Reporters sans frontières dénonce un « assassinat revendiqué », après la frappe israélienne qui a tué ce dimanche 6 journalistes à Gaza ville, dont 5 travaillaient pour la chaîne Al Jazeera. Parmi les victimes, l’un des reporters palestiniens les plus connus : Anas Al-Sharif, 28 ans. Tous se trouvaient dans une tente à proximité de l’hôpital Al-Chifa. Le correspondant de RFI à Gaza a suivi le cortège funèbre du journaliste et de ses collègues ce lundi matin.
Dans le cortège, Oum Mohammad a tenu à venir saluer la mémoire des journalistes tués, et en particulier le travail d’Anas Al-Sharif, qui avait été menacé plusieurs fois par l’armée israélienne. « C’était la voix de la vérité, il la faisait entendre au monde entier. Mais cet acte ne fera pas taire les faits. D’autres voix émergeront pour raconter à un monde qui semble impuissant le génocide en cours contre le peuple de Gaza. »
L’armée israélienne reconnaît avoir visé le journaliste et soutient qu’il faisait partie de la branche armée du Hamas. Ce qui révolte Mustafa Jaeour, reporter pour le média palestinien Alyoum News : « Ces accusations sont fausses. Les journalistes tués en faisant leur travail sont des civils. […] Les forces d’occupation cherchent juste à passer leur message sous silence. »
« Je ne me sens plus en sécurité en faisant mon travail »
Farrah Hassan travaille, elle, pour une chaîne de télévision algérienne. Elle se sent plus menacée que jamais : « Anas racontait l’assassinat d’enfants et de femmes à Gaza, les morts provoquées par la famine […] Moi, je ne me sens plus en sécurité en faisant mon travail. Je pourrais être visée à tout moment. »
D’après Reporters sans frontières, depuis octobre 2023, près de 200 journalistes ont été tués à Gaza. Les accusations de l’armée israélienne contre Anas al-Sharif ne sont « pas crédibles », dénonçait il y a quelques semaines déjà le comité pour la protection des journalistes. Des allégations démenties aussi par Al Jazeera et par le rapporteur spécial de l’ONU pour la liberté d’expression.