Talent sûr de la musique sénégalaise, le jeune Lamine Diallo, dépeint comme un brillant étudiant, n’est plus. Son bourreau cueilli hier, a tenté de justifier son acte.
Quarante-huit heures après la mort atroce du jeune Lamine Diallo, mortellement poignardé le 1er juillet dernier à Fass Delorme, les langues se délient. Le présumé meurtrier identifié sous le nom de A. Fall a fini hier mercredi entre les mains des limiers du commissariat de Dieuppeul.
À l’issue de son interrogatoire, il a été placé en garde à vue pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, sans intention de la donner. Une source judiciaire affirme que l’individu a été arrêté au domicile de sa mère à la Médina, dans la capitale sénégalaise. Il a tenté de justifier son acte.
Les confessions du présumé meurtrier
L’étudiant suspecté du meurtre de Lamine Diallo a déclaré qu’il aurait agi sous l’effet de la colère, après une dispute.
Le couteau utilisé pour tuer était posé sur une table
À en croire, il a eu une altercation verbale avec son ami. Pris de colère, il s’est emparé d’un couteau posé sur une table avant de poignarder la victime. Il a pris la fuite juste après. Munis des éléments d’information, les policiers ont remonté sa trace et l’ont cueilli hier matin à la Médina. À Fall qui serait étudiant à l’Ucad en 2e année de Licence d’Anglais, était en cavale depuis deux jours.
Natif de Saint-Louis, À Fall qui réside au quartier Hlm Grand-Yoff à Dakar, était à Fass Delorme, chez sa tante, avec le défunt, lorsqu’ils se sont disputés. Une vive altercation verbale a éclaté, selon les sources de Libération, sur fond de jalousie et de frustrations. C’est ainsi que Lamine Diallo qui fréquentait depuis quelque temps le domicile de la tante du mis en cause, a été poignardé à l’arme blanche (une lame), à cinq reprises avant de s’écrouler.
A. Fall retenu pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort
Attendu qu’il n’a pas de casier judiciaire, A. Fall a été placé en garde à vue. Le dossier est en train d’être ficelé pour être transmis au parquet qui va enclencher l’information judiciaire.
Une autopsie réalisée à l’hôpital Idrissa Pouye (Hogip) de Grand Yoff a confirmé que la victime est décédée des suites de coups de couteau. Le corps de Lamine Diallo a été acheminé au quartier de Dioubel Abbas Ndao par la levée du corps. Il a été ensuite pris en charge par les sapeurs-pompiers pour être inhumé dans la plus stricte intimité.
Un talent fauché par une lame
À seulement vingt ans, Lamine Diallo brillait tant sur le plan artistique que scolaire. Sa disparition brutale a laissé la communauté étudiante et musicale orpheline. Issu du quartier Sud de la ville de Saint-Louis, ce jeune homme incarnait réussite artistique et excellence scolaire.
Sa passion pour la musique n’avait d’égale que son engagement pour ses études. Lamine Diallo participait régulièrement à des concours musicaux, où il se distinguait par sa voix et sa prestance scénique. Il avait notamment participé à plusieurs concours de jeunes talents. Son aisance sur scène et sa capacité à transmettre des émotions fortes à travers sa musique avaient fait de lui une étoile montante de la scène musicale sénégalaise.
Étudiant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, il suivait un cursus rigoureux tout en poursuivant ses rêves artistiques. Doué d’une exceptionnelle capacité d’adaptation, Lamine savait jongler entre les répétitions et les révisions, entre les auditions et les examens. Il avait compris que le savoir et la culture artistique n’étaient pas incompatibles, mais complémentaires.
« Brillant étudiant, il incarnait l’excellence scolaire »
C’est à Mbour que Lamine Diallo a décroché son baccalauréat avec mention. Il s’était inscrit à l’Université Cheikh Anta Diop pour poursuivre des études en Lettres modernes. Passionné de langue et de littérature, il rêvait de devenir professeur et de transmettre à son tour le goût du savoir.
D’un naturel réservé, il ne s’illustrait jamais dans des polémiques ou des querelles inutiles. Ce qui rend encore plus incompréhensible et douloureuse sa fin tragique. Il était aimé de tous, ses professeurs le citaient en exemple. « Il n’était pas seulement brillant, c’était aussi une belle âme, très respectueux, toujours souriant », confie un de ses enseignants à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines. À l’Ucad, Lamine Diallo était aussi actif dans le mouvement étudiant, souvent impliqué dans les activités culturelles.
« Il avait tout d’un artiste »
Depuis l’enfance, Lamine chantait. Sa voix unique et inspirante lui avait valu de nombreux compliments de la part des professionnels de la musique. Il écrivait ses propres textes, abordant des thématiques sociales et engagées. « C’était un perfectionniste », disent ses amis musiciens. Il passait des heures à travailler ses morceaux, à répéter, à améliorer sa technique vocale.
Ses proches se souviennent de sa persévérance et de son humilité. Jamais il ne se vantait de ses réussites, préférant mettre en avant le collectif. Travailleur acharné, il avait su se forger une identité propre, loin des stéréotypes. Son rêve : enregistrer son propre album et le présenter lors d’un concert dans sa ville natale, Saint-Louis. Malheureusement, ce rêve ne se réalisera jamais.
L’OBS