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Réunion publique de Koudiounghor : Sur les traces de la communication de Salif Sadio

Réunion publique de Koudiounghor : Sur les traces de la communication de Salif Sadio

Koundiounghor! Un village historique de la haute Casamance, situé dans le nord Sindian à quelques kilomètres de la frontière gambienne.  Administrativement parlant, ce village créé par Ahoune Sané, le résistant le plus influent du Fogny, dépend de la commune de Oulampane. Un village lointain, niché dans les méandres de la brousse de la Casamance où pour y accéder, il faut exécuter un vrai parcours du combattant. Dans ce village, il n’y a pas de réseau téléphonique et les pistes de production créées depuis la nuit des temps favorisent l’inaccessibilité de la zone. C’est ici, que le chef rebelle basé dans le nord Sindian, Salif Sadio, a convoqué toutes les personnes intéressées par la crise en Casamance, à venir assister à une réunion populaire d’information. Dès que le communiqué est tombé, le monde entier a retenu son souffle et tous les yeux se sont braqués vers ce village qui désormais est sorti de l’anonymat grâce à Salif Sadio. Toutes sortes de questions ont été posées.

Il est 18 heures, et le chef du village de Koundiounghor, petit-fils du résistant et fondateur du village, Ahoune Sané, nous attendait tranquillement à Oulampane pour près d’une heure de voyage sur une piste de production. Après les salutations d’usage, Sékou Sané de son vrai nom, avec un sourire qui en dit long, nous demanda de monter à bord de sa moto, de marque apache pour une destination inconnue. À 18 heures 15, nous pénétrâmes dans la forêt d’Oulampane. Pas de bruit. Seuls quelques oiseaux qui gazouillent animaient cette forêt clairsemée qui a fini de subir la loi des coupeurs de bois. La piste de production parfois sablonneuse joue de petits tours à mon guide du jour qui parfois semble perdre le guidon. Subitement pour ne pas tomber, il descend les pieds et freine. Par moment, nous avons rencontré de véritables cratères qui vous donnent le tournis. C’est comme cela que notre voyage sur le mythique village s’est déroulé…

À 19 heures 30, les rares enfants qui ne sont pas couchés, reconnaissant le bruit de la moto de mon guide, l’appellent affectueusement et disent en Diola « tonton Sékou na dialo » signifie « Tonton Sékou est arrivé ». On aperçoit plus les lumières des maisons qu’autre chose. Lorsque nous sommes arrivés à destination, chez le chef du village, il y avait des étrangers venus pour la circonstance et qui étaient assis sur une natte, discutant dans un dialecte Diola. Ils viennent du Blouf pour la plupart. Un calme plat régnait dans le village. Les jeunes, habitants de la localité, s’affairaient autour du dîner pour le servir aux étrangers arrivés exténués à cause de l’état cahoteux de la route. Une fois installé, des personnes étranges sont venues vers nous. « Qu’est-ce que vous êtes venus faire ici ? » la réponse était déjà connue, « je suis venu écouter la communication de Salif Sadio ». « Vous êtes quoi ? », je réponds instinctivement : « je suis journaliste du site d’information Dakaractu. Il me regarda et prit congé de moi en ces termes : « soyez les bienvenus! » Il était en civil, mais il n’était pas seul. Ils étaient même nombreux. Certains avaient leurs armes en bandoulière et faisaient des va et vient pour ne pas dire, faisaient des patrouilles. Ils ont infesté le village et l’ont sillonné avec des rondes jusqu’au petit matin.

À 06 heures du matin, les premiers éléments commencèrent à arriver. Le comité d’organisation et les mandataires du village ont fini d’installer les chaises et autres tables bancs à la place publique du village. C’est ici qu’aura lieu la réunion publique convoquée par Salif Sadio. Les éléments de Salif circulaient avec leurs armes, chahutant avec les rares personnes qu’ils connaissent. Le calme et la sérénité se lisaient sur les visages de tous. Ils sont souriants, libérés, mais méfiants et sur le qui-vive. Le bruit des motos de campagne se substituaient à la musique qui tardait à commencer. À 11 heures, l’animateur finira de monter sa sono et bonjour la musique made in Casamance.

