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Dac de Boulel : 3,42 milliards envolés et une guerre judiciaire ouverte entre l’État et Sylla Trading

Dac de Boulel  : 3,42 milliards envolés et une guerre judiciaire ouverte entre l’État et Sylla Trading

Cinq ans après son lancement en grande pompe, le Domaine agricole communautaire (Dac) de Boulel, dans le département de Kaffrine, est toujours dans les limbes. Une situation qui suscite incompréhension, colère et désormais… un bras de fer judiciaire à plusieurs milliards de francs CFA.

 

Le quotidien Libération révèle que l’État du Sénégal a récemment résilié le marché d’aménagement et de terrassement du Dac, initialement attribué à la société Sylla Trading Corporation (STC) pour un montant de 3,42 milliards de francs CFA. Cette décision a été notifiée à l’entreprise le 28 mars 2025, et immédiatement suivie d’une demande de restitution des garanties d’avance de démarrage (817 millions de FCFA) et de bonne exécution (1,021 milliard), adressée à la Sonac (Société nationale d’assurances du crédit et du cautionnement).

 

Mais STC ne l’entend pas de cette oreille. La société crie à la résiliation abusive et assigne en justice à la fois l’Agent judiciaire de l’État et la Sonac. Elle réclame une expertise indépendante pour établir les responsabilités réelles dans l’échec du projet.

 

Lenteurs, retards et blocages

 

Dans sa plainte, STC détaille une succession de retards et de dysfonctionnements qu’elle impute au maître d’ouvrage, en l’occurrence le ministère de l’Agriculture. L’entreprise rappelle que bien qu’elle ait répondu à l’appel d’offres dès le 30 décembre 2021, le contrat ne lui a été notifié que le 13 décembre 2022, et l’ordre de démarrage des travaux n’est intervenu que le 20 mars 2023.

 

Entre-temps, STC affirme avoir mobilisé ses équipes, son matériel et ses fonds, mais s’être heurtée à de nombreux obstacles :

 

  • Non-disponibilité du site ;

  • Modifications incessantes des plans polygonaux pour délimiter le périmètre du Dac ;

  • Silence prolongé de l’État sur la demande d’actualisation des prix due au long délai entre la soumission et le démarrage effectif ;

  • Impaiement du décompte n°2 d’un montant de 97,3 millions de FCFA depuis le 6 septembre 2024 ;

  • TVA non remboursée à hauteur de 155,6 millions de FCFA.

 

STC contre-attaque

 

Toujours selon Libération, STC conteste vigoureusement l’appel en garantie lancé par la Sonac. La société souligne que le maître d’ouvrage n’a jamais procédé à un constat contradictoire des travaux, ce qui, selon elle, rend toute évaluation objective impossible.

 

Elle demande donc au tribunal d’ordonner une expertise judiciaire pour établir :

 

  • L’état réel des travaux ;

  • La part de responsabilité du maître d’ouvrage dans les retards ;

  • Si les conditions contractuelles permettaient réellement d’exécuter les travaux dans les délais impartis.

 

 

En attendant le verdict prévu pour le 16 juin prochain, le député Abdoulaye Thomas Faye, qui avait interpellé le gouvernement par question écrite, reste lui aussi sur sa faim : « Force est de constater que 5 ans après ce lancement, le Dac de Boulel n’est pas fonctionnel », déplore-t-il.

 

Une bombe à retardement politique et économique

 

Ce projet devait, rappelons-le, s’étendre sur 2 000 hectares, regrouper 121 groupements d’entrepreneurs agricoles et générer 8 848 emplois directs. À la place, le Dac de Boulel est devenu un terrain vague, théâtre d’un affrontement juridique à forts enjeux financiers et politiques.


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