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RDC : le dialogue avec le M23, une nécessité (médiateur)

RDC : le dialogue avec le M23, une nécessité (médiateur)

Le conflit qui ravage l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis plusieurs décennies continue de soulever des inquiétudes. Alors que les processus de médiation, de Nairobi à Luanda, peinent à apporter une solution durable, une nouvelle initiative menée par des leaders religieux, sous l’impulsion de Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), tente de remettre le dialogue au cœur des discussions. Pour Nshole et ses collègues, la seule issue viable passe par un échange sincère et inclusif, notamment avec le M23, acteur incontournable du conflit.

Depuis plusieurs semaines, Donatien Nshole sillonne les capitales du monde, de Paris à Bruxelles, en passant par Rome, pour sensibiliser les dirigeants internationaux à l’importance d’un dialogue entre Congolais. Son objectif ? Mettre en place une conférence internationale sur la paix dans les Grands Lacs, une initiative qui, selon lui, garantirait une issue plus stable et plus large que les tentatives de médiation précédentes.

Dans un entretien accordé à nos confrères de « Jeune Afrique », l’abbé Nshole insiste sur un point crucial : aucune solution durable ne sera trouvée sans un dialogue avec le M23. Si le président Félix Tshisekedi a récemment accepté d’ouvrir des discussions directes avec ce groupe armé, le facilitateur religieux estime que cette démarche ne doit pas être isolée. Il plaide pour un cadre plus large, où les revendications du M23, mais aussi celles d’autres groupes politiques et civils, seront entendues.

Éviter une paix à géométrie variable
L’un des dangers soulignés par Nshole est de donner l’impression que seules les revendications des groupes armés méritent d’être prises en compte. « Si on ne parle qu’au M23, c’est une façon de dire aux opposants politiques pacifiques qu’ils n’ont pas voix au chapitre, simplement parce qu’ils n’ont pas pris les armes. C’est une situation très dangereuse », prévient-il.

Le facilitateur insiste sur la nécessité de ne pas répéter les erreurs du passé, où les accords de paix se sont souvent limités à des arrangements entre belligérants, excluant les véritables dynamiques politiques et sociales du pays. Une paix durable ne pourra émerger que si elle repose sur une cohésion nationale renforcée et une prise en compte des réalités internes.

Le rôle de la communauté internationale
Dans ce contexte, la communauté internationale a un rôle clé à jouer. Nshole a récemment rencontré Emmanuel Macron à Paris et Maxime Prévot à Bruxelles pour les convaincre du bien-fondé de son initiative. L’enjeu est de garantir que les conclusions d’un futur dialogue national ne soient pas ignorées ou remises en cause par manque de soutien international.

Le fait que Félix Tshisekedi et Paul Kagame se soient rencontrés le 18 mars au Qatar montre que les discussions avancent, mais elles ne doivent pas se limiter à des accords entre chefs d’État. Ce sont les populations de l’est de la RDC, premières victimes du conflit, qui doivent être placées au centre des décisions.

Un appel à la bonne foi de toutes les parties
Si le dialogue avec le M23 est nécessaire pour obtenir un cessez-le-feu rapide, il ne suffira pas à garantir la paix à long terme. Toutes les parties prenantes doivent faire preuve de bonne foi, y compris les gouvernements congolais et rwandais, mais aussi les groupes armés et les acteurs politiques.

L’initiative de Nshole ne prétend pas remplacer les autres processus en cours, mais elle vise à les compléter en insistant sur un élément fondamental : la paix dans l’est de la RDC ne se négociera pas uniquement sur les champs de bataille, mais aussi à travers un dialogue sincère, inclusif et bien encadré.


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