Alors que la thèse du suicide de Serigne Issa Touré continue de diviser, et que ses disciples réclament justice pour un homme qu’ils considèrent comme un guide spirituel victime d’un complot, les victimes présumées, elles aussi, réclament la vérité. À travers un témoignage poignant livré à L’Observateur, M.G, l’une des plaignantes dans l’affaire de détournement de mineurs, livre une déclaration forte, mêlant tristesse, incompréhension, colère contenue… et foi inébranlable dans la justice divine.
« Ce n’est pas ainsi que cela devait se terminer »
La nouvelle de la mort du marabout a provoqué un choc considérable, y compris chez celles et ceux qui avaient porté plainte contre lui. M.G, qui affirme avoir été victime d’abus, confie avoir été bouleversée par l’annonce :
« Je suis profondément sous le choc. Rien ne m’avait préparée à ça. Je croyais qu’il s’était enfui pour échapper à la justice. Jamais je n’aurais imaginé qu’il choisirait la mort. »
Et pourtant, malgré la gravité des accusations formulées contre lui, M.G dit ne jamais avoir souhaité sa disparition.
« Même si cela peut sembler étrange, je ressens de la tristesse. Car je n’ai jamais voulu sa mort. Ce que nous, les victimes, avons toujours demandé, c’est la vérité. Pas la vengeance. »
Une vérité qui, selon elle, n’a pas eu le temps d’éclater
À travers son témoignage, M.G exprime surtout une frustration profonde : celle de ne jamais avoir pu confronter son présumé agresseur devant un tribunal.
« Nous avons témoigné avec sincérité. Pas pour salir. Pas pour nuire. Pour nous libérer. Les accusations que nous avons formulées sont réelles, fondées, vécues. »
Elle affirme avec gravité :
« Je jure sur le Saint Coran que les accusations portées contre lui sont vraies. Je ne gagne rien à mentir. Je veux simplement que notre parole soit reconnue. »
Mais la mort de Serigne Issa Touré rend désormais ce procès impossible. La procédure judiciaire s’arrête brusquement. Le deuil de la justice est, pour M.G, aussi lourd que celui de la perte d’un homme.
Une douleur partagée, même dans l’opposition
L’un des aspects les plus marquants de ce témoignage est sans doute la lucidité et l’empathie que M.G adresse à la famille du défunt.
« Je pense à sa famille, à ses proches, à ceux qui l’aimaient. Ils ne méritent pas cette douleur. »
Un geste rare, dans une affaire aussi sensible, qui témoigne de la complexité humaine d’un drame qui ne laisse personne indemne.
Une justice terrestre inachevée… une justice divine attendue
Derrière ses mots calmes et mesurés, M.G affirme sa foi. Face à l’impossibilité d’un procès, elle choisit de s’en remettre à Dieu :
« La justice terrestre ne se fera peut-être jamais. Mais il reste la justice divine. Dieu connaît la vérité. »
Cette déclaration, à la fois digne et bouleversante, redonne un visage aux plaignants souvent relégués au second plan depuis la mort du marabout. Car au-delà des clivages entre disciples et accusateurs, une certitude demeure : la douleur est partagée, le besoin de vérité est universel.