Il aura fallu attendre midi pour voir une délégation de cinq personnes escortées par quatre éléments armés jusqu’aux dents se diriger vers la place publique où les attendait le public impatient de voir et d’écouter le chef rebelle, Salif Sadio. Après leur installation, le calme reprit son cours. Mais d’aucuns se demandaient où est Salif Sadio? Pourquoi il n’est toujours pas venu? Il convoque les gens et ne vient pas. Autant de questions qui se posaient dans l’assistance. La déception commençait à se lire sur les visages. L’espoir de rencontrer Salif Sadio pour les curieux se dissipa comme un  nuage.

Après s’être installés aux trois tables bancs mis à leur disposition, le plus âgé des nouveaux venus demanda à ce que chacun formule des prières avant le démarrage de la communication. Sans présentation, un des leurs prit le micro et commença à expliquer le déroulement de la communication. « D’abord le communiqué sera lu par Cap Sagna puis il le traduira en Diola et ensuite en mandingue. Le coriace lieutenant de Salif dénommé Baldé reviendra en pular et enfin, Ousmane Diédhiou bouclera en français. »

En prenant la parole, Cap Sagna a résumé les deux points qui composent le communiqué : le contenu des dialogues avec l’État du Sénégal en Italie en 2015 et en 2017 et les accords signés sur l’exploitation des ressources naturelles et l’engagement de l’État du Sénégal à permettre au Mfdc d’organiser des réunions périodiques avec les populations de la Casamance. Après avoir lu le communiqué, Cap Sagna les yeux grandement ouverts, sur un ton sec et sans fard, pilonnera sur tout : la plateforme des femmes, le Groupe de réflexion que dirige Robert Sagna qu’il a taxé d’être de connivence avec l’État du Sénégal dont il a profité de façon éhontée et de tout temps. Selon Cap Sagna, Robert a cautionné ce qu’il appelle « les exactions de Casamançais, les viols de femmes de la Casamance … à Ziguinchor. Il fait partie des coupables du naufrage du bateau le Joola. Il est en perte de notoriété, c’est pourquoi lui, son complice Ibrahima Ama Diémé, et d’autres casamançais ont mis en place le Grpc pour, disent-ils, réfléchir sur le retour de la paix en Casamance. C’est aberrant, dit-il, continuant à se poser des questions. Pourquoi il n’a pas assisté ces femmes violées ? Pourquoi il n’a pas soutenu les veuves dont ils ont tué les maris, les taxant de rebelles ? Pourquoi il n’a pas assisté les Casamançais qui avaient besoin de soutien à tous les niveaux ? Il attend que Salif parvienne à décrocher l’intercession de la communauté de Saint Egidio, pour se mettre en selle. Ils ne sont là que pour sucer le sang des Casamançais, parce qu’ils vivent de cette crise et ne veulent pas qu’elle se termine. Les Ong qui sont à Ziguinchor comme Usoforal, la Plateforme des femmes, ne vivent que de la crise. Elles ne servent à rien! » , s’exclame Cap Sagna . « La plateforme des femmes, pour vous montrer son inefficacité, lors de la présidentielle, Macky Sall n’a même pas voulu la recevoir parce qu’il était à Ziguinchor pour chercher des militants, et il savait que ces femmes ne lui apportent rien… »

Sa voix s’amplifiera au fur et à mesure que les minutes passent. Pour montrer qu’ils suivent l’actualité, Cap a soulevé une des erreurs de communication du président Sall à Bignona lors de la campagne. Il répète la phrase : « si vous voulez faire partie … votez Bby! » Il tire encore, soutenant que « c’est la preuve que Macky Sall ne considère pas la Casamance dans le Sénégal. Il nous a écartés du Sénégal. Soyons conscients pour ne jamais renoncer à l’indépendance », clame-t-il à qui veut l’entendre. Ainsi, ils donneront des fiches d’émargement pour la création de comité pour, disent-ils, faciliter la communication avec les populations. Comme ça, ils vont s’adresser aux présidents de comité qui à leur tour, vont rendre compte à la population. Il ajoutera même, « que nou…


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