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Dialogue ! Quel dialogue ? Pour quoi faire et pourquoi seulement maintenant ? (Par Mody Niang

Dialogue ! Quel dialogue ? Pour quoi faire et pourquoi seulement maintenant ? (Par Mody Niang

L’élection présidentielle du 24 février 2019 a vécu. Le candidat sortant a été déclaré définitivement réélu par le Conseil constitutionnel. Ses rêves sont donc devenus réalité : il n’a pas connu le second tour qu’il craignait comme la peste et s’était préparé très tôt, en mettant en place les différentes stratégies susceptibles de lui éviter coûte que coûte ce cauchemar. C’était pour lui, pour sa famille comme pour sa coalition, une question de vie ou de mort. A l’arrivée, 58,26 % des électeurs lui ont renouvelé leur confiance, et s’ouvre devant lui un mandat de cinq ans, pour la continuité. Oui, pour la continuité, puisque ce sont ses sept ans de gouvernance meurtrie qui ont été positivement sanctionnés.
Pour arriver à ce résultat, son fameux décret et ses ‘’fonds spéciaux’’ (couramment appelés ‘’fonds politiques’’) ont joué un rôle substantiel, comme les ‘’fonds secrets’’ de la Primature et les caisses noires des différentes institutions.  Des membres de sa coalition, des plus en vue, ont aussi joué leur partition. Il s’agit, notamment, pour ne citer qu’eux : du Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan et de son épouse, de la très ‘’généreuse’’ ‘’Première Dame’’, de son oncle et de son frère respectivement maire de Pikine et de Guédiawaye, de son beau-père Président du Conseil d’Administration (PCA) de PÉTROSEN, de son beau frère Ministre, etc. Les autres ministres et ministres conseillers, directeurs généraux, directeurs, présidents de conseil d’administration ou surveillance, etc., n’ont pas non plus lésiné sur les moyens : ni financiers, ni matériels, ni logistiques. Sont entrées également en jeu, en force, les retombées des gros marchés de gré à gré avec leurs fortes surfacturations et, sûrement, les appuis intéressés de lobbies proches de la Présidence de la République. Les plus de cinq cents (500) comités électoraux ont aussi joué pleinement leur rôle, facilité par les trois (3) millions qu’ils auraient tous reçus du président-politicien qui doit être aussi riche que Crésus, s’il n’est pas bien plus riche que lui. La presse a largement rendu compte des chaudes échauffourées auxquelles la gestion de ce soutien financier a donné lieu dans beaucoup de localités.
Enfin, un autre appui décisif qu’il convient de signaler, celui-là au moins aussi efficace que les pièces sonnantes et trébuchantes, c’est celui du Ministre de l’Intérieur, de ses services dévoués comme la Direction de l’Automatisation du Fichier (DAF) et la Direction générale des Elections (DGE), ainsi que de certaines autorités administratives (préfets, sous-préfets notamment). Ces gens-là tenteront vainement de nous faire croire, avec leurs commanditaires, qu’au Sénégal, personne ne peut plus voler les élections. Peut-être, y réussiront-ils avec les observateurs étrangers qui ne connaissent pas certaines de nos réalités et ne s’imagineront jamais que certains hauts fonctionnaires puissent en arriver à commettre certaines forfaitures.
Le candidat sortant avait mille autres tours dans son sac, dont une stratégie qui échappait aux partenaires techniques et financiers ainsi qu’à nombre de Sénégalais non avertis, laquelle stratégie a terriblement grevé nos maigres finances publiques. Dans toutes les localités qui comptent un nombre non négligeable d’électeurs potentiels, le président-politicien a nommé pêle-mêle, parmi leurs ressortissants, des directeurs généraux, des directeurs, des PCA, des Conseillers spéciaux, des ambassadeurs ‘’itinérants’’, des ‘’chargés’’ de missions, etc., avec  des salaires substantiels pour leur permettre d’entretenir leurs bases. Sans compter le nombre impressionnant de militants APR qui se bousculent dans les ambassades et les consulats, souvent payés à ne rien faire, à l’image de leurs nombreux autres camarades qui tournent les pouces dans les agences inutilement budgétivores, ainsi qu’au Centre des