Figure de proue de la lutte pour les droits des travailleuses domestiques au Sénégal, Alima Élisabeth Sané, secrétaire générale du Syndicat national des travailleuses domestiques (SYNTRAD), affilié à l’Union des travailleurs du Sénégal (UTS), a lancé un appel pressant aux autorités pour la ratification des Conventions 189 et 190 de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Ces textes constituent des instruments essentiels de protection pour des milliers de femmes souvent invisibles dans les débats sur les droits du travail.
Intervenant au micro de Dakaractu Mbour, Mme Sané a déclaré :
« Il est grand temps que le Sénégal franchisse le pas en ratifiant les Conventions 189 et 190. Ces textes protègent les travailleuses domestiques contre les abus, les violences, l’exploitation, et garantissent des conditions de travail décentes. Trop souvent, ces femmes sont ignorées, pourtant elles sont essentielles à la vie de nombreuses familles. »
La Convention 189 reconnaît les travailleuses et travailleurs domestiques comme des salariés à part entière, leur garantissant des droits similaires à ceux des autres professions. Quant à la Convention 190, elle aborde la question cruciale de la violence et du harcèlement au travail, un fléau que subissent de nombreuses travailleuses domestiques dans le silence.
Mme Sané, également membre active du Réseau africain des travailleuses domestiques et de la Fédération internationale des travailleuses domestiques (FITD), multiplie les interventions pour que les revendications de cette catégorie de travailleurs soient enfin prises au sérieux au plus haut sommet de l’État.
Une avancée saluée : la revalorisation salariale
Malgré les défis, Alima Élisabeth Sané reconnaît des avancées récentes, notamment la volonté affichée par les nouvelles autorités de revaloriser les salaires des travailleuses domestiques. Une mesure qu’elle salue, tout en appelant à ce qu’elle s’accompagne de réformes plus profondes.
« C’est un signal positif. La revalorisation salariale est une reconnaissance symbolique et économique du rôle que jouent les travailleuses domestiques. Mais cela doit s’inscrire dans un cadre juridique plus global. La ratification des Conventions de l’OIT est indispensable pour asseoir ces acquis et les rendre durables », a-t-elle affirmé.
Le combat pour la dignité
Depuis des années, SYNTRAD se bat pour la reconnaissance des droits des travailleuses domestiques, souvent recrutées sans contrat, sans couverture sociale, et exposées à des conditions de travail précaires. Grâce au travail de sensibilisation mené par des syndicalistes comme Alima Sané, les lignes commencent à bouger, tant au niveau national qu’international.
À travers son engagement au sein de réseaux régionaux et internationaux, elle donne une voix aux sans-voix, porte haut les revendications d’un secteur souvent laissé pour compte, et pousse les décideurs à légiférer.
Vers une reconnaissance pleine et entière
Pour Alima Élisabeth Sané, il ne s’agit pas seulement de textes ou de salaires, mais de dignité humaine.
« Ce que nous demandons, c’est le respect, la justice et l’égalité pour toutes les travailleuses domestiques. Elles doivent avoir les mêmes droits que n’importe quel autre travailleur. C’est une question de dignité. »
La balle est désormais dans le camp des autorités sénégalaises. La ratification des Conventions 189 et 190 pourrait constituer un tournant historique dans la reconnaissance et la protection des droits des travailleuses domestiques au Sénégal.