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MANIFESTATIONS CONTRE LA CANDIDATURE D’ABDELAZIZ BOUTEFLIKA : Les conséquences d’une instabilité de l’Algérie sur le Sahel

MANIFESTATIONS CONTRE LA CANDIDATURE D’ABDELAZIZ BOUTEFLIKA : Les conséquences d’une instabilité de l’Algérie sur le Sahel

Malade et hospitalisé à Genève, en Suisse, le Président Abdelaziz Bouteflika a limogé son Directeur de Cabinet et ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Aux moments où cette décision est prise, l’Algérie est secouée par des manifestations populations contre un 5e mandat du président sortant. Mais il semble qu’un cercle restreint contrôle le pouvoir en Algérie, depuis le début de la maladie de Bouteflika, victime d’un AVC. L’Algérie est sous la menace d’une instabilité qui aura des conséquences sécuritaires très dangereuses sur tout le Sahel, comme la guerre civile algérienne de 1992, dont nous vivons toujours les retombées malheureuses. L’Union africaine, la Ligue arabe, l’Opep et les Nations-Unies doivent s’impliquer dans la recherche de solution pour éviter le chaos dans ce pays de l’Afrique du Nord, qui avait échappé au «Printemps Arabe».

Abdelaziz Bouteflika ne dirige plus l’Algérie depuis fort longtemps. Il est maintenu dans une situation clinique artificielle par des proches, qui gèrent le pays par procuration. D’ailleurs, le limogeage de son Directeur de Cabinet en est une preuve, car cette décision n’a jamais été prise par le candidat sortant en personne, qui est plus préoccupé par sa santé que par autre chose. La candidature de Bouteflika est portée par un groupe d’apparatchiks, peut-être sans son aval personnel. Ces caciques du Pouvoir algérien risquent d’entrainer le pays dans une situation d’instabilité qui va toucher tous les pays sahéliens, de l’Afrique du Nord et l’Europe.
Aujourd’hui, toutes les Chancelleries africaines, américaines et européennes, basées en Alger, suivent ce qui se passe dans ce pays. En France, un ministre a confié à l’AFP qu’«Emmanuel Macron suivait de très près l’évolution de la situation en Algérie. Dans ce sens, Le Figaro précise que Paris multiplie les appels avec son ambassadeur à Alger, ce qui est rare. L’Obs ajoute même que celui-ci a effectué un aller-retour rapide afin de s’entretenir avec le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian», rapporte le site pro-russe «Sputnik». Les autorités ont raison d’avoir des frissons face à cette situation en Algérie.  Selon cette même source, «le ministre français explique que de nombreux secteurs allant de la sécurité à l’immigration en passant par l’économie sont potentiellement mis en danger par une instabilité en Algérie».
Par ailleurs, il y a la question de la sécurité placée au centre de l’attention du président de la République française. S’y ajoutent l’intervention de la France au Sahel et la question de la lutte antiterroriste. Véritablement, une déstabilisation de l’Algérie aura des conséquences dramatiques, qui secoueront aussi bien le Mali, la Lybie, le Niger, le Tchad, la Mauritanie, le Sénégal, la Tunisie, le Maroc que la France, l’Espagne, l’Italie…
 
