfin sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne, la cheffe du gouvernement sortante ayant échoué à concrétiser le résultat du référendum de juin 2016.
Mais ses détracteurs craignent qu’il peine à maîtriser les subtilités du Brexit, soulignant que dans ses postes précédents, il n’a pas brillé par son sens du détail.
Mister bourde
Né en 1964 à New York, ce fils d’un eurodéputé britannique et d’une mère artiste, a commencé sa carrière en tant que journaliste. Sa première expérience se révèle être un fiasco. Alors qu’il débute au Times, il invente une citation d’un professeur d’université et se fait licencier dans la foulée.
De 1989 à 1994, il devient le correspondant pour l’Europe du Daily Telegraph à Bruxelles. Il se fait rapidement connaître du grand public pour ses papiers grinçants sur les travers des institutions européennes. Comme le raconte le correspondant de Libération, Jean Quatremer, qui l’a côtoyé à l’époque, « c’est lui qui a inventé un genre journalistique, les ‘euromyths’ que l’on appellerait aujourd’hui ‘fake news’ ».
« Il n’a pas hésité, avec l’approbation de sa rédaction en chef, à travestir la réalité, voire à inventer de toutes pièces des histoires, afin de donner de l’Europe l’image d’un monstre bureaucratique prenant des décisions les plus absurdes », décrit son confrère français.
Courbure des bananes, taille des saucisses, standardisation des cercueils ou interdiction des cocktails de crevettes, Boris Johnson n’hésite pas à forcer le trait et s’attire la sympathie des milieux conservateurs. À la fin des années 90, il se lance ensuite en politique, mais n’arrive pas à se faire élire député. Ce n’est qu’en 2001 qu’il obtient enfin une circonscription dans l’Oxfordshire.
De coûteux fiascos
Sept ans plus tard, il accède au poste de maire de Londres et devient une figure connue en dehors des frontières du Royaume-Uni, notamment en raison de ses nombreuses bourdes et de sa communication décomplexé. Si Boris Johnson est fier de son bilan à Londres, citant le faible taux de criminalité et les investissements dans les transports et le logement – surtout des tours de luxe –, ses opposants l’accusent d’avoir soutenu de grands projets qui se sont révélés être de coûteux fiascos.