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Fitch abaisse la note de crédit de la France à A+ : inquiétudes sur la dette et l’instabilité politique

Fitch abaisse la note de crédit de la France à A+ : inquiétudes sur la dette et l’instabilité politique

L’agence de notation Fitch a abaissé la note de crédit à long terme de la France de AA- à A+, ce vendredi 12 septembre. Elle souligne que l’augmentation de la dette publique du pays limite sa capacité à réagir à de nouveaux chocs sans aggraver la situation de ses finances publiques.

Cette décision intervient après le renversement du gouvernement de François Bayrou, lundi 8 septembre, par les députés, précisément sur la question de l’endettement de la France, qui représentait plus de 113% du PIB l’an dernier.

Le ministre de l’Économie démissionnaire, Éric Lombard, a dit « prendre acte » de la décision de Fitch, « motivée par la situation de nos finances publiques et l’incertitude politique, malgré la solidité de l’économie française ». « Le nouveau Premier ministre [Sébastien Lecornu] a d’ores et déjà engagé la consultation des forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et de poursuivre les efforts de rétablissement de nos finances publiques », a-t-il écrit sur la plateforme X.

La chute de François Bayrou a accentué le chaos politique en France, avec un cinquième Premier ministre en à peine plus de deux ans, et renforcé les incertitudes autour du projet de budget pour l’an prochain alors que l’ancien chef du gouvernement a été largement désavoué pour sa volonté de réaliser plus de 40 milliards d’euros d’économies.

Le « spread », ou écart de rendement entre le Bund allemand et l’OAT française à 10 ans qui permet de mesurer la prime de risque associée à la dette française, a atteint cette semaine un plus haut depuis mars 2025. Le taux des emprunts français à 10 ans est désormais quasiment au niveau de son équivalent italien. Un facteur d’incertitude a toutefois été levé cet été pour la France, comme pour les autres pays européens, avec l’accord commercial conclu par l’Union européenne avec les États-Unis de Donald Trump sur le niveau des droits de douane américains.

La France prévoit un déficit public de 5,4% du PIB en 2025, bien au-dessus de la limite de 3% fixée par les règles budgétaires européennes. Sa dette dépasse, elle, 3 300 milliards d’euros, soit presque 114% du PIB. Après Fitch, les deux autres grandes agences de notation rendront leur nouvel avis sur la situation française cet automne : le 24 octobre pour Moody’s, qui note actuellement la France à Aa3 avec perspective stable, puis le 28 novembre pour Standard & Poor’s, pour l’instant à AA-, avec perspective négative. 

Selon Fitch, plutôt que de se résorber, l’endettement de la France risque de continuer de gonfler pour atteindre 121% du PIB en 2027, « sans horizon clair de stabilisation dans les années suivantes », réduisant sa capacité à répondre à des chocs économiques éventuels. À plus court terme, l’agence estime que l’échéance de la prochaine élection présidentielle réduira d’autant plus les marges de manœuvre en faveur d’un redressement des finances publiques et craint que le blocage politique persiste au-delà. Ainsi, après 5,5% en 2025, Fitch prédit un déficit restant supérieur à 5% en 2026 et en 2027, alors que le gouvernement sortant espérait 4,6% l’an prochain.

Cette dégradation va-t-elle avoir des conséquences importantes sur les marchés ? Au départ, non, on ne peut pas s’attendre à ce que les taux d’intérêts augmentent fortement à court terme. C’est plutôt dans la perspective à long terme qu’on va avoir une lente augmentation du taux d’intérêt.

La dégradation de sa note souveraine marque un tournant pour le pays. Et ce, même si elle devrait entraîner peu de conséquences immédiates pour Paris. Lui attribuant l’équivalent d’un 16/20, Fitch fait en effet basculer la capacité de la France à rembourser sa dette dans la catégorie inférieure : de qualité « moyenne supérieure », contre « bonne ou haute » jusqu’ici.

La capacité à rembourser la dette notée
Les agences comme Fitch, Moody’s et S&P Global classent la qualité de crédit des États, c’est-à-dire leur capacité à rembourser leur dette, de AAA, la meilleure note, à D synonyme de défaut de paiement. Ces notes sont anticipées par les investisseurs. Résultat : un État bien noté emprunte moins cher. Une dégradation, en revanche, envoie le message d’un placement devenu plus risqué, ce qui peut pousser les investisseurs à demander une meilleure contrepartie pour prêter de l’argent, augmentant ainsi le coût de financement.

Cet abaissement est le deuxième de la note française par Fitch depuis avril 2023. À l’époque, l’agence avait invoqué les fortes tensions sociales liées à la réforme des retraites pour justifier sa décision. Cette fois, il peut laisser augurer un mouvement similaire des deux autres grandes agences mondiales.


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