Ce 22 juin, lors de la cérémonie de clôture du deuxième congrès du RHDP, le chef de l’État n’a pas répondu à l’appel de son parti, qui souhaite qu’il soit son candidat à la présidentielle d’octobre. Mais il a dit s’exprimer « dans les jours qui viennent ».
« ADO président ! » ont scandé en chœur les militants du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), lors d’un rassemblement qui se voulait une démonstration de force. Ce 22 juin, le stade Alassane-Ouattara d’Ebimpé a accueilli la cérémonie de clôture du deuxième congrès du parti au pouvoir. Les présidents du Sénat, Kandia Camara, et de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo, comme d’autres cadres du parti, ont fait le show dans une ambiance festive.
« Il ne nous abandonnera jamais »
Alassane Ouattara a fait son entrée vers 11 heures, dans un stade électrisé. La veille, 7 000 participants avaient travaillé à la réorganisation du parti et demandé sa reconduction à sa tête. « Les congressistes ont été exemplaires. Avec sérieux et ferveur, nous avons travaillé, débattu, tranché et adopté en plénière les motions, résolutions et propositions issues de nos travaux », a déclaré le président du congrès, Patrick Achi, qui a également lu lesdites résolutions et motions.
L’annonce du choix du chef de l’État comme le candidat du RHDP à la présidentielle d’octobre a été vivement applaudie par la foule. Comme attendu, Alassane Ouattara, 83 ans, au pouvoir depuis 2011, a toutefois réservé sa réponse. « Je vous ai entendus, je vous ai compris, je vous remercie de votre confiance, a-t-il déclaré. Je prendrai, dans les jours qui viennent, après une réflexion en mon âme et conscience, une décision. Et je veux dire bravo à tous et à toutes. Félicitations pour cette extraordinaire mobilisation […] Après tant de batailles menées ensemble, je ressens la force et la sincérité de votre appel. Ces appels, je ne peux pas les ignorer », a-t-il ajouté.
S’ils devront attendre encore pour avoir la réponse de leur champion, les cadres du RHDP se sont montrés confiants. Pour eux, il n’y a pas de doute, Alassane Ouattara briguera un quatrième mandat. Interrogée au sortir de la cérémonie, Anne Ouloto, ministre de la Fonction publique et présidente de la région du Cavally, s’est ainsi réjouie : « Le plus important est qu’il a dit qu’on peut compter sur lui », a-t-elle estimé. « Il a dit qu’il ne nous abandonnera jamais », s’est également enthousiasmé Claude Sahi, le chef de cabinet du président. Les parrainages débuteront le 1er juillet et les candidats ont jusqu’au 26 août pour déposer leurs dossiers.
Importantes réformes internes
En temporisant ainsi, Alassane Ouattara assied son autorité en interne, tout en gardant les ambitions rivales en sommeil. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il procède ainsi. En 2020 déjà, il avait entretenu le suspense jusqu’au dernier moment, avant d’invoquer des circonstances exceptionnelles – le décès d’Amadou Gon Coulibaly – pour briguer un troisième mandat. Son entourage met en avant un bilan économique flatteur (transformation des infrastructures, accroissement du taux d’électrification, multiplication des universités…) pour justifier qu’il se maintienne au pouvoir.
Le congrès qui s’achève n’a pas été qu’une célébration militante, il a aussi consacré d’importantes réformes internes. La présidentialisation du parti a été renforcée, les organes stratégiques réactivés, et des moyens financiers ont été octroyés aux structures locales. Le RHDP prépare en effet ses troupes pour la bataille électorale, en insistant sur la poursuite de la transformation du pays. Émergence économique, modernisation agricole, renforcement de l’éducation et de la sécurité… Autant d’arguments martelés dans les discours qui constituent la trame d’une possible nouvelle campagne d’Alassane Ouattara… ou de celle d’un éventuel dauphin.
Jeune Afrique