Quelques minutes seulement après la sortie du ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Abdourahmane Diouf, appelant à un bloc solide autour du président Bassirou Diomaye Faye et dénonçant ce qu’il qualifie de « justice des vainqueurs », les réactions n’ont pas tardé. Si certains proches du Premier ministre Ousmane Sonko ont critiqué les propos du ministre, d’autres voix, au contraire, ont salué son appel à l’unité nationale.
Ibrahima Thiam, secrétaire général adjoint du Pastef et secrétaire d’État au ministère de l’Industrie et du Commerce, chargé du développement des PME-PMI, a invité son collègue du gouvernement à se recentrer sur ses missions.
« Nous sommes des hommes et des femmes d’État, mus par l’intérêt général, non par la vengeance ou le positionnement individuel. Le peuple attend de nous des résultats, pas des débats d’intention. Chaque ministre doit se concentrer sur sa propre feuille de route définie par le Chef du gouvernement. C’est ainsi que l’action gouvernementale conserve sa cohérence et sa crédibilité. La discipline collective est la condition de notre efficacité. Les débats internes doivent se tenir dans les espaces prévus, pas sur la place publique », a réagi M. Thiam.
Mamoudou Ibra Kane : “Même un appel à l’unité dérange”
Le journaliste et homme politique Mamoudou Ibra Kane, leader du mouvement citoyen Demain c’est Maintenant et ancien directeur général du groupe E-Media, a fustigé les attaques contre le ministre Diouf.
« État – Pastef, vous, est-ce que ça va ?! Même l’appel paisible du ministre Abdourahmane Diouf au sursaut patriotique et à l’unité nationale vous dérange. Que voulez-vous à la fin : un éternel gatsa gatsa, un mortal kombat sans fin ? Allez-y donc si vous croyez que le Sénégal est né avec vous et qu’il disparaîtra avec vous. » Poursuivant dans un ton critique, il ajoute :« Le mal n’est pas la “dette cachée” ou les “rapports cachés”, mais l’intolérance, la haine et la vengeance. Pastef, ce pays n’est pas votre propriété privée. »
Bassirou Coly dénonce “l’hypocrisie politique”
Pour Bassirou Coly, président du conseil d’administration du GTS, parler de neutralité partisane pour le chef de l’État est une illusion. « Parler de neutralité partisane pour un président élu grâce à un projet politique porté par un parti est d’une hypocrisie rare. On ne peut pas prétendre séparer le chef de l’État de la force qui l’a porté au pouvoir, sauf à vouloir travestir la réalité. Le peuple a choisi un tandem clair : un président et un Premier ministre issus d’une même vision. Vouloir opposer artificiellement les deux n’est qu’une tentative maladroite de semer la discorde. »
Adji Mergane Kanouté salue “l’esprit d’apaisement”
L’ancienne députée de l’ex-mouvance présidentielle, Adji Mergane Kanouté, a pour sa part approuvé les propos du ministre.
« Rien de nouveau sous nos cieux. Les propos tenus aujourd’hui par M. le ministre Abdourahmane Diouf nous confortent dans nos positions, lors du vote de la loi d’amnistie. L’exécutif d’alors, incarné par le président Macky Sall, avait cet objectif d’apaiser les cœurs, de taire les rancunes et d’œuvrer ensemble pour un Sénégal réconcilié. Un pays ne saurait se développer sans paix. Le temps de la justice ne doit pas être un frein au développement. »
Cherif Ousseynou Laye : “Peine perdue”
De son côté, Cherif Ousseynou Laye a vivement critiqué la démarche du ministre de l’Environnement, estimant qu’elle visait à semer la discorde entre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. « Il essaie de diviser deux frères siamois, Sonko et Diomaye. Peine perdue ! Ce looser, en quête de popularité et de buzz, a déjà reçu la réplique à la hauteur de ses inepties. »
Alioune Tine salue un appel “au dépassement politique”
Le fondateur du think tank Afrikajom Center, Alioune Tine, a quant à lui salué la posture du ministre Diouf. « Le ministre Abdourahmane Diouf va dans le sens de sortir le Sénégal des psychodrames politiques permanents pour enfin décoller. Le Sénégal a tout, vraiment tout, et surtout les hommes qu’il faut pour avancer », a-t-il écrit sur le réseau X (ex-Twitter).
Invité de l’émission En Vérité sur la RSI, le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Dr Abdourahmane Diouf, avait tenu à rappeler que le président Bassirou Diomaye Faye est avant tout le président de la République, et non d’un parti.
« Les questions de justice sont importantes, mais il faut aussi savoir pardonner. Pardonner ne signifie pas qu’il n’y aura pas de justice. Cependant, la justice ne doit pas être utilisée pour éliminer un Sénégalais au profit d’un autre », a-t-il déclaré.
Seydi Gassama nuance : “Pas de réconciliation sans justice”
Enfin, le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, a apporté un regard critique sur les appels à la réconciliation.
« La réconciliation sans justice et réparations est une réconciliation entre politiciens pour le partage du gâteau et le pillage des ressources du pays. Lorsque justice aura été rendue, les victimes peuvent pardonner et l’État peut prendre des mesures pour une vraie réconciliation nationale. La lutte contre l’impunité, aux niveaux national et international, est au centre de l’action de toute organisation de défense des droits humains. »