La 72e édition de la Journée mondiale de lutte contre la lèpre s’est tenue à Mbour, précisément au village de Mballing, sous le thème évocateur : « Unissons-nous. Agissons. Éliminons. » Mais derrière les discours d’espoir et d’engagement, une absence de taille a alimenté les discussions : celle du ministre de la Santé.
Dans un décor sobre mais lourd de symboles, le chef du village de Mballing a rappelé que « chaque village a ses propres préoccupations ». Une manière de souligner que les réalités de terrain sont souvent noyées dans les discours institutionnels.
Les artistes du groupe Sanokho Théâtre ont, à leur manière, dénoncé la persistance de pratiques traditionnelles face à une maladie qui se soigne pourtant efficacement. Ils ont aussi mis en lumière le reclassement fictif des villages, la rareté des bourses familiales, et le défaut de mise en œuvre des politiques d’inclusion sociale comme les cartes d’égalité des chances et la loi d’orientation sociale.
Papa Mamadou Diagne, président de l’ASCL/MTN, a dressé un constat préoccupant : « Le dépistage est encore tardif, et l’accès aux soins spécifiques reste un parcours du combattant. » Il a aussi rappelé l’importance de la loi 76-03 du 25 mars 1976 et son décret d’application, tout en appelant à des mesures concrètes de réhabilitation et d’intégration des personnes affectées par la lèpre, toujours porteuses de stigmates physiques et sociaux.
Le docteur Batista a martelé que « la lèpre n’est plus un problème de santé publique, mais un enjeu social majeur. » Il appelle à une meilleure répartition des rôles entre les acteurs, à une vulgarisation ciblée de l’information, et surtout à la lutte contre la stigmatisation persistante.
Le gouverneur de la région de Thiès, présent, a tenu à rassurer : « Les malades bénéficieront d’une enveloppe substantielle… Une batterie de mesures accompagnera leur réinsertion. » Il promet que toutes les doléances seront transmises à qui de droit.
Mais l’absence du ministre de la Santé, en cette journée hautement symbolique, laisse un goût amer : « Comment espérer une volonté politique forte sans l’engagement visible du premier responsable de la santé publique ? », s’interrogent plusieurs acteurs.
L’union, l’action, l’élimination : trois piliers du thème de cette journée. Mais encore faut-il que tous les maillons de la chaîne institutionnelle y croient et y participent activement. Car l’éradication de la lèpre, ce n’est pas seulement une affaire médicale. 
     
 
  