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(Opinion) Les OTT, des nouveaux venus qui bouleversent la chaîne de valeur des communications électroniques !!!

(Opinion) Les OTT, des nouveaux venus qui bouleversent la chaîne de valeur des communications électroniques !!!

Le développement des réseaux très haut débit fixe en fibre optique ou 4G pour la téléphonie mobile a favorisé l’apparition de nouveaux modes de consommation. Les services de données rendent les opérateurs dépendant de la bande passante internationale. On assiste à une mutation de la chaine de valeur. Cette mutation est accélérée par l’émergence de nouveaux acteurs dont les OTT (« Over the Top ou « service de contournement » en Français), qui ont participé fortement à la modification des comportements des utilisateurs.

LES OTT : LE CONTEXTE GENERAL
Les OTT sont devenus incontournables au regard des services multiples qu’ils fournissent aux consommateurs tous confondus (entreprises privées et administrations publiques, grand public). Leurs existences soudaines ont néanmoins surpris et pratiquement pris de court beaucoup de monde et en particulier les opérateurs de télécommunications.
Au démarrage de l’Internet, les opérateurs et les régulateurs étaient moins regardants sur la neutralité du net (1) afin de promouvoir l’innovation et le progrès. Mais face à l’évolution des chiffres d’affaires des géants du net et surtout de leur capitalisation boursière, les opérateurs de télécommunications ont exigé un partage de revenus et une équité dans le traitement des acteurs (OTT & Opérateurs de réseaux de télécommunications) afin de faire face aux investissements indispensables pour la construction et le développement des réseaux et infrastructures de télécommunications.
Pour une meilleure compréhension de la situation, il faut rappeler qu’il y a encore une dizaine d’années, il y avait une séparation entre la voix et la donnée. Les réseaux dits RTC (Réseaux Télécom Commutés) et les réseaux RNIS (Réseaux Numériques à Intégration de Services) étaient utilisés pour le trafic voix avec une tarification TTC à la minute, et permettaient aussi de naviguer sur Internet avec un prix forfaitaire TTC. Ces opérateurs gagnaient alors de l’argent et versaient des impôts et taxes aux États.
C’est dans ce contexte que les géants de l’internet ont vu le jour et commencé à offrir des services voix, SMS, envois de séquences de vidéos (WhatsApp, Viber, Skype, Apple, etc..) GRATUITS, tout en gagnant en même temps beaucoup d’argent dans la publicité. Ces services ont été rendus possibles grâce au développement de l’IP et de la voix sur IP.
On assiste alors à un changement profond dans l’écosystème des télécommunications.

Parlant des géants de l’Internet Pierre BELLANGER DG-Fondateur de Skyrock et entrepreneur du Web déclare dans l’ouvrage  » La souveraineté numérique » : « Pendant que les géants américains que sont Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft se livrent une guerre sans merci pour dominer le marché du numérique mondial et enregistrent des chiffres d’affaires monumentaux, le monde reste pour le moment simple observateur ne prenant pas vraiment la mesure des enjeux qui se jouent sous leurs yeux ». C’est pour faire face que la Chine a su pousser ses propres acteurs que sont les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi).
L’apparition des réseaux haut débit a favorisé l’émergence de nouveaux modes de consommation. Cette phrase peut être inversée en disant simplement que les nouvelles exigences, les atouts & potentialités offertes par le numérique nécessitent la construction de nouveaux réseaux haut et très haut débit, solides, robustes et scalables (2). Les services de données rendent les opérateurs dépendants de la bande passante internationale.
 
Pour rappel, on estimait à la fin de l’année 2018 que le GSM traditionnel ne représente que 20% des utilisateurs mobiles dans le monde, d’ailleurs aujourd’hui dans certains pays le trafic data a atteint plus de 80% relevant le trafic voix à seulement 20 %. Parmi ces pays nous pouvons citer le Japon qui a inversé la courbe en 2010 déjà, l’Argentine, le Kenya,  etc..

LA PROBLEMEATIQUE
La problématique engendrée par l’avènement des OTT se comprend dans la mesure où :

  1. Ces mastodontes de l’internet font de la téléphonie, de la messagerie, de la visiophonie, du contenu etc. alors qu’ils ne sont soumis ni à la TVA ou à l’impôt sur la fiscalité contrairement aux opérateurs de télécommunications classiques. N’y a-t-il pas dès lors une situation de concurrence pouvant être qualifiée de déloyale ?
  2. Les gains et revenus des opérateurs de télécommunications connaissent des baisses (notamment dans la voix et les SMS) pendant que les chiffres d’affaires des géants du net connaissent une croissance fulgurante.
  3. L’accroissement des usages, des services et des besoins en terme de capacité, de bande passante, de qualité de service (induit par les OTT) exige des investissements massifs des opérateurs dans les réseaux et infrastructures de télécommunications. Cette mutation impacte profondément les CAPEX et OPEX des opérateurs de télécommunications.

Il est alors reproché aux OTT de ne pas payer de licences et de se passer des obligations et contraintes fixées par les États & Régulateurs aux opérateurs de télécommunications tels que Sonatel, Tigo, Expresso et CSU (Hayo) pour ne parler que des opérateurs exerçant au Sénégal. Les OTT fournissent les mêmes services que les opérateurs classiques (en apportant beaucoup d’innovations) sans payer la contrepartie des investissements nécessaires pour garantir la qualité de service attendue par les utilisateurs finals et exigée par les régulateurs et les États.

OBLIGATIONS D’ACCOMPAGNEMENT DES OPERATEURS PAR LES GOUVERNEMENTS
Les opérateurs détenteurs de licences ont en effet des obligations définies dans des cahiers de charges telles que les couvertures réseau des territoires, de la population ; la fourniture d’une bonne qualité de service, l’accès et l’accessibilité des services jusqu’ au dernier kilomètre, la fourniture du service universel, etc.
Dès lors, ils sont contraints de dimensionner suffisamment leurs réseaux pour éviter les congestions et assurer leurs disponibilités à des taux de satisfaction préalablement définis par les régulateurs.
Ensuite voyez-vous vous si les trafics voix, data, multimédia et autres flux & communications électroniques temps réels augmentent, les opérateurs seront tenus et obligés de construire /redimensionner / optimiser adéquatement leurs différents réseaux pour assurer une bonne performance. Celle-ci est sanctionnée par la fluidité et la qualité de service nécessaires pour répondre aux exigences de tous les trafics et flux multimédias (bande passante, débit, temps, gigue, temps de latence).
C’est pourquoi ces opérateurs de réseaux méritent d’être compris, entendus, soutenus par des mesures régulatrices incitatives. Dans la plupart des cas, les états détiennent des parts non négligeables dans les chiffres d’affaires. Leurs réussites assurent non seulement le partage des bénéfices aux états, le versement de contributions financières par le paiement d’impôts et de taxes mais surtout contribuent fortement à la création d’emplois directs et indirects.
Le big data, la mise en service des points d’échanges internet nationaux, continentaux (Afrique et surtout dans la sous-région) sont de grands défis à relever pour un meilleur gain et une baisse drastique des coûts des services internet. Dans cela l’Afrique du Sud est championne en Afrique et concentre plus d’une dizaine de points d’échanges internet afin de promouvoir un meilleur accès à Internet avec plus de contenus locaux.
Alors les états & les régulateurs doivent être proactifs et cesser d’être passifs ou uniquement réactifs. Ils doiven…


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