Œuvres universitaires de Dakar (COUD) et à la Société nationale de la Poste. Tout ce beau monde bénéficiant de contrats spéciaux ‘’juteux’’ a déversé d’énormes sommes d’argent dans les quatre coins du Sénégal. Certes, ce ne sont pas seulement ces milliards qui ont fait gagner le président-politicien. Cependant, si on considère l’influence qu’ils peuvent avoir sur des populations à la fois pauvres et analphabètes, on comprend facilement le rôle prépondérant qu’ils ont pu jouer dans sa victoire. Si on devait soustraire de son score le pourcentage obtenu grâce à la corruption active et au grand jour, il n’est pas sûr qu’il serait réélu dès le premier tour, avec un score aussi confortable. Ce serait moins sûr encore si on y ajoutait les conséquences des dysfonctionnements souvent organisés dans la distribution des cartes d’électeurs et les changements de bureaux de vote à l’insu des concernés, sans compter les gonflements sans retenue du nombre d’électeurs dans des localités bien connues.
Et son bilan, me rétorqueront sûrement, avec empressement, les nombreux compatriotes qui ne conçoivent pas leur vie hors des sinécures de sa gouvernance follement dépensière ? Oui, il a bien un bilan, et l’a utilisé à des fins fortement politiciennes. Ses capacités de manipulation n’ont échappé à aucun observateur sérieux. Dans plusieurs contributions, j’ai exprimé mes réserves par rapport à ce tonitruant bilan aux apparences bavardes et trompeuses. Ses réalisations sont bien plus soucieuses de prestige que de développement harmonieux du pays. Nombre d’entre elles avaient pour objectif de frapper l’imagination des Sénégalais analphabètes et des simples d’esprit qui se contentent de très peu. Et DIEU sait que le pays en compte beaucoup. Toutes ces réalisations seront un jour évaluées, objectivement, en fonction de leur pertinence, de leur coût et de leur qualité. Alors, éclatera la vérité, et au grand jour. Evidemment, ce sera trop tard, puisqu’il sera sûrement, en ce moment-là, en France ou aux USA.
Il convient surtout de signaler que, du 2 avril 2012 date de son installation officielle comme quatrième Président de la République au 24 février 2019, le président-politicien a disposé d’un budget cumulé de 16000 milliards de francs CFA, d’autres avançant même 20 000 milliards. Avec un tel pactole, un Président de la République digne de la fonction, compétent, patriote, vertueux, respectueux des ses engagements, du bien public comme de ses mandants, ferait infiniment mieux que lui, sans tambour ni trompette. L’occasion ne s’est malheureusement pas présentée le 24 février 2019, qui a vu une majorité confortable de Sénégalaises et de Sénégalais lui renouveler leur confiance. Il a donc réussi son coup, en évitant le second tour tant redouté et a son mandat de cinq ans devant lui. S’y ajoute qu’il dispose d’une Assemblée nationale à sa dévotion et d’une justice dont les décisions vont souvent dans le sens qu’il indique. Alors, que ne se mette-t-il pas immédiatement au travail pour réaliser la phase II de son PSE ! Rappelons-lui aussi, s’il était tenté de l’oublier, qu’il a beaucoup promis pendant la campagne électorale ! On avait même parfois le sentiment qu’il n’avait pas réalisé grand-chose pendant son septennat, tellement les promesses étaient nombreuses. Parmi ces promesses, on peut retenir celle faite à Guédiawaye de la création d’un million d’emplois et cette autre folle, de ‘’zéro banlieue’’. Une autre qui devrait lui coûter beaucoup de temps et d’argent, c’est celle de construire, pendant son quinquennat, dix-huit (18) ponts dont treize (13) à Dakar. Nous n’oublierons pas, non plus, le dragage du Fleuve Saloum et sa décision de faire de Kaolack un ‘’hub de transports fluviaux-maritimes’’. Au passage, je suggère à mes compatriotes de Kaolack de ne pas trop jubiler déjà.  Qu’ils se rappellent que, le 13 avril 2015, le président-politicien avait réuni toute la République pour procéder à la pose de la première pierre de l’Université du Sine Saloum El Hadj Ibrahima Niasse, avec la présence remarquée du Khalif…


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