Le prix Nobel de la paix, qui sera décerné le 10 octobre, attire comme chaque année l’attention du monde entier. Mais contrairement aux espoirs affichés par Donald Trump, les experts jugent ses chances quasi nulles, préférant mettre en avant des acteurs moins médiatisés mais engagés dans la résolution de conflits négligés.
Donald Trump n’a jamais caché son souhait d’obtenir la prestigieuse distinction, allant jusqu’à affirmer qu’un refus serait « une insulte » faite aux États-Unis. Pourtant, sa doctrine America First et ses décisions unilatérales le tiennent à l’écart des idéaux de coopération internationale que promeut le Nobel. « C’est totalement impensable », tranche Øivind Stenersen, historien spécialiste du prix. Selon lui, Trump « est à bien des égards à l’opposé des idéaux que représente le Nobel, fondés sur la coopération multilatérale ».
  Un bilan diplomatique contesté 
  L’ancien président revendique avoir mis fin à « six ou sept guerres » en quelques mois, un discours que les experts qualifient d’exagéré. Karim Haggag, directeur de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), estime que le comité doit se baser sur « des exemples clairs de réussite dans le rétablissement de la paix », ce que le dossier Trump ne démontre pas. 
À cela s’ajoutent ses récentes politiques jugées discriminatoires : en janvier 2025, il a signé un décret visant à expulser des étudiants internationaux pro-palestiniens, qualifié de « déportation idéologique » par ses opposants ; en février 2025, il a proposé de transférer les Palestiniens de Gaza vers des pays voisins, un plan dénoncé comme un déplacement forcé par la communauté internationale ; en parallèle, il a instauré un programme d’asile réservé aux Blancs sud-africains, une initiative perçue comme sélective et racialisée.
Par ailleurs, son attitude constante à l’égard d’Israël alimente les critiques : Trump a régulièrement fragilisé les institutions multilatérales comme l’ONU en adoptant une posture favorable à Tel-Aviv, sans jamais élever la voix contre les dérives israéliennes dans la région. Ces prises de position nourrissent davantage la critique d’un président clivant, dont le mépris affiché envers certaines régions du monde, notamment l’Afrique, fragilise toute prétention à incarner une figure de paix.
  Les favoris du comité Nobel 
  Cette année, 338 candidatures – individus et organisations – ont été enregistrées. Si les noms restent confidentiels, plusieurs pistes émergent. Pour Karim Haggag, le Nobel devrait mettre l’accent sur « les médiateurs locaux et les artisans de la paix dans des conflits oubliés », citant le Soudan, le Sahel ou la Corne de l’Afrique. 
D’autres experts évoquent les Cellules d’intervention d’urgence du Soudan, qui risquent leur vie pour venir en aide aux populations victimes de guerre et de famine. Les ONG de défense des journalistes, telles que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) ou Reporters sans frontières (RSF), figurent également parmi les prétendants, après une année meurtrière pour la presse, notamment à Gaza. Enfin, le nom d’Ioulia Navalnaïa, veuve de l’opposant russe Alexeï Navalny, est régulièrement cité parmi les favorites.
  La saison des Nobel, entre science et littérature 
  Au-delà du prix de la paix, la semaine Nobel démarre avec la médecine, suivie de la physique, de la chimie, de la littérature et de l’économie. Les avancées en immunologie, en cancérologie ou encore la découverte d’hormones liées à la régulation de l’appétit figurent parmi les travaux pressentis. 
En littérature, les regards se tournent vers le Suisse Christian Kracht, considéré comme une figure majeure de la sphère germanophone. Sa présence remarquée au salon du livre de Göteborg, en face de l’Académie suédoise au grand complet, alimente les spéculations.
  Une récompense symbolique et stratégique 
  Le Nobel de la paix 2025, comme toujours, sera scruté à travers le prisme de la diplomatie mondiale. Les experts rappellent que le comité privilégie souvent des initiatives discrètes mais durables, plutôt que des figures polarisantes. 
  Attribuer le prix à des acteurs de terrain – au Soudan, dans le Sahel ou ailleurs – constituerait un signal fort, rappelant que la paix se construit aussi loin des projecteurs. 
     
 
   
   
                 
                 
                