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Mame Boye Diao : Vainqueur au forceps

Mame Boye Diao : Vainqueur au forceps

Mame Boye Diao, la cinquantaine sonnante, est le nouveau directeur des Domaines. Il a presque tordu le bras à Macky Sall comme il a forcé la main au destin pour gravir l’échelle sociale.

 

« Trop bon », mais pas « trop con ». Au lendemain de la publication de la liste du premier gouvernement de Macky II, sans son nom dessus, Mame Boye Diao, El Hadji Mamadou à l’état-civil, a étalé sa déception.

Sur Facebook, il dit : « La seule quête qui vaille pour un homme public est le jugement de ces concitoyens. Ne jamais laisser la place aux médisants et aux comploteurs. Les actes que posent les autres méritent réflexion et réaction en vue de prendre le meilleur cap pour agir. (…) Le temps est venu pour moi de mener une vraie introspection au sortir de laquelle je définirai ma ligne de conduite. »

La menace, sur fond de victimisation, ne fait aucun doute. Au mode fast-track du chef de l’État, l’inspecteur principal des Impôts, défenseur infatigable de Macky Sall, oppose un diplomatique « retenez-moi ou je me casse ».

La tactique fit mouche. Selon le site Yerimpost, le président de l’Apr réagit illico en conviant à un tête-à-tête le cadre de son parti. Et quelques jours plus tard, il le nomme directeur des Domaines en remplacement de Mamour Diallo, empêtré dans l’affaire des 94 milliards, qui fait l’objet d’une commission d’enquête parlementaire.

Vaches maigres

Avec le destin, Mame Boye Diao dut employer la même méthode forte pour monter dans l’échelle sociale. Issu d’une famille modeste, le natif de Bignona, il y a 49 ans, a connu le chômage, la misère et la main tendue avant de voir le bout du tunnel.

En 1995, lorsqu’il débarque à Dakar en provenance de l’Université Gaston Berger, une maîtrise en droit en poche, l’ancien directeur des services fiscaux croyait avoir fait le plus difficile. Mais patatra, il se heurte aux difficultés de la vie dans la capitale alors qu’il avait à l’époque, à 24 ans, une femme et un enfant à nourrir et entretenir. Il a fallu taper à toutes les portes pour trouver une issue. « J’ai essayé de me battre. J’ai pensé à tous les types de métiers », confesse-t-il dans un portrait que lui a consacré la Rts Kolda.

Peinant à trouver un emploi qui lui garantissait des revenus fixes, il ravale son orgueil et n’hésite pas, souvent, à tendre la main aux cœurs sensibles. Pour la bonne cause : assurer la dépense quotidienne. C’était douloureux. Il rembobine : « Parfois, quand tu demandais à d’autres, tu vois du mépris sur leur visage. Mais tu ne pouvais pas avoir de kersa (pudeur) ni de jom (fierté), l’important c’était d’avoir quoi manger. Parce que tu ne peux pas dire à une personne : ‘Je vais travailler par la force' »

Un jour au milieu des ténèbres, jaillit la lumière. Un compagnon de stage au Cosec est reçu au concours de la magistrature. Ce dernier suggère à Mame Boye Diao de tenter le coup. Après quelques hésitations, il se présente à l’entrée de l’École nationale d’administration (à l’époque Ecole nationale de l’administration et de la magistrature, Enam). Alléluia ! Il est reçu à son tour. C’était en 1998. Deux ans après, Mame Boye Diao, devenu inspecteur principal des impôts, atterrit à la Direction générale des Impôts et Domaines (Dgid). Fini la galère !

« Génie »


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