La journée du samedi 5 avril était une importante pour les millions d’Espagnols qui souffrent du problème du logement. À Madrid et Barcelone, comme dans une quarantaine de villes du pays, à l’appel du syndicat des locataires, des marches ont eu lieu pour protester contre les logements devenus inabordables. Dans la capitale espagnole, les organisateurs ont avancé le chiffre de 150 000 participants.
« Il manque des logements, il y a trop de spéculateurs », « Se loger ne peut être un commerce », « Pas de maisons sans personne, ni de personne sans maison », « Avoir un toit est un droit »… Ce sont quelques-uns des slogans qu’on a pu entendre dans cette manifestation monstre qui s’est déroulée samedi 5 avril dans le cœur de Madrid, la capitale espagnole. L’heure y était à la colère et au sentiment partagé qu’une minorité de rentiers ou de fonds d’investissement profitent de l’arrivée des touristes pour augmenter les loyers ou transformer les logements en habitations touristiques.
Maria, une avocate, doit partager un appartement avec trois autres personnes. « La propriétaire vient de nous dire qu’elle nous expulse et qu’elle va augmenter le loyer de 400 euros. Nous, on payait 1 200 euros et ça va passer à 1 600 euros », témoigne-t-elle au micro de François Musseau, notre correspondant dans la capitale de l’Espagne.
Appel à une grève des loyers
D’innombrables autres personnes, une majorité des moins de 35 ans voire de 40 ans, doivent rester chez leurs parents, partager des appartements à plusieurs ou partir en lointaine banlieue pour avoir un toit. Et même en allant loin, ce n’est plus garanti.
Guillermo défend le droit au logement à Villalba, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Madrid. « La problématique est très grave, car pas seulement dans les grandes villes, mais aussi dans les périphéries, les gens ne peuvent plus payer les loyers », constate-t-elle.
Le sentiment général est de résister et de faire face à une situation qui empêche tout projet personnel. Au point que beaucoup appellent à une grève des loyers, et estiment que le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez est bien trop timide pour répondre à ce drame.
« Mon loyer est passé à 1 800 € »
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À Barcelone, ils étaient aussi des milliers à manifester contre la crise de l’immobilier. Il y a six mois, Laia Costa, 56 ans, a été forcée de quitter l’appartement qu’elle louait depuis 25 ans : « On a essayé d’acheter, mais c’était aussi impossible, alors que j’ai des économies ! Mais c’est comme une carotte qui s’éloigne, tout est de plus en plus cher ! »
La Catalogne est aujourd’hui la seule région à réguler du prix des loyers, mais les contrats dits « saisonniers » de 1 à 11 mois, non soumis à cette loi, prolifèrent désormais et représentent 40% des locations à Barcelone, rapporte Élise Gazengel,correspondante de RFI dans la ville.
« Ça me concerne directement parce que j’ai 25 ans et je vis toujours chez mes parents, alors que pour les anciennes générations, cela n’arrivait pas », estime Alex Perez. Mais la capitale catalane n’est pas la seule ville touchée. Enzo Saenz, 45 ans, vivait à Sitges, à 35 kilomètres de Barcelone. Il est SDF depuis sa séparation il y a un an. « Je payais 1 300 €, mais le village est si touristique que mon loyer est passé à 1 800 €, c’est-à-dire presque impossible pour les salaires d’ici ! »
Comme en 2008, l’accès au logement est devenue la principale préoccupation des Espagnols.