Le ciel économique du Sénégal reste chargé d’incertitudes. Alors que Dakar espérait un dénouement rapide pour relancer son accès aux financements internationaux, le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé qu’aucun vote ne serait organisé ce vendredi sur la dérogation permettant de lever le gel des fonds. L’information a été révélée par l’agence Reuters, citant deux sources proches du dossier.
Un lourd passif de dettes non déclarées
Le cœur du problème réside dans la découverte par les nouvelles autorités sénégalaises de dettes jusque-là dissimulées, dont le montant dépasse désormais 11 milliards de dollars. Cette révélation avait conduit le FMI à suspendre en mai dernier son précédent programme de prêt de 1,8 milliard de dollars.
Pour espérer obtenir un nouveau soutien financier, le Sénégal doit convaincre l’institution de Washington de lui accorder une dérogation exceptionnelle. Mais selon Reuters, le pays n’a pas encore rempli certains critères essentiels exigés par le Conseil d’administration du FMI, retardant ainsi tout vote formel.
Des discussions en bonne voie, mais…
Si aucune décision immédiate n’est attendue, les sources citées par Reuters soulignent que les discussions progressent et qu’une dérogation pourrait être validée avant la fin de l’année. Cependant, une réunion formelle du Conseil reste indispensable.
Un porte-parole du FMI a précisé que la rencontre prévue ce vendredi « vise à informer les administrateurs sur la situation du Sénégal et sur les prochaines étapes de l’engagement, y compris le lancement imminent des discussions sur un nouveau programme soutenu par le Fonds ».
Exigences du FMI : transparence et audits
Le FMI conditionne la dérogation à plusieurs engagements clairs de la part du Sénégal :
- Certifier les chiffres définitifs de la dette publique, 
- Lancer une enquête sur les failles de gestion des finances publiques, 
- Tracer les transactions liées aux dettes dissimulées, en coordination avec la justice, 
- Accepter un audit technique sur la gestion budgétaire, même si celui-ci n’a pas besoin d’être achevé avant le vote. 
Ces mesures visent, selon le FMI, à renforcer la gouvernance et la transparence, deux notions devenues centrales dans la coopération avec Dakar.
Un avenir financier suspendu
Sans dérogation, le Sénégal ne pourra pas accéder à de nouveaux financements et pourrait même être contraint de rembourser les fonds déjà perçus dans le cadre du programme précédent. Une hypothèse redoutée à l’heure où l’État cherche à stabiliser ses finances, à soutenir ses programmes sociaux et à préserver sa crédibilité internationale.
Le ministère sénégalais des Finances, contacté par Reuters, a refusé de commenter la situation.
Un dossier parmi les plus graves de l’histoire récente du FMI
Selon l’agence, ce cas figure parmi les plus importants de mauvaise déclaration de dette jamais détectés dans le cadre d’un programme de surveillance du FMI. L’issue des négociations sera donc scrutée de près, tant par les marchés que par les partenaires bilatéraux du Sénégal. 
    
 
     
 
   
   
                 
                