Une nouvelle scène de violence a secoué la Cisjordanie occupée. Une femme palestinienne de 55 ans, Umm Saleh Abu Alia, a été grièvement blessée après avoir été frappée à la tête à coups de matraque par un colon juif masqué, alors qu’elle participait à la récolte des olives dans le village de Turmus Ayya, près de Ramallah.
Selon un reportage de la BBC, l’agression a eu lieu dimanche matin et a été filmée par le journaliste américain Jasper Nathaniel, présent sur les lieux pour documenter la saison des récoltes. Le journaliste a raconté à la BBC une scène d’une brutalité rare : « C’est l’image la plus saisissante qui ait jamais été gravée dans mon esprit. Il l’a frappée une fois et j’ai vu son corps devenir complètement mou. Et puis il s’est tenu au-dessus d’elle et l’a frappée deux fois de plus. »
La victime, mère de cinq enfants, a été transportée d’urgence à l’hôpital, le visage ensanglanté. D’abord admise en soins intensifs, elle se trouve désormais dans un état stable, selon les médecins.
Son cousin, Hamdi Abu Alia, a confirmé à la BBC que « le personnel médical avait constaté deux blessures graves à la tête ».
Le maire du village voisin d’Al-Mughayyir, Amin Abu Alia, a également confirmé les détails de l’attaque, qualifiée de « tentative de meurtre préméditée » par les habitants.
D’après les témoins, l’agression faisait partie d’un raid coordonné impliquant au moins quinze colons masqués, venus jeter des pierres sur des agriculteurs palestiniens et leurs soutiens étrangers. Une voiture a été incendiée et plusieurs autres ont eu leurs vitres brisées.
Les Forces de défense israéliennes (Tsahal) ont déclaré à la BBC avoir dispersé les affrontements après leur arrivée sur les lieux, affirmant « condamner fermement toute forme de violence ».
Mais le journaliste Jasper Nathaniel a formulé une accusation grave :
« Les soldats étaient déjà sur place avant l’attaque. Ils nous ont attirés dans une embuscade et ont quitté la zone juste avant que les colons ne passent à l’action. »
La BBC a transmis cette accusation directe à l’armée israélienne, qui n’a pas encore réagi officiellement.
La récolte des olives, un rituel sous menace
Chaque automne, la récolte des olives est un moment sacré pour des milliers de familles palestiniennes. Mais elle est devenue une période à haut risque. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 71 attaques de colons ont été recensées en Cisjordanie entre le 7 et le 13 octobre 2025, dont la moitié visait des agriculteurs pendant la cueillette.
En 2025, plus de 3 200 Palestiniens ont été blessés lors d’agressions similaires.
Les observateurs dénoncent une stratégie d’intimidation visant à chasser les Palestiniens de leurs terres pour les confisquer au profit des colons.
Le groupe israélien de défense des droits humains Yesh Din rappelle que « seuls 3 % des cas de violences commises par des colons entre 2005 et 2023 ont abouti à une condamnation », la grande majorité des agressions restant impunies.
À Turmus Ayya, l’indignation est palpable. Les habitants dénoncent la passivité de l’armée et le silence des autorités israéliennes. « Ils veulent nous faire peur pour que nous quittions nos terres. Mais nous ne partirons pas. Ces oliviers sont notre vie, notre dignité », a déclaré un habitant du village.
Dans une région où les tensions s’exacerbent chaque jour, l’image d’une femme gisant au sol sous les coups d’un colon masqué restera comme un symbole douloureux d’un peuple qui continue de résister, saison après saison, pour ne pas être déraciné.