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Fatou Sow Sarr interpelle : « La situation des violences basées sur le genre est dramatique, c’est la responsabilité de nos États d’agir »

Fatou Sow Sarr interpelle : « La situation des violences basées sur le genre est dramatique, c’est la responsabilité de nos États d’agir »

Le meurtre tragique d’une jeune couturière à Ngaparou continue de hanter les esprits et de relancer le débat sur les violences basées sur le genre (VBG). C’est dans ce contexte que s’est tenu, à Saly, un atelier élargi regroupant des représentants des États, des institutions régionales, de la Banque mondiale et du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP).

 

Interpellés par la presse, les différents participants se sont exprimés au micro de Dakaractu Mbour, rappelant l’urgence d’une mobilisation collective pour faire reculer ce fléau.

 

 

La sociologue et représentante de la CEDEAO, Fatou Sow Sarr, a livré un message fort : « Nous faisons face à une situation dramatique. Les violences basées sur le genre continuent de s’aggraver malgré les lois et les efforts de sensibilisation. Quand une femme est blessée, ce n’est pas seulement sa vie qui est touchée, c’est une ressource humaine perdue pour le développement. C’est la responsabilité de nos États de prendre les mesures nécessaires. »

 

 

 

Elle a par ailleurs attiré l’attention sur les nouveaux défis liés aux réseaux sociaux, qui amplifient les violences psychologiques : « Si rien n’est fait, nous passerons de 37% à 40% de prévalence dans deux ans. Nous devons revoir nos méthodes et anticiper sur l’avenir. »

 

 

Le directeur régional du FNUAP pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Dr Sénène Nkonton, a de son côté rappelé les statistiques alarmantes : « Nous avons encore près de 7 enfants sur 10, âgés de moins de 15 ans, qui sont mariés précocement. Plus de 60% des femmes subissent encore des mutilations génitales féminines. Certes, nos pays ont voté des lois, mais il ne suffit pas d’avoir des textes, il faut les appliquer. »

 

 

 

Il a insisté sur la nécessité de former les magistrats, les policiers et l’ensemble des acteurs de la chaîne judiciaire, mais aussi d’impliquer davantage les jeunes et les communautés.

 

 

Pour sa part, Samb, conseiller technique n°1 du ministère de la Famille, de l’Action sociale et de la Solidarité, a rappelé les avancées réalisées, notamment la criminalisation du viol et de la pédophilie en 2020. Mais il a reconnu que la situation demeure préoccupante :

 

« Le taux de 37,8% reste alarmant. Nous devons renforcer nos stratégies, travailler avec les communautés, les décideurs politiques et les partenaires pour inverser la tendance. »

 

 

 

Cet atelier, organisé à Saly, se voulait un espace de concertation et de renforcement de la collaboration entre États, institutions régionales et partenaires techniques et financiers. Il a mis l’accent sur la nécessité d’appliquer les lois existantes, de renforcer la prévention et la sensibilisation au niveau communautaire, de mutualiser les expériences réussies, et de maintenir la pression sociale contre les violences.

 

 

Au-delà des chiffres et des discours, le cas de la couturière de Ngaparou demeure dans toutes les mémoires. Il illustre tragiquement ce que les experts qualifient d’« urgence nationale et régionale » : la lutte contre les violences basées sur le genre ne peut plus attendre.


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