Le Sénégal, pays des résistances héroïques et des espoirs tenaces, se trouve aujourd’hui confronté à une évidence brutale : le monstre du passé n’est pas mort. Terrassé un instant, feignant l’agonie, il revient à la charge, ricanant sous les oripeaux d’un système que l’on croyait définitivement révolu. Une hydre à douze têtes, hideuse et pernicieuse, continue de souffler le vent de la discorde et de l’ingouvernabilité.
« Faisons gaffe, le système-monstre est toujours là ! », alerte Serigne Amadou Cissé Ndieguène dans sa contribution incisive. L’hydre, selon lui, n’a jamais réellement disparu. Elle se dissimule sous des formes nouvelles, plus perfides, mais tout aussi destructrices. Derrière les grands discours, se cachent les mêmes logiques : manipulation, hypocrisie, haine semée, impunité protégée. Les disciples du monstre fomentent des « actions ignominieuses » et « des cruautés » contre les innocents, espérant par le chaos empêcher toute stabilisation.
Une transition trahie par des lenteurs
Alors que l’alternance démocratique a porté un duo – qualifié de « tandem génial » – aux plus hautes fonctions de l’État, les attentes populaires se heurtent aux lenteurs administratives et à la persistance de vieilles pratiques. « Il est étonnamment incompréhensible que les nouveaux venus […] se laissent embarquer dans des délires pitoyables », déplore-t-il. Le peuple, selon lui, ne comprend pas que ceux qui ont été humiliés, emprisonnés, martyrisés, s’égarent aujourd’hui dans des débats stériles plutôt que de livrer le combat final contre l’ancien ordre.
Face à cette situation confuse, l’auteur sonne l’alarme : « L’État vrai a le devoir imprescriptible de se réveiller de sa torpeur léthargique. » Il n’est plus temps de se cacher derrière les prétextes juridiques ou les slogans démocratiques. Il faut faire taire le vacarme orchestré par les saboteurs de l’intérieur comme de l’extérieur, refuser les injonctions des puissances anciennes, « conniventes avec des traîtres locaux formés à leurs desiderata. »
Des leçons d’histoire à ne pas oublier
Les anciennes autorités, affirme-t-il, ont laissé un héritage d’une noirceur inégalée : « maquillage de chiffres », « pillage des fonds publics », « sabotage des institutions ». Et pourtant, ces mêmes acteurs, aujourd’hui déchus, osent critiquer les efforts des nouvelles équipes. Ils s’attaquent aux politiques de relance, raillent les emprunts obligataires, et tentent, par médias interposés, de discréditer les patriotes au pouvoir.
Mais pour l’auteur, « la vérité et la souveraineté n’ont pas de prix ». Les nouvelles autorités doivent s’éloigner des querelles superficielles et « honorer leurs promesses électorales », car « le peuple empressé, impatient très légitimement » n’attendra pas indéfiniment. Les réformes engagées, bien que lentes, sont porteuses d’espoir. Le peuple, dit-il, « a défendu becs et ongles ces extraordinaires possessions et réussites, même au prix de leurs vies ».
La fin de la présence militaire étrangère, saluée comme un jalon historique, doit être suivie d’actes tout aussi forts dans les domaines économiques, sociaux et institutionnels. « Foi, Persévérance et Espérance à renforcer », écrit Serigne Amadou Cissé Ndieguène, dans une exhortation finale. Car face à une hydre qui n’a jamais cessé de guetter, il faudra du courage, de la lucidité et une volonté inflexible de rupture.