À seulement 18 ans, A. Ndao, élève et domestique originaire de Koumpentoum, rêvait d’un avenir meilleur. Partie travailler à Guédiawaye pour soutenir ses frères et sœurs, elle s’est retrouvée au cœur d’une affaire cauchemardesque : accusée de vol, séquestrée, humiliée, et traînée en justice. Ce n’est que le 1er octobre que le Tribunal correctionnel de Guédiawaye l’a finalement relaxée, au bénéfice du doute, comme le rapporte L’Observateur. 
    
  Quand la disparition de bijoux vire au drame 
    
  Tout commence le 11 septembre dernier. Th. Sow, professeure d’Histoire-géographie en poste à Kaolack, de retour dans sa maison familiale de Hamo V, constate la disparition de bijoux en or évalués à 8 millions de FCFA. Trois colliers, trois bagues et des bracelets, soigneusement rangés dans une valise, semblent envolés. Les soupçons se portent vite sur la domestique, A. Ndao, dont la chambre abritait ladite valise. 
    
  Un marabout qui « désigne » la coupable 
    
  L’affaire prend alors une tournure surréaliste. La famille Sow consulte un marabout, qui, après avoir reçu la liste des occupants, accuse directement A. Ndao et pointe même la nièce de la famille, N. Mb. Ndiaye, née en 2008, comme complice. Dans la maison, la tension explose : de l’eau bénite (safara) est aspergée dans la chambre de la jeune domestique pour « faire parler les esprits ». Ses affaires sont fouillées, elle est privée de sortie et accusée sans répit. A. Ndao nie fermement et rappelle que, selon les propres mots du marabout, « la voleuse serait une femme née en 2008 », ce qui ne correspondait pas à elle. 
    
  Une nièce battue pour livrer un faux témoignage 
    
  Devant le tribunal de Pikine-Guédiawaye, la nièce N. Mb. Ndiaye, considérée comme témoin clé, multiplie les contradictions. Elle raconte d’abord avoir vu la bonne cacher les bijoux sous un matelas, puis affirme l’avoir vue descendre avec un sachet rouge. Mais face à l’insistance du juge, elle craque : elle a été frappée par sa tante et son oncle pour désigner la domestique. La professeure finira par confirmer cet aveu dérangeant. 
    
  Une domestique humiliée et brisée 
    
  À la barre, la jeune prévenue raconte son calvaire. Traîtée de voleuse, enfermée, fouillée de fond en comble, puis arrêtée par la police de Wakhinane-Nimzatt alors qu’elle préparait le déjeuner. Elle insiste aussi sur le fait que d’autres personnes avaient accès à la valise, notamment la sœur de la plaignante venue de France, mais qui n’a jamais été inquiétée. 
    
  Un dossier où la justice tranche face aux croyances 
    
  Le procureur, relevé par L’Observateur, a mis en doute les fondements de l’accusation : « Si le charlatan était efficace, il aurait indiqué où se trouvent les bijoux, pas seulement un nom », a-t-il lancé. Pointant l’absence de preuves matérielles, les contradictions flagrantes des témoins et le recours abusif à des croyances mystiques, il a requis la relaxe. L’avocat de la défense a renchéri : « Aucun aveu, aucune preuve, seulement des soupçons alimentés par des pratiques occultes et des pressions exercées sur une mineure ». 
    
  Verdict : relaxe au bénéfice du doute 
    
  Après délibéré, le tribunal correctionnel de Guédiawaye a acquitté A. Ndao, au bénéfice du doute, et débouté la plaignante de sa demande.
     
 
   
   
                 
                 
                