Le parti au pouvoir en Côte d’Ivoire a accusé mercredi l’opposition d' »entretenir un climat de tension » et de « s’inscrire dans la logique du pire » après des propos de l’ex-président Laurent Gbagbo appelant à s’opposer à un quatrième mandat du chef de l’Etat Alassane Ouattara.
A deux mois de la présidentielle du 25 octobre, le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire, notamment à cause de l’exclusion du scrutin par des décisions de justice de plusieurs dirigeants d’opposition, dont M. Gbagbo.
« Il faut être clair et net, il n’y aura pas de 4e mandat. Notre détermination est sans faille », a lancé l’ex-président samedi lors d’un meeting à Abidjan.
Une semaine plus tôt, les deux principales formations d’opposition, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de M. Gbagbo et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Tidjane Thiam, avaient mobilisé des milliers de manifestants qui ont défilé dans le calme contre un quatrième mandat du président Ouattara.
« Les manifestations que l’opposition organise n’ont pas d’autre but que d’entretenir un climat de tension et préparer ainsi ses militants à passer à l’acte le moment venu. Ils ont fait le choix de s’inscrire dans la logique du pire, c’est-à-dire semer le désordre », a déclaré mercredi le porte-parole du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Kobenan Kouassi Adjoumani.
« Tous ceux qui sont impliqués dans la préparation de ce funeste projet de déstabilisation doivent comprendre que l’Etat ne faillira pas », a-t-il ajouté.
Appelant « au calme et à la sérénité », il a assuré que l’élection présidentielle se tiendrait bien le 25 octobre comme prévu.
Fin juillet, Alassane Ouattara, à la tête de la Côte d’Ivoire, a déclaré être candidat à un quatrième mandat, assurant que la Constitution l’y autorise.
L’actuelle loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé en 2020 que l’adoption de cette nouvelle Constitution quatre ans plus tôt avait remis le compteur des mandats présidentiels à zéro. Ce que l’opposition a toujours contesté.
Outre Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l’ex-Premier ministre en exil Guillaume Soro sont également radiés des listes électorales en raison de condamnations judiciaires. Et Tidjane Thiam, le président du PDCI, est inéligible pour des questions de nationalité.
Mercredi, le comité des droits de l’Homme de l’ONU, saisi par Laurent Gbagbo, a rejeté sa demande de mesures provisoires visant à le réinscrire sur la liste électorale.
Il a toutefois « invité » l’Etat ivoirien à « prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que M. Gbagbo puisse exercer ses droits politiques ».
Fin juillet, le comité onusien avait publié une note aux conclusions identiques au sujet de Tidjane Thiam.
Dans ces deux cas, l’Etat ivoirien a respectivement jusqu’à janvier et février 2026 pour faire des observations.