LA CRISE DE 1992 DONNA NAISSANCE A AQMI
La démarche anticipative devrait amener l’Union africaine, l’ONU et la Ligue arabe à s’impliquer pour éviter un drame politique en Algérie. On se rappelle la crise politique de 1992, qui plane encore dans les esprits. Elle a démarré le 26 décembre 1991. Ce jour-là, le Front islamique du salut (FIS) remportait le premier tour des élections législatives en Algérie. Pour rappel, le FIS  a été légalisé en 1989, à la faveur de la fin du régime de parti unique. Cette formation politique militait pour la création d’un État islamique. Mais ce projet a été rejeté par l’Armée et par l’ensemble des acteurs politiques du pays. Le FIS gagne les élections, mais la classe politique au pouvoir décide d’annuler les élections. Les membres du FIS avaient, pour la plupart, fait la guerre d’Afghanistan contre la Russie. La défaite de l’armée russe amène les jeunes arabes, qui ont participé à cette bataille aux côtés des Afghans (soutenus par la CIA, l’Arabie Saoudite et le Pakistan), à vouloir importer le modèle afghan chez eux, dans le seul but de créer des Etats islamiques dans tous les pays en Afrique du Nord.
Pour combattre les Russes, un appel a été lancé à l’ensemble des pays arabes. C’est ainsi que de jeunes combattants ont quitté l’Arabie Saoudite, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Lybie, l’Egypte et même le Soudan pour participer à l’effort de guerre. Lorsque ce pays musulman a gagné la guerre, face à la très redoutable armée russe, ces jeunes Tunisiens, Algériens, Marocains et Égyptiens ont regagné leur pays avec, dans les bagages, le projet de création d’un Etat islamique dans leur pays respectif. Les jeunes Algériens ont choisi la voix politique pour accéder au pouvoir, afin de réussir cette réforme institutionnelle. Le FIS gagne le scrutin législatif, mais ne dirigera pas le pays. Leur pouvoir sera confisqué par les dirigeants de l’époque. Alors, ce complot contre le FIS sera à l’origine d’une guérilla qui plongera le pays dans une guerre civile aux conséquences ressenties bien au-delà des frontiéres algériennes. Et, cela jusqu’à nos jours. Les forces de sécurité algériennes s’affrontent avec les groupes armées affiliés au FIS. Les leaders de ce mouvement, dont Bel Hadji, seront arrêtés et mis en prison. L’Etat continue à négocier avec eux, en prison, pour calmer les manifestations, mais les leaders se radicalisent, accentuent leurs stratégies au niveau des mosquées et des villes pauvres de l’Algérie.
Aux mêmes moments, la lutte armée s’intensifie, aussi bien en Algérie qu’en France où des attentats sont perpétrés par des membres du Groupe Islamique Armée (GIA), filiale du FIS. Le GIA planifie des attaques dans les zones urbaines. Le mouvement obtient l’adhésion de la majeure partie de la population algérienne. Lorsque l’armée a commencé à chasser les combattants du FIS et du GIA, ces derniers ont reculé vers la brousse et les frontières avec le Mali, le Niger et le Maroc. Les nombreux attentats, la mort d’hommes de culture, d’enfants et de femmes ont fait perdre au FIS beaucoup de sympathie auprès de la population algérienne. Car, les civils étaient devenus les principales victimes de ce conflit. En dix ans, on comptera entre 60.000 et 150.000 morts en Algérie. Certains attenants marqueront profondément l’opinion nationale et internationale. On se rappelle l’assassinat des sept moines trappistes du monastère de Tibhirine, au sud d’Alger, en Mai 1996.
Que dire de l’égorgement de quelque soixante habitants du village de Thalit, près de la capitale, en avril 1997 ? Par ailleurs, il y a eu la tuerie de Benthala, en septembre 1997, dans la banlieue d’Alger : «Près de 250 personnes sont méthodiquement tuées en une nuit, tandis que l’armée reste à l’entrée du quartier», indique le site d’information sur les Droits de l’Homme, Algeria Watch. Sans complexe, le GIA dont Abdelmalick Droukdel était l’un des leaders, revendiquera tous les massacres. A cause des divergences à l’interne et des sanglantes contre-offensives de l’armée, le GIA, branche armée du FIS, perd de son influence et ses forces.
 
LE GIA, ANCÊTRE DU GSPC, DU MUJAO ET D’AQMI
Le terrorisme contemporain que nous vivons, aujourd’hui dans le Sahel, est né en l’Algérie. Car, lorsque le FIS a engagé la lutte armée, il a créé le Groupe Islamique Armé (GIA). Ce dernier a enfanté le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (Gspc), qui donnera naissance au Mouvement pour le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Ils s’installent au Nord Mali. Ces groupes engendreront le mouvement Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Arsar Dine, le Mouvement islamique Armé (MIA), créé par des Touaregs maliens, algériens et nigériens. Et la toute dernière alliance, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim), créé par Amadou Koufa, leader du Mouvement pour la Libération du Macina (MLC), Mokhtar Bel Mokhtar, leader d’«Al Mourabitoun» et Iyag Ag Ghali (leader d’Arsine). Aujourd’hui, l’instabilité du Sahel est due à la menace terroriste connue en Côt…


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