À peine deux journées de championnat et déjà le professionnalisme tant vanté vacille. Ce dimanche, le choc entre l’US Ouakam et le Jaraaf, censé célébrer le beau jeu, s’est transformé en scène de chaos.
Dans un stade sous tension, les cris ont remplacé les chants, la peur a pris le dessus sur la passion. Jets de projectiles, gaz lacrymogènes, supporters en panique, journalistes et joueurs à terre : le football sénégalais a vécu, une fois encore, une soirée d’égarement collectif.
Un match sous haute tension
Pourtant, tout avait bien commencé. L’ambiance dans les tribunes était électrique, portée par les célèbres animateurs Assikoman Baxaw et Ampou, qui donnaient de la voix de part et d’autre. Mais très vite, la tension est montée d’un cran.
L’arbitrage, au cœur de plusieurs polémiques, a mis le feu aux poudres. D’abord, une action litigieuse en première période : le ballon heurte la barre avant de rebondir sur le dos du gardien Papa Yoro Ndiaye, but ou pas but ? L’arbitre ne bronche pas. Plus tard, un but de Ouakam est annulé pour hors-jeu, décision aussitôt contestée par les supporters et les joueurs locaux.
Premiers incidents avant la pause
Peu avant la mi-temps, les premiers accrochages éclatent dans les tribunes. De la loge presse, on aperçoit déjà les deux camps prêts à en découdre. Un journaliste reçoit une bouteille en pleine figure. Dans la confusion, un dirigeant de Ouakam tente de pénétrer sur la pelouse, mais est stoppé net par un stadier, avant que les gendarmes n’interviennent pour éviter le pire.
Interruption, reprise… puis chaos total
Le match est interrompu une première fois, puis une seconde, à cause de jets de projectiles venus de la tribune ouakamoise. Les forces de l’ordre s’activent pour contenir la foule, pendant que les joueurs, eux, tentent de garder leur sang-froid. À la reprise, l’intensité est toujours là. Djiby Ndoye marque le but de la victoire mais au coup de sifflet final, le stade sombre dans le désordre.
Les supporters de Ouakam envahissent la pelouse, les forces de l’ordre répliquent par des tirs de gaz lacrymogènes. C’est alors le sauve-qui-peut général : supporters, journalistes et joueurs fuient en tous sens, suffoquant.
Blessés et dégâts matériels
Selon nos informations, Adama Wade et Moussa Diallo, joueurs du Jaraaf, ont été touchés par des gaz lacrymogènes et pris en charge dans les vestiaires. Leur état est stable. El Hadji Malick Sembène a également été blessé.
Côté supporters, le bilan matériel est lourd : quatre motos ont été volées après la rencontre. Des chaises brisées, des pierres éparpillées : la pelouse porte les stigmates du chaos.
À 19h53, les joueurs de Ouakam étaient encore sur la pelouse, entourés par les forces de l’ordre, sur instruction des agents de sécurité. La situation semblait partiellement sous contrôle.
Un fiasco organisationnel
Une source proche de la Ligue nous confie que les autorités sportives avaient envisagé de délocaliser le match au stade Léopold Sédar Senghor, mais que cette option avait été rejetée : les délégués des clubs s’y opposaient et l’enceinte n’était pas pleinement opérationnelle après le meeting du Premier ministre Ousmane Sonko.
Ce triste épisode relance le débat sur la sécurité dans les stades. Le football sénégalais mérite mieux que ces scènes de désolation, où la passion vire au chaos et où le jeu cède la place à la violence.
Dsports