Le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a affirmé mercredi que son homologue israélien, Benjamin Netanyahu, devrait être traduit en justice, estimant que l’attaque israélienne contre des chefs du Hamas à Doha avait « tué tout espoir » de libérer les otages à Gaza.
M. Al-Thani s’en est pris à M. Netanyahu après un avertissement de ce dernier aux autorités qataries: « je dis au Qatar et à toutes les nations qui hébergent des terroristes: vous devez soit les expulser, soit les traduire en justice. Parce que si vous ne le faites pas, nous le ferons ».
L’attaque sans précédent mardi à Doha contre des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas a aussi suscité une rare réprimande du président américain Donald Trump, grand allié d’Israël, qui a dit en être « très mécontent ».
Le Hamas, en guerre contre Israël dans la bande de Gaza, a affirmé que ses hauts responsables visés avaient survécu mais que les raids israéliens avaient fait six morts.
« Il doit être traduit en justice », a déclaré le premier ministre qatari à propos de M. Netanyahu, dans une déclaration à la chaîne américaine CNN.
« Je pense que ce qu’a fait Netanyahu hier, c’est d’avoir tué tout espoir pour les otages », a ajouté le Premier ministre, dont le pays joue le rôle de médiateur dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu à Gaza et d’une libération des otages retenus dans le territoire palestinien.
Le Qatar « réévalue tout » concernant cette médiation, a-t-il ajouté.
Ces otages ont été enlevés durant une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Israël, qui a juré de détruire le mouvement islamiste et de le chasser du territoire palestinien où il a pris le pouvoir en 2007, a décimé sa direction depuis le début de la guerre.
– « Bras long » –
En riposte à l’attaque du 7-Octobre, l’armée israélienne a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza, faisant des dizaines de milliers de morts et provoquant une catastrophe humanitaire.
Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz a prévenu que son pays frapperait ses ennemis partout. « La politique sécuritaire d’Israël est claire: son bras long agira contre ses ennemis, où qu’ils soient. Ils n’ont nulle part où se cacher. »
« Si les meurtriers et les violeurs du Hamas n’acceptent pas les conditions posées par Israël pour mettre fin à la guerre, en premier lieu la libération de tous les otages, et leur désarmement, ils seront détruits et Gaza sera détruite », a-t-il ajouté.
La veille, l’armée de l’air israélienne a visé des dirigeants du Hamas réunis dans un complexe à Doha, selon le Hamas.
Selon des sources du mouvement, six dirigeants dont Khalil al-Hayya, Khaled Mechaal, ancien numéro un, et Zaher Jabarine, responsable du mouvement en Cisjordanie, étaient dans le bâtiment au moment de l’attaque. L’AFP n’est parvenu à joindre aucun d’eux depuis.
Selon le Hamas, les six morts sont le fils du négociateur en chef Khalil al-Hayya, le chef du bureau de M. Hayya, trois gardes du corps et un policier qatari.
Le représentant d’Israël à l’ONU, Danny Danon, a déclaré qu’il était « trop tôt pour se prononcer sur le résultat » de la frappe.
– 48 morts à Gaza selon les secours –
En dépit des pressions internationales pour un arrêt de la guerre dans la bande de Gaza, l’armée israélienne y a poursuivi son offensive faisant au moins 48 morts selon la Défense civile locale.
L’armée a affirmé qu’elle intensifierait « dans les prochains jours ses frappes à Gaza-ville », considérée comme l’un des derniers bastions du Hamas dans le territoire, « dans le but de démanteler l’infrastructure terroriste du Hamas, d’entraver sa capacité opérationnelle et de réduire la menace qui pèse sur les troupes ».
L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont encore retenues à Gaza dont 25 décédées selon l’armée.
L’offensive de représailles israélienne a fait au moins 64.656 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas à Gaza, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU. L’ONU a déclaré la famine à Gaza, ce que Israël dément.