Bougane Guéye, leader du mouvement Gueum Sa Bopp, a vivement critiqué la gouvernance d’Ousmane Sonko, qu’il accuse de dérive autoritaire et de justice sélective. Selon lui, la radiation de Barthélemy Diaz de l’Assemblée nationale illustre une violation grave des principes démocratiques et de la légitimité populaire. Guéye a dénoncé ce qu’il considère comme un acte de répression politique orchestré par Sonko et son ministre de la Justice.
Bougane Guéye a déclaré : « Quel coup de jarnac au peuple sénégalais qui aurait cru à une telle entorse à la légitimité populaire, socle ultime de la démocratie, sous la gouvernance d’Ousmane Sonko solidaire avec son Ministre de la Justice. » Il ajoute : « J’aurais pu dire quel reniement de classe exceptionnel de la part de celui qui accusait il n’y a guère quelques mois le Président Macky Sall de vouloir arracher à Barthélemy Diaz ses mandats de député et de maire de la ville de Dakar. » Selon Guéye, il s’agit d’une « violence d’une rare intensité et méchanceté » qu’Ousmane Sonko exerce à travers son appareil judiciaire et ses forces de sécurité, visant à éliminer ses adversaires politiques et à museler les médias indépendants.
M.Guéye a aussi soulevé des interrogations concernant la situation d’Ousmane Sonko, dont la présence sur les listes électorales semble entourée de mystère. Il a affirmé : « La dégradation civique sera encourue du jour où la condamnation sera devenue irrévocable et, en cas de condamnation par contumace, du jour de l’accomplissement des mesures de publicité prévues à l’article 360 du Code de Procédure pénale, Ousmane Sonko, notre Premier Ministre est-il en dehors du champ d’application de 23 du code pénal ? » Guéye interpelle alors le ministre de la Justice et le ministre de l’Intérieur pour expliquer ce silence et rappeler les principes de reddition des comptes et du droit d’interpellation citoyenne qui fondent le système démocratique.
Le rôle ambigu du Conseil Constitutionnel
Guéye a également critiqué le Conseil Constitutionnel pour son silence et sa position ambiguë concernant la situation de Sonko. Il a relevé : « En définitive, il nous est très difficile de comprendre le silence du Conseil constitutionnel dont la décision no 5/E/2024 a déjà établi ‘qu’Ousmane Sonko se trouve définitivement condamné à une peine d’emprisonnement de 6 mois avec sursis; que cette condamnation le rend inéligible pour une durée de 5 ans.' » Il se demande sarcastiquement : « Je dirais avec sarcasme que la computation du délai de 5 ans ne peut se faire qu’avec l’horloge du Conseil qui emprunte les fuseaux horaires de la Primature et du Palais et non celui de la République. »
Appel à la résistance
Face à ce qu’il considère comme une tyrannie croissante, Bougane Guéye a lancé un appel fort à l’opposition parlementaire, aux médias indépendants et à la société civile pour qu’ils se lèvent contre cette situation. Il a exhorté l’opposition à saisir le ministre de la Justice pour annuler l’acte de radiation de Barthélemy Diaz, à demander la transparence sur les lettres de démission des députés et à mettre en place un Front Unique pour restaurer la démocratie et protéger les libertés fondamentales. Guéye a déclaré : « Je me joins à tous ceux qui sont disposés à œuvrer par