Excellence, j’ai préféré m’adresser à vous, nonobstant vos sévères et inutiles mises en garde et vos menaces à peine voilées, sous la forme d’une lettre ouverte pour deux raisons. Ce format épistolaire présente le double avantage d’avoir d’une part, une dimension informative et pédagogique (peut-être une prétention de ma part) et d’autre part, une valeur testimoniale par rapport aux citoyens ainsi pris à témoins. La présente ne s’adresse ni s’intéresse à vous en tant qu’homme et simple individu, ce que vous êtes par essence, mais en votre qualité de Président de la république investi de la confiance de 58% de vos compatriotes et par conséquent dépositaire et délégataire provisoire de la souveraineté populaire qui appartient légitimement au peuple. Le peuple qui, à ce titre inaliénable et inamissible, a le droit droit de vous interpeller sur tout ce que vous entreprenez, faites et dites en son nom.
Excellence, notre cher et beau pays que vous avez l’insigne honneur et le très grand privilège de diriger est à la croisée des chemins, des chemins variés et multiples dont certains, imprudemment empruntés, pourraient nous conduire vers des lendemains incertains voire troubles ou désastreux. C’est vous qui, présentement, tenez le gouvernail ; aussi, conscients que nos sorts sont étroitement liés, devons-nous souhaiter que notre Sunugal arrive à bon port sans anicroche. Dès lors, vous devez considérer les interpellations publiques de vos concitoyens comme la traduction de leurs préoccupations légitimes quant à l’avenir de leur pays et non comme des diatribes gratuites ou des philippiques de contempteurs aigris et impavides, animés d’une quelconque animosité.
Excellence, pour l’heure, les Sénégalais, totalement désemparés et déboussolés, sont en train de vivre ce qui apparait, aujourd’hui, comme le plus gros scandale de l’histoire de leur pays ; il s’agit de la grande corruption, des extraordinaires faits de concussion et des nombreuses opérations frauduleuses et dolosives qui auraient entouré et entaché lourdement le processus d’octroi des permis de recherches et d’exploitation d’hydrocarbures liquides et gazeux. La société Petro-Tim qui en est la principale bénéficiaire ne remplissait ni les conditions techniques ni les exigences financières requises par les dispositions de 8 du code pétrolier en vigueur à l’époque. La responsabilité du ministre Aly N’ouille NDIAYE serait totalement engagée pour avoir délibérément soumis à la signature du Président de la république des décrets dont les rapports de présentation comportaient de fausses informations sur la société requérante et ce, dans le but manifeste de surprendre et de tromper la vigilance du Président de la république et d’emporter son assentiment en abusant de sa confiance. Il s’agit du décret 2012-596 du 19 juin 2012 dont le rapport de présentation porte la référence N° 792/MEM/DHCD/ANT/Cmb du 11 juin 2012 qui concerne le bloc de Cayar Offshore Profond et du décret 2012-597 du 19 juin 2012 dont le rapport de présentation porte la référence N° 687/MEM/DHCD/ANT/Cmb du 05 juin 2012 concernant le bloc du Saint-Louis Offshore Profond. La gravité des accusations a fait sortir votre jeune frère de son long mutisme, l’obligeant à convoquer dare-dare, en mode « fast-track » une conférence de presse pour essayer de se disculper. Vous avez été, vous aussi, obligé d’en faire le principal sujet de votre discours à l’occasion de la Korité, un moment de communion religieuse qui ne s’y prêtait pas ; c’est tout simplement dire comment cette affaire est sérieuse.
