Au deuxième rang des plus gros acheteurs de pétrole russe, l’Inde économise des milliards de dollars sur ce brut acheté à prix réduit qui offre à Moscou une source de revenus essentielle dans son offensive militaire contre l’Ukraine.
Lorsque la guerre entre la Russie et l’Ukraine a éclaté en 2022, l’Inde a saisi l’opportunité d’acheter du pétrole bon marché et les importations en provenance de Russie ont bondi.
Cette décision a provoqué la colère du président américain Donald Trump, qui a menacé l’Inde d’une hausse des droits de douane, New Delhi considérant toute mesure de rétorsion potentielle comme « injustifiée et déraisonnable ».
Les alliés occidentaux de l’Ukraine ont cherché à plusieurs reprises à freiner les recettes d’exportation de la Russie.
Mais le pays a réussi à réorienter ses ventes de produits énergétiques de l’Europe vers d’autres pays, notamment l’Inde et la Chine, assurant ainsi la continuité de ce flux de capitaux de plusieurs milliards de dollars.
Combien de pétrole l’Inde importe-t-elle ?
L’Inde, l’un des plus grands importateurs de pétrole brut au monde, dépend de fournisseurs étrangers pour plus de 85% de ses besoins en pétrole.
New Delhi dépendait traditionnellement des pays du Moyen-Orient. Mais depuis 2022, l’Inde s’est fortement tournée vers le brut russe à prix réduit après les sanctions occidentales instaurées sur les exportations de Moscou.
En 2024, la Russie représentait près de 36% des importations totales de pétrole brut de l’Inde — un pic à plus de 40% a même été atteint au cours de cette année-là —, contre environ 2% avant la guerre, selon les données publiées par le ministère du Commerce du pays.
New Delhi a acheté environ 1,8 million de barils de pétrole brut russe par jour en 2024, ce qui représente environ 37% des exportations totales de pétrole de Moscou, soit la plus grosse part après la Chine.
Pourquoi l’Inde dépend-elle de la Russie ?
Le ministère indien des Affaires étrangères a affirmé lundi avoir « commencé à importer de Russie, car les approvisionnements traditionnels ont été détournés vers l’Europe après le déclenchement du conflit ».
Il a également souligné que Washington avait alors « activement encouragé ces importations indiennes afin de renforcer la stabilité du marché mondial de l’énergie ».
Les sanctions occidentales ont entraîné des rabais sur le brut russe. Cela a permis aux raffineurs indiens d’économiser des milliards de dollars sur les coûts d’importation, maintenant ainsi les prix intérieurs du carburant relativement stables.
Bien que l’avantage tarifaire soit passé d’environ 14% au cours de l’exercice 2023-24 à environ 7% en 2024-25, le brut russe reste économiquement attractif pour l’Inde.
New Delhi insiste sur le fait que ses achats ont contribué à la stabilité des prix mondiaux du brut, affirmant que sans ces importations, les prix mondiaux auraient pu grimper jusqu’à 120-130 dollars le baril.
L’Inde a-t-elle une autre solution?
L’Inde s’approvisionne toujours en pétrole brut au Moyen-Orient, principalement en Irak et en Arabie saoudite. Ce pétrole représentait 45% des importations totales en 2024, contre environ 60% avant 2022.
« L’Inde pourrait en principe trouver relativement facilement d’autres fournisseurs que la Russie pour répondre à ses besoins énergétiques, avec un impact économique limité », estime Shilan Shah de Capital Economics dans une note.
Sur le plan logistique, changer de fournisseur est également possible, poursuit M. Shah.
« La quasi-totalité du pétrole acheté par l’Inde à la Russie arrive par bateau. Il serait beaucoup plus difficile de changer de fournisseur s’il était livré par pipeline », ajoute M. Shah. « Les raffineries indiennes peuvent également changer de qualité relativement facilement ».
Mais aucune des autres possibilités d’approvisionnement n’offre le même avantage tarifaire.