Le président colombien Gustavo Petro s’est une nouvelle fois illustré sur la scène internationale en prenant part, le 26 septembre dernier, à une manifestation pro-palestinienne dans les rues de New York. Présent dans la ville pour l’Assemblée générale des Nations unies, le dirigeant de gauche a brandi haut le drapeau palestinien, dénonçant l’« arrogance » et « l’insolence » des États-Unis et d’Israël, qu’il accuse de brutalité et d’inhumanité.
Mégaphone en main, Petro a harangué la foule venue protester « contre Benjamin Nétanyahou et la guerre à Gaza ». Devant un auditoire attentif, au sein duquel figurait le musicien britannique Roger Waters, il a appelé à la création d’une « armée de sauvetage du monde » dont la première mission serait de « libérer la Palestine ». Le chef de l’État a exhorté les soldats américains à « ne pas viser l’humanité avec leurs fusils », avant d’ajouter : « Désobéissez à l’ordre de Trump ! Obéissez à l’ordre de l’humanité ! »
Washington réplique : la révocation du visa de Petro
La réaction américaine n’a pas tardé. Le département d’État a annoncé, sur les réseaux sociaux, la révocation du visa du président colombien. « Plus tôt dans la journée, le président colombien @petrogustavo s’est tenu dans une rue de New York et a exhorté les soldats américains à désobéir aux ordres et à inciter à la violence. Nous allons révoquer le visa de Petro en raison de ses actions téméraires et incendiaires », a écrit l’administration américaine.
Cette mesure illustre la dégradation spectaculaire des relations entre Bogotá et Washington. Déjà, à la tribune de l’ONU, Petro avait proposé d’activer le mécanisme « Uniting for Peace » pour former, avec les deux tiers des États membres, « une force armée pour défendre la vie du peuple palestinien ». Le veto américain, opposé une nouvelle fois à un cessez-le-feu et à un accès humanitaire pour Gaza, avait conduit Petro à affirmer que « la diplomatie est terminée ».
Un président au ton sans compromis
À plusieurs reprises, Gustavo Petro a tenu un langage frontal envers l’administration américaine. Quelques jours avant la manifestation, il avait réclamé l’ouverture d’une « procédure pénale » contre Donald Trump, après des frappes militaires dans les Caraïbes ayant détruit des bateaux accusés de transporter de la drogue. Pour Petro, Washington incarne une politique de force illégitime et hypocrite, qu’il oppose à la lutte des peuples pour leur liberté.
Vendredi soir, le président colombien a quitté New York et regagnait Bogotá, rappelant qu’il détenait également la nationalité italienne, ce qui en principe l’exempte de visa pour entrer aux États-Unis. Mais le message est clair : la Colombie version Petro ne craint pas l’isolement diplomatique et choisit d’assumer, avec constance, son alignement aux côtés du peuple palestinien.