Excellence, le plus désolant et le plus dérangeant dans vos différentes réactions, c’est qu’elles se soient produites suite à la révélation d’éléments d’enquête publiés par la chaine publique britannique BBC. Cela est très édifiant sur le complexe d’infériorité que vous nourrissez vis-à-vis de l’Occident. Pendant au moins trois ans, des patriotes sénégalais, viscéralement amoureux de leur pays, soucieux d’en défendre les intérêts supérieurs et imbus de valeurs morales et d’éthique, n’ont eu de cesse d’évoquer l’affaire Petro-Tim et d’en dénoncer les pratiques mafieuses impliquant votre jeune frère. Je pourrais citer : Abdoul Mbaye cosignataire des décrets et homme d’Etat confirmé, Ousmane Sonko auteur d’un livre historique resté sans réplique, Mamadou Lamine Diallo l’expert, Thierno Alassane Sall homme de valeurs et de principes, Oumar Faye incarnation de la constance dans la défense du peuple, Mamadou Mouth Bane qui a fait de l’éveil de conscience de ses compatriotes une mission sacerdotale, Clédor Sène, lanceur d’alerte pertinent, Pape Alé Niang le baroudeur aux courages inébranlables et tant d’autres. Ils sont légion ces sénégalais, célèbres ou anonymes qui se sont engagés dans la voie de la transparence et de la justice pour la préservation de nos ressources naturelles, devenues avec le référendum de 2016, un patrimoine commun indivis et inaliénable qui ne doit souffrir d’aucun bradage ni d’aucune spéculation de quelque nature que ce soit ni de la part de qui que ce soit, fut-il le Président de la république. C’est le lieu d’interpeller les membres de « Y EN A MARRE » pour qu’ils s’engagent dans une grande et vaste campagne de mobilisation sociale comme ils savent si bien le faire. La diaspora dans sa diversité ainsi que la jeunesse considérée en masse doivent assumer un véritable leadership dans cette lutte patriotique et citoyenne pour une révolution systémique en profondeur de la société sénégalaise.
Excellence, comme je l’ai dit précédemment, votre réaction et celle de votre frangin, montrent à suffisance que vous nourrissez un grand et évident complexe d’infériorité vis à vis des « blancs teint clair » pour parler comme mon cousin ivoirien. Vous avez toujours opposé aux interpellations publiques qui vous ont été adressées, de tout temps, un silence méprisant, une morgue condescendante et dédaigneuse. Et s’il vous arrivait de parler, c’est pour traiter vos compatriotes d’individus malveillants, malintentionnés. Certains de vos affidés, de vrais imbéciles en mal d’arguments, taxent vos contempteurs de jaloux, peut-être de votre immense fortune acquise dans des conditions qui restent à clarifier.
Excellence, votre jeune frère a décidé de porter plainte pour que justice soit rendue et que soit lavé son honneur. Et il a parfaitement raison, je lui manifeste mon soutien et lui transmets mes encouragements ; « on peut tout perdre fors l’honneur » disait le sage. En tant que son grand frère ,vous avez le devoir parental et l’obligation morale de le soutenir dans ses intentions et sa volonté de faire éclater la vérité ; une plainte permettra d’apporter la lumière sur cette affaire nauséabonde qui, depuis votre arrivée au pouvoir, pollue l’atmosphère de ses effluves toxiques et suffocants. Seulement, il ne faut guère se contenter de saisir nos seules juridictions nationales très souvent accusées de soumission vassalique devant l’exécutif. Monsieur Aliou SALL serait bien avisé et fort inspiré de saisir les juridictions internationales, notamment anglaises et américaines. J’espère que son annonce n’entre pas dans une stratégie de diversion ni de pourrissement comme nous en avons l’habitude de la part de votre régime. Quant à vous, vous devez immédiatement prendre la décision de relever votre jeune frère et votre oncle de toutes leurs fonctions publiques pour faciliter la manifestation de la vérité.
Excellence, dans cette sordide affaire ou le nom de votre jeune frère est constamment cité, votre responsabilité me parait la plus engagée, d’autant que c’est votre signature, en votre qualité de Président de la république, qui a été apposée sur les décrets accordant les permis à Petro-Timm. Ne serait-ce qu’à ce titre votre responsabilité politique est fortement engagée. Et il est temps qu’au Sénégal on donne un sens véritable à la notion de responsabilité politique qui doit pouvoir ouvrir l…