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« AAR LEPP LI NU BOKK » (Par Boubacar Sadio)

« AAR LEPP LI NU BOKK » (Par Boubacar Sadio)

Le Sénégal sous le règne de malfaiteurs impavides, de grands voleurs, de criminels économiques, de fieffés menteurs et de bonimenteurs patentés.

Je ne saurais entamer mes propos sans adresser, au préalable, mes très vives et sincères félicitations aux responsables de la plateforme « Aar li nu bokk » pour la réussite de leur manifestation qui a enregistré un déferlement humain inattendu au boulevard du Centenaire. J’associe à ces félicitations tous les compatriotes qui ont répondu à l’appel ; le succès est d’autant plus éclatant que l’Etat, à travers les autorités administratives, notamment le Préfet, a usé de tous les stratagèmes pour faire échouer la manifestation. Qu’à cela ne tienne, l’ingéniosité, la détermination et la foi des organisateurs leur ont servi de levain pour braver les difficultés et surmonter tous les obstacles dressés sur leur chemin.
Dans cette affaire, la duplicité et l’incongruité de la démarche des autorités ont été mises à nu. En effet, pour interdire la manifestation du vendredi 14 juin, le préfet avait évoqué les risques de troubles à l’ordre avec la possibilité d’enregistrer la présence d’éléments infiltrés et mal intentionnés. J’aimerais que l’on me dise qu’est ce qui a pu changer entre temps ou quels éléments nouveaux ont été enregistrés, dans un intervalle si court, pour amener les autorités à revoir leur copie et autoriser la manifestation. Le revirement me semble spectaculaire. C’est le lieu de rappeler qu’au Sénégal, la manifestation est un droit fondamental consacré par la Constitution et qu’elle n’est soumise qu’à un régime déclaratif.
Il faut le dire, l’argument qui consiste à toujours évoquer « les risques de troubles à l’ordre public » est commode, très facile, fallacieux, spécieux et quelquefois pernicieux. Nos gouvernants doivent comprendre que le monde actuel est en friture permanente et qu’il leur appartient de s’adapter au nouveau contexte ou la parole est libérée dans le cadre de la délibération démocratique. Les Etats démocratiques ont pour caractéristique de ne pas nier les conflits qui apparaissent au sein de la société et de tolérer qu’ils s’expriment dans un espace de désordre. Ne définit-on pas le maintien de l’ordre comme l’équilibre entre l’ordre nécessaire et le désordre acceptable ? Dans les pays de démocratie majeure, les citoyens ont la possibilité de participer à des mouvements collectifs et de manifester librement dans le respect de certaines dispositions réglementaires.
Les organisateurs de la manifestation du vendredi 21 juin ont largement et brillamment démontré que les craintes et les appréhensions des autorités n’étaient guère fondées. Les Sénégalais, particulièrement les jeunes, réputés impulsifs et violents, en se rendant massivement à la manifestation, dans le calme, la paix et la sérénité, ont fait montre d’un sens très élevé de responsabilité et de maturité ; comme ils ont eu à le faire pendant l’élection présidentielle. C’est un impératif idéologique pour nos gouvernants de réajuster leur conception de l’ordre public et comprendre que l’interdiction d’une manifestation doit être l’exception et non la règle comme ils veulent l’instituer.
A son Excellence, Monsieur Macky Sall, Président de la république, j’adresse mes très sincères remerciements pour avoir, par ses grossières maladresses, ses attitudes inappropriées, ses fautes impardonnables et ses turpitudes , permis l’émergence d’une véritable dynamique de rassemblement, d’union et d’unité d’une frange importante de la population autour de la plateforme « Aar li nu bokk ». Plus qu’un slogan, c’est un profond cri de ralliement de tout un peuple pour la préservation, la protection et la conservation non seulement de ses ressources naturelles, mais aussi de ses valeurs morales et éthiques et de son identité.
