Avec 4 306 771 membres/clients, un encours d’épargne de 570,5 milliards de FCfa, et un encours de crédit de 752,6 milliards soit 14,5% des crédits à l’économie au 31 décembre 2023, on peut dire que le secteur de la Microfinance se porte bien au Sénégal. Dixit Sidy Lamine Ndiaye, Directeur exécutif de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés (Apsfd-Sénégal). Dans cet entretien avec Le journal de l’économie sénégalaise (Lejecos), M. Ndiaye analyse l’évolution du secteur. Il revient également sur le lancement de la plateforme « Sunu Nafa » ; la loi sur la réglementation du secteur ; l’éducation financière.
- Monsieur le Directeur exécutif, comment se porte le secteur de la microfinance au Sénégal ? Quelle est sa contribution réelle à l’inclusion financière et à l’économie sociale et solidaire ? A quels défis le secteur fait-il face ?
Le secteur de la Microfinance est le vecteur majeur de l’inclusion financière, avec une contribution de 40% à l’inclusion financière au Sénégal. Etant son bras financier, le secteur de la microfinance contribue beaucoup au financement de l’économie sociale et solidaire, dont certains Systèmes financiers décentralisés (Sfd) de type Imcec sont des acteurs.
Malgré son dynamisme avérée dans le financement de l’économie sénégalaise, le secteur de la Microfinance fait face à de nombreux défis, notamment celui de la bonne gouvernance, et de la conformité par rapport à la nouvelle loi sur la microfinance, d’une part , et d’autre part, celui de la digitalisation, de ressources longues à coût faible afin de pouvoir faire face à la demande de financement grandissante des Pme/Pmi et , enfin celui de l’assainissement du portefeuille à risques des acteurs, fortement impactés par les créances défectueuses.
- Récemment une nouvelle loi portant réglementation du secteur de la microfinance a été édictée. Comment l’Apsfd compte accompagner le processus de mise en conformité des institutions assujetties ?
Ainsi, l’Apsfd-Sénégal compte accompagner ses membres à se conformer à cette nouvelle réglementation en menant les actions suivantes :
- Informer et sensibiliser sur la nouvelle loi
- Former sur les textes de l’Ohada relatifs aux Scoop
- Elaborer un guide de conformité par rapport à la nouvelle loi sur la microfinance dans l’Umoa
- Apporter une assistance technique aux Institutions de microfinance (Imf) sur le processus de transformation institutionnelle et juridique
- Editer et distribuer à tous les agents et acteurs du secteur de la Microfinance au Sénégal, la nouvelle loi adoptée par le Sénégal (projet : un agent d’Imf , une copie de la loi sur la microfinance)
- Certains acteurs avertis déplorent souvent le défaut de capacités techniques, institutionnelles et financières qui freine le développement du secteur de la microfinance. Que répondez-vous à ces interpellations ?
Il faut aussi souligner que la résolution de ces problèmes techniques, institutionnelles et financières est l’un des motifs qui ont prévalu à l’adoption de cette nouvelle loi sur la microfinance qui vise à la création de réseaux d’Imf viables et pérennes.
- Votre organisation a lancé en partenariat avec l’opérateur « Gsie Technology », la première plateforme mutualisée de Mobile Banking dénommée « Sunu Nafa ». Quels sont les objectifs et la portée de ce projet ?
Avec la plateforme « Sunu Nafa» , nous voulons en tout temps et en tout lieu que les clients puissent être en contact avec les Imf . De même, elle contribue à la diversification des canaux de services aux Imf et désormais, en leur offrant les facilités d’intégrer la plateforme interopérabilité des services financiers de la Bceao (Pisf)
- Dans le secteur, il est noté une recrudescence des institutions de microfinance en difficulté. Quels sont les facteurs explicatifs ? Le cadre réglementaire et institutionnel est-il incitatif ? Que faites-vous pour booster la relance et accroitre le dynamisme du secteur ?
Le cadre réglementaire et institutionnel actuel présentait des obstacles, qui avec la nouvelle loi sur la microfinance seront levés quand elle sera insérée dans le corpus juridique au Sénégal.
Pour booster le secteur, l’Apsfd-Sénégal met l’accent sur le renforcement des capacités techniques et financières des Imf et de leurs agents. L’Apsfd-Sénégal va continuer à faire le plaidoyer et développer des partenariats, afin que les Imf puissent avoir les ressources financières très importantes de longue maturité à des conditions profitables à leur rentabilité et à leur viabilité.
- Quelle est la contribution de l’Apsfd à la mise en œuvre du programme national d’éducation financière ? Quels sont les défis majeurs identifiés ?
Les défis majeurs identifiés sont surtout d’ordre financier c’est-à-dire mobiliser le budget nécessaire, qui est de l’ordre d’une vingtaine de milliards de FCfa pour sa mise en œuvre. Il faut aussi, à la fois, un cadre d’exécution, une harmonisation des interventions et de suivi correct de sa mise en œuvre.
Lejecos Magazine