À Thiès, l’histoire de Thierno Diop soulève une profonde indignation. Menuisier métallique respecté dans son village, décrit comme poli, digne et travailleur, il a été arrêté après qu’une femme l’a cité dans une affaire de viol collectif présumé, alors qu’il se trouvait en pleine activité professionnelle. Deux autres personnes avaient déjà été interpellées, mais son nom ajouté aux accusations a suffi pour qu’il soit placé en détention, sans preuves solides présentées publiquement à ce jour. Depuis, il vit l’enfer carcéral, attendant un jugement qui tarde depuis plus de trois ans.
En prison, Thierno ne cessait de clamer son désir d’être jugé publiquement afin de laver son honneur. « Liberté provisoire sakh moy lolu, lima beug moy takhaw niu juger meu sétalma ci kanamu nieup. Sama yaay ak sama papa ay mak laniu beug na lenn téral », confiait-il avec émotion à ses codétenus, affirmant préférer l’épreuve du procès à l’incertitude qui le ronge. Derrière son calme apparent, son regard trahissait la douleur d’un homme persuadé de son innocence mais enfermé dans une spirale judiciaire sans issue visible.
Aujourd’hui, l’affaire intrigue davantage : selon plusieurs sources, la plaignante aurait quitté le pays, embarquant dans une pirogue vers l’Espagne. Cette disparition ajoute une zone d’ombre à un dossier déjà marqué par les lenteurs et les incohérences. Pendant ce temps, Thierno reste derrière les barreaux, privé de son droit fondamental à un procès équitable. Son histoire, partagée par un ancien détenu témoin de son calvaire, interpelle l’opinion publique et pose une question brûlante : jusqu’à quand des citoyens continueront-ils à subir des années de détention préventive sans jugement au Sénégal ?