La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre à Bamako : la générale Nema Sagara, première femme promue générale de brigade dans l’armée de l’air du Mali, a été arrêtée le 7 août 2025 dans le cadre d’une enquête sur une présumée tentative de déstabilisation des institutions de la République. Aux côtés d’autres personnalités civiles et militaires, dont le Français Yann Christian Bernard Vezilier et le général Abass Dembélé, elle est citée dans un dossier que la junte malienne considère comme une menace directe pour la stabilité du pays.
Nema Sagara n’est pas une officier comme les autres. Entrée dans l’armée malienne en 1986, elle a suivi une formation militaire au Mali, en France et aux États-Unis. Très tôt, elle se distingue par son engagement et ses compétences, gravissant les échelons dans un univers largement dominé par les hommes.
Son parcours la mène dans plusieurs bases stratégiques : la base aérienne de Bamako 100, la base de Bamako-Sénou 101 ou encore l’état-major général des armées. Sa carrière prend une dimension internationale lorsqu’elle participe à des missions de maintien de la paix de l’ONU, notamment au Libéria (2004-2005) et en Côte d’Ivoire. Enseignante à l’École de maintien de la paix Alioune Blondin Beye (2007-2009), elle contribue aussi à la formation des nouvelles générations de militaires maliens.
Au front dans le nord du Mali
En 2013, alors que le Mali est secoué par la guerre dans le Nord, Nema Sagara est nommée numéro deux de l’armée dans la région de Gao, tout juste libérée de la main des groupes islamistes. Elle y pilote des actions militaro-civiles, destinées à rétablir la confiance entre populations et forces armées. Cet engagement sur le terrain la distingue comme l’une des rares officières africaines à avoir été directement impliquée dans des opérations de combat.
Responsabilités stratégiques et reconnaissance internationale
En 2015, elle devient commandante adjointe de la base aérienne de Bamako 100, puis en prend la tête l’année suivante. Depuis 2017, elle dirigeait le Secrétariat permanent de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre, une structure essentielle pour la sécurité régionale. Ce poste clé confirme son rôle dans la consolidation de la stabilité au Mali et dans la sous-région.
Son parcours hors norme lui a valu une reconnaissance internationale, faisant d’elle l’une des femmes militaires les plus haut placées d’Afrique.
Un destin fragilisé par les turbulences politiques
L’arrestation de la générale Sagara, dans un contexte marqué par la fragilité des institutions et la méfiance de la junte à l’égard de toute contestation, constitue un tournant brutal dans une carrière jusque-là exemplaire. Les autorités affirment avoir déjoué une tentative de coup d’État et poursuivent leurs enquêtes.
Icône de l’armée malienne et modèle pour toute une génération de jeunes filles attirées par l’uniforme, Nema Sagara voit aujourd’hui son nom mêlé à une affaire qui pourrait marquer durablement son héritage militaire. Dans un Mali en quête de stabilité, son arrestation illustre aussi les tensions profondes entre les aspirations démocratiques, la gouvernance militaire et les rivalités internes au sein des forces armées.