La viabilité économique est une condition essentielle pour atteindre les objectifs fixés pour le secteur des médias au Sénégal. Mactar Silla, président du comité scientifique des Assises des Médias, a souligné qu’une large réflexion stratégique a été menée, aboutissant à des propositions concrètes pour exploiter des modes et opportunités de financement innovants. Ces mécanismes, pensés dans une approche de développement, de professionnalisation et de diversification du secteur, visent à éclairer les décisions des pouvoirs publics pour une presse viable.
Financement : 1% du budget national et un CGAM renforcé
Les Assises recommandent de porter le financement des médias (incluant le secteur public comme la RTS, l’APS, Le Soleil, le CESTI, ainsi que les ressources du Fonds d’Appui et de Développement de la Presse – FADP) à 1% du budget national.
La mise en place d’un Centre de Gestion Agréé des Médias (CGAM) est également proposée. Ce centre offrirait une assistance essentielle en matière comptable, fiscale, financière et sociale. Les entreprises de presse dont le chiffre d’affaires est inférieur à 500 millions FCFA seraient éligibles au CGAM.
Dans cette optique, les Assises suggèrent d’accorder des exonérations fiscales spécifiques à la presse via le CGAM, et d’exonérer de taxes l’importation de tout matériel digital lié à un projet agréé ou financé par le FADP. La création d’un comité d’étude pour une redevance basée sur les droits d’auteur et les droits voisins dans le secteur des médias est également jugée impérative.
Relance, rémunération des contenus et partenariats
Les Assises appellent à l’élaboration d’un plan de relance et de modernisation de la distribution de la presse. Il s’agira également de :
Plaider et exiger une rémunération équitable des contenus par les GAFAM.
Soutenir les initiatives de kiosques numériques.
Négocier des accords avec des plateformes internationales pour la distribution de contenus sénégalais à l’étranger.
Établir des partenariats avec les universités et instituts de formation pour un accès préférentiel aux journaux de la presse sénégalaise en format numérique.
Élaborer une politique nationale de numérisation des archives.
Enfin, selon les Assises des Médias, il sera nécessaire de reprendre le processus d’élaboration du projet de loi sur la publicité en impliquant activement les acteurs des médias.
Transparence, suivi et gouvernance
Pour garantir une gestion efficace, il est proposé de mettre en place un système transparent et efficace de suivi et d’évaluation des fonds alloués par le FADP. Cela implique de :
Systématiser la publication de la liste des bénéficiaires du FADP dans les médias.
Instituer l’audit régulier du FADP.
Réaliser des études périodiques sur l’état du secteur de la presse au Sénégal, mettant l’accent sur le paysage médiatique, les acteurs, les bilans économiques et les actionnaires.
Renforcer la participation des acteurs des médias à la Revue conjointe du secteur de la communication.
Les acteurs des médias ont par ailleurs exigé la publication d’un rapport périodique sur l’état de la liberté de la presse au Sénégal, l’organisation d’un forum périodique sur l’économie et l’innovation médiatique, et la mise en place d’une plateforme numérique d’information sur le secteur des médias au Sénégal.
Enfin, les Assises recommandent l’instauration d’un appel à candidatures ouvert pour la désignation des dirigeants des institutions de régulation et des médias publics. Elles encouragent les entreprises à se doter d’un plan de développement stratégique quinquennal, et proposent la création d’un organe de certification des supports médiatiques. Le développement de partenariats technologiques et l’élaboration de grands projets mutualisés (Mutuelle de santé, coopérative d’habitat, Observatoire des Médias, etc.) sont aussi des axes majeurs, tout comme la mise en place d’un organe de régulation de la publicité.