Li nu bokk, ce sont nos ressources naturelles que notre charte fondamentale a consacrées comme la propriété collective, exclusive, inaliénable  et indivise du peuple. Il s’agit de l’eau, du fer, du phosphate, de l’or, du zircon, de la foret, de la faune , de la flore, des produits halieutiques, du pétrole et du gaz, etc… Ce sont toutes ces ressources naturelles, ce bien commun dont Allah Le Tout-Puissant nous a gratifié qu’un clan, une famille, une fratrie veulent accaparer entièrement sans se soucier le moins du monde du reste de la population, faisant preuve d’une boulimie et d’une voracité indécentes. Concernant le pétrole et le gaz, ils sont, aujourd’hui à l’origine du plus grand scandale jamais connu dans notre pays. Je ne saurais trop m’attarder la dessus, puisque tout a été dit et les faits d’une constance indéniable ; les principaux responsables se révèlent être l’aventurier et flibustier Frank Timis, son homme lige Aliou Sall, jeune frère du président de la république du Sénégal, le sieur Ali Ngouille Ndiaye, ministre de l’Intérieur auteur de deux faux rapports de présentation et Macky Sall, Président de la république, signataire des deux décrets qui ont permis la réalisation de la forfaiture. Les tenants du pouvoir et leurs affidés, faisant preuve d’une grande malhonnêteté intellectuelle, feignent d’ignorer qu’en réalité la BBC n’était pas guidée par un quelconque intérêt pour le Sénégal et que sa cible principale était plutôt la British Petroleum en tant qu’entreprise anglaise cotée en bourse et qui avait l’obligation de se conformer de la manière la plus stricte et la plus rigoureuses aux règles éthiques de gestion et d’exploitation de produits pétroliers et gaziers. La BBC n’a fait qu’exercer la plénitude d’une exigence professionnelle, d’une obligation citoyenne et d’un devoir moral pour informer ses concitoyens. Malheureusement les éclaboussures de ses révélations nous ont fait toussoter ; encore qu’il faille reconnaitre que l’essentiel des révélations de la chaine britannique a, pendant longtemps, été défloré par des compatriotes de la presse nationale, de la société civile et du monde politique. Les différents protagonistes du côté de l’Etat ont vraiment facilité la tâche aux enquêteurs de la police et de la gendarmerie ; je fus, peut-être un très piètre enquêteur, mais je le fus quand même. Les énormes cafouillages, les dénégations, les contradictions et les gros mensonges notés dans le camp des « SALL » et de leurs partisans sont suffisamment illustratifs du manque de sérénité qu’on observe souvent, je n’ai pas dit toujours, chez un potentiel coupable. Me sont parvenues des réflexions qui me paraissent invraisemblables et auxquelles je me refuse d’accorder un quelconque crédit. En effet, certains pensent, que si les auditions ont commencé par la périphérie, c’est tout juste pour collecter le maximum d’éléments d’informations qui pourraient être mis à la disposition du jeune frère du Président pour lui permettre de mieux se défendre. Une telle idée à laquelle je ne crois guère, mais que je ne saurais non plus exclure, équivaudrait à insinuer que le Procureur serait au service, non pas de la société, mais de la personne de Aliou SALL.
Ce que je puis affirmer, en prenant l’opinion à témoin, c’est que l’enquête ouverte par le Procureur de la république ne permettra pas de connaitre toute la vérité sur ce scandale dont le principal responsable, Macky Sall, signataire des décrets, est d’office soustrait du champ de compétence du maitre des poursuites. D’autres acteurs essentiels ne seront pas auditionnés pour des raisons évidentes. Le procureur a été clair à la fin de sa conférence de presse ; il a dit qu’à l’issue de l’enquête, si les faits sont établis, il poursuivra et si les faits ne sont pas établis, il avisera. J’ajoute pour dire que si les faits ne sont pas établis, le procureur classera le dossier, parce que tout simplement, il n’y aura pas lieu de poursuivre. Ce qui est demandé à Macky Sall est très simple et facile à faire ; qu’il déclassifie et publie le rapport de l’IGE et qu’il nous dise la vérité sur les rapports de son séide Aly Ngouill…


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