La forêt de Birkelane, d’ordinairement paisible, a été le théâtre, jeudi, d’une rare violence. Alors qu’il venait de procéder à l’arrestation du berger A. Bâ, présumé avoir égorgé le cultivateur M. Dramé, le Commandant de la Brigade de gendarmerie de la contrée a, lui-même, frôlé la mort, attaqué à coups de machettes dans une embuscade tendue par des proches du présumé meurtrier.
Tout commence dans l’après-midi du jeudi 30 octobre, aux environs de 17 H. M. Dramé, cultivateur du village de Fass Sy, se rend dans son champ où il surprend un troupeau occupé à saccager et détruire ses précieuses récoltes. Sans tarder, il va aussitôt héler le berger et l’inviter à quitter les lieux avec ses animaux. Seulement, il se heurte au niet catégorique de ce dernier qui fait la sourde oreille et laisse ainsi son troupeau divaguer dans le champ. Ne pouvant guère supporter le comportement du berger, le cultivateur étale alors toute sa colère et la discussion tourne rapidement à la confrontation verbale, puis physique.
Dans l’échange qui suit, le berger, armé d’une machette, prend le dessus et égorge froidement le cultivateur. Alertés par les cris, d’autres cultivateurs accourent et maîtrisent le berger avant d’alerter la gendarmerie. Informé, le Commandant Ndiaye se rend alors promptement sur les lieux avec ses hommes pour constater le drame et procéder à l’arrestation du présumé meurtrier. Il ne le sait pas encore, mais il va échapper de peu à la mort.
L’embuscade mortelle, le Commandant atteint à la mâchoire par un coup de machette
C’est sur le chemin du retour, alors que le véhicule des gendarmes transporte le Commandant Ndiaye et le présumé meurtrier, que l’impensable se produit. Dans une section isolée de la route de Birkelane, un groupe de bergers, supposés proches d’A. Bâ, attendent leur passage. Brusquement, ils sortent des buissons comme des diables, se ruent sur le véhicule de la gendarmerie. Dans le lot, un témoin anonyme : « Ils en voulaient particulièrement au Commandant. Ils voulaient le tuer pour récupérer leur camarade. » Ils attaquent violemment le véhicule, et dans la mêlée, le Commandant Ndiaye reçoit plusieurs coups de machettes, dont un à la mâchoire qui le blesse grièvement. Blessé, il tente néanmoins de se défendre et de protéger leur chef tout en maîtrisant les agresseurs.
Le sauvetage héroïque, neuf agresseurs interpellés
Face à la détermination meurtrière des assaillants, les gendarmes font front avec sang-froid et professionnalisme. Au péril de leur vie, ils se jettent dans la mêlée pour dégager leur Commandant et neutraliser les attaques de leurs tortionnaires. Sans la réaction rapide et énergique de ses hommes, le Commandant Ndiaye n’aurait peut-être pas survécu à ce guet-apens.
Grièvement blessé, il est évacué d’urgence au centre de santé de Birkelane et admis aux Urgences dans un état visiblement délicat. Selon nos informations, il a été transféré par la suite à l’hôpital de Kaffrine, puis au bloc du CHU de Dakar où il subit une opération. À l’hôpital, le Commandant Ndiaye, bien que très mal-en-point, a tenu à prendre la parole pour confier que neuf des assaillants ont été placés en garde à vue, tandis que le reste de la bande a pris la fuite à travers la forêt pour échapper aux recherches.
Ce double drame l’égorgement du cultivateur et la tentative d’assassinat contre le Commandant Ndiaye a semé l’émoi dans la localité de Birkelane dans un contexte déjà tendu. Dans la nuit du jeudi à vendredi, les gendarmes ont multiplié les patrouilles jusqu’à l’aube pour éviter des représailles et des troubles à l’ordre public. Mais l’onde de choc persiste.
Le corps du cultivateur M. Dramé a été transféré à l’hôpital régional Thierno Birahim Ndiaye de Kaffrine pour autopsie. Quant au Commandant Ndiaye, les nouvelles sont rassurantes. Il est vivant et hors de danger vital selon nos informations, mais il entame une longue convalescence. D’après une source de la gendarmerie, les neuf assaillants interpellés seront déférés au parquet pour « tentative d’assassinat sur une autorité publique et association de malfaiteurs ». L’enquête a été confiée à la Brigade régionale de recherches et la pression monte pour retrouver les fuyards.
La hiérarchie de la gendarmerie, le Comité départemental de sécurité et les autorités administratives suivent de près l’affaire, qui s’annonce comme un test pour la sécurité rurale dans la zone.