Banquiers, assureurs, régulateurs et investisseurs se sont réunis à Dakar pour « inventer de nouvelles approches » et bâtir, via la titrisation et la finance durable, une architecture financière plus robuste pour les économies africaines.
Organisé conjointement par Invictus Capital & Finance, KF Titrisation, et Development Finance Advisory (DFA), le forum avait pour thème : « Innovations financières et Transformation structurelle des économies africaines : Titrisation, Finance durable et Souveraineté ». Il s’ouvre au moment où le continent est confronté à des besoins de financement qui dépassent largement les flux de capitaux traditionnels et les capacités d’endettement actuelles de ses États.
Ouvrant les travaux, le ministre sénégalais des Finances et du Budget a déclaré que le forum n’est pas un simple événement, mais la reconnaissance urgente de la nécessité d’« inventer de nouvelles approches » pour combler les besoins financiers colossaux de l’Afrique.
  D’après Badanam Patoki, le déficit annuel d’infrastructures de l’Afrique dépasse 100 milliards de dollars, les contraintes budgétaires s’accentuent sous le poids de la dette publique, les PME (pilier fort des économies africaines) peinent à accéder au financement, les besoins de financement globaux excèdent 130 milliards de dollars par an. 
    
  Selon M. Patoki, ces besoins montrent que les mécanismes de financement classiques sont à bout de souffle. A l’insuffisance des capitaux disponibles s’ajoute le poids de la dette ; des contraintes qui limitent la capacité de l’Afrique à transformer son potentiel en prospérité tangible pour tous. D’où la nécessité de créer des plateformes de co-construction où l’expérience de chaque pays, institution, devra enrichir l’action collective selon Cheikh Diba. « L’Afrique a le potentiel, les talents et l’énergie nécessaires. Structurons-les ensemble pour ouvrir la voie à des solutions adaptées, inclusives et pérennes », a lancé le ministre sénégalais des Finances et du Budget qui voit dans le financement structuré « une voie crédible et incontournable » pour « bâtir une architecture financière africaine plus robuste » en ce qu’il devrait permettre de mutualiser les risques, d’allonger les maturités, de mieux mobiliser le capital privé et de créer des instruments sur mesure. 
Inventer de nouvelles approches qui permettent de concevoir des outils financiers adaptés aux spécificités et aux besoins des marchés africains, c’est dans l’ordre du possible, a insisté le président de l’autorité des marchés financiers de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Il a souligné que le Kenya a réussi, en juillet 2025, une émission de 156 millions de dollars américains (environ 90 milliards FCFA) sous forme de titrisation de créances futures. « Ce qui rend cette opération remarquable, c’est sa connotation ESG (Environnementale, Sociale et de Gouvernance), prouvant que l’Afrique peut non seulement innover, mais aussi attirer des investisseurs d’envergure, locaux et internationaux, sensibles aux critères de finance durable », a-t-il affirmé.
Toutefois, tous les intervenants ont soutenu que le pari ne peut être relevé qu’à travers de solides alliances. « Le Forum SFA 2025 marque une étape décisive : celle d’une Afrique qui invente ses propres solutions financières, une nouvelle page de son histoire économique, adaptée à ses réalités et porteuse de prospérité pour tous », a déclaré Cheikh Diba, souhaitant que des débats naissent « partenariats stratégiques, des projets pilotes et des feuilles de route partagées qui guideront l’avenir financier du continent ».
  Les panels ont porté sur des thématiques telles que la titrisation, le financement des PME, la finance durable, les secteurs stratégiques d’investissement et les innovations comme les e-Sukuk souverains multi-cédants. 
  Adou FAYE
     
 
   
   
                 
                