Le chef de la junte au pouvoir au Mali, le général Assimi Goïta, a promulgué la loi lui accordant un mandat de cinq ans renouvelable sans élection et est devenu de facto président de la République du Mali.
Le régime militaire lui a accordé la semaine passée un mandat de président de cinq ans, renouvelable « autant de fois que nécessaire » et sans élection. La promulgation de la loi, attendue depuis plusieurs jours et annoncée jeudi dans un document diffusé sur les réseaux sociaux, authentifié de source officielle, maintient donc M. Goïta à la tête de l’État jusqu’à au moins 2030.
Cette mesure est la dernière d’une série de restrictions sévères aux libertés prises par les militaires pour consolider leur régime dans le pays sahélien.
« Le Président veille au respect de la Constitution et de la Charte de la Transition. Il remplit les fonctions de Chef de l’État pour une durée de cinq (05) ans renouvelables, autant de fois que nécessaire, jusqu’à la pacification du pays, à compter de la promulgation de la présente Charte », selon la loi.
La durée peut être toutefois « écourtée dès que les conditions permettant l’organisation d’une élection présidentielle transparente et apaisée sont réunies », précise le texte.
Le président de la transition, les membres du gouvernement et les membres de l’organe législatif installé par les militaires sont éligibles à l’élection présidentielle et aux élections générales, ajoute le document.
Arrivés au pouvoir au Mali à la suite de deux coups d’État successifs en 2020 et 2021, les militaires s’étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils au plus tard en mars 2024, mais ont depuis manqué à leur promesse.
– Dissolution des partis –
La promulgation de la loi vient appliquer les recommandations faites à l’issue d’une concertation nationale organisée par la junte fin avril.
Cette concertation nationale – marquée par la présence des soutiens du régime mais boycottée par la plupart des formations politiques – avait également demandé la dissolution des partis et des restrictions à leur possibilité d’en créer.
Lors d’une récente et rare prise de position publique à Bamako, des partis politiques avaient accusé la junte de vouloir leur dissolution. Ce rassemblement de partis, sous haute surveillance policière, avait réuni plusieurs centaines de personnes le 3 mai à Bamako et revêtu un caractère exceptionnel, dans un contexte de répression de toute voix discordante.
Depuis, la junte dirigée par le général Assimi Goïta a annoncé la dissolution des formations politiques et des organisations à caractère politique dans le pays. Leurs membres ont également été interdits de réunion par les militaires.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire meurtrière, nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires.
Les violences des groupes jihadistes ensanglantent le pays depuis plusieurs années.
L’armée malienne et ses alliés, les mercenaires russes d’Africa Corps, chargés notamment de traquer les jihadistes, sont régulièrement accusés de commettre des exactions contre des civils.
Le Mali et ses voisins du Niger et du Burkina Faso se sont réunis au sein d’une confédération, l’Alliance des États du Sahel (AES).