Alors que Madagascar traverse aujourd’hui une nouvelle crise politique la troisième du genre en une génération il est essentiel de rappeler qu’une précédente impasse majeure, celle de 2002, avait connu ses premiers signes d’apaisement bien loin d’Antananarivo : à Dakar, sous l’impulsion de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade.
Selon les archives du site exclusif.net, c’est au Sénégal que ce pays, alors au bord du chaos, avait entamé une voie de dialogue. Madagascar était à l’époque secoué par un affrontement politique d’une rare intensité opposant Didier Ratsiraka, président sortant, à Marc Ravalomanana, maire d’Antananarivo autoproclamé chef de l’État, après avoir contesté les résultats de l’élection présidentielle du 16 décembre 2001.
Le pays était paralysé, les tensions grandissantes, et le spectre d’un affrontement civil généralisé se précisait. Face à cette impasse, Abdoulaye Wade prit une initiative audacieuse : convier les deux protagonistes à Dakar, sur un terrain neutre, pour tenter d’ouvrir un chemin vers la paix.
Aux côtés du président Wade, trois autres chefs d’État africains participèrent à cette opération diplomatique de haut niveau : Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Mathieu Kérékou (Bénin), Joaquim Chissano (Mozambique), accompagnés du secrétaire général de l’OUA, Amara Essy. Réunis dans la capitale sénégalaise, en marge de la conférence sur le NEPAD, ces dirigeants avaient pour mission de dégager une solution de sortie de crise. Chacun leur tour, Ratsiraka et Ravalomanana furent reçus séparément, dans une suite du sixième étage d’un grand hôtel dakarois.
Didier Ratsiraka fut le premier à s’entretenir avec les médiateurs pendant plus d’une heure et demie. Visiblement épuisé il était alors quatre heures du matin à Antananarivo il se contenta de déclarer : « J’ai rencontré mes pairs. »
Sans autre commentaire, il regagna la résidence qui lui avait été réservée au cœur de Dakar. Marc Ravalomanana, reçu immédiatement après, se présenta non plus comme maire, mais comme « Président de la République de Madagascar ». À sa sortie, il laissa entrevoir un mince espoir : « Ce n’est pas encore terminé, mais c’est en bonne voie. » Et lorsqu’on lui demanda si un accord avait été trouvé, il répondit avec prudence : « Non, pas encore. »
  Dakar, un terrain neutre pour la paix 
  Pour Abdoulaye Wade, Dakar offrait un environnement plus propice à la sérénité, loin des pressions politiques, militaires et populaires de Madagascar. « Aucun des deux n’exclut le principe d’un accord. Ici, ils seront plus à l’aise, moins influencés par leur entourage », 
  déclarait le président sénégalais. 
  Qui est Marc Ravalomanana ? 
  Marc Ravalomanana fut maire d’Antananarivo de 1999 à 2002, avant de devenir président de la République de 2002 à 2009, jusqu’à être contraint de remettre le pouvoir à un directoire militaire, qui le transféra ensuite à Andry Rajoelina. Battu à la présidentielle de 2018, son parcours reste marqué par les crises successives qui rythment la vie politique malgache. En 2025, Andry Rajoelina, dont la gestion est vivement contestée, fait face à son tour à une menace réelle : une partie de l’armée réclame ouvertement son départ. Car à Madagascar, l’histoire politique est implacable : la rue et les casernes ont déjà fait tomber plusieurs présidents. 
   
     
 
   
   
                 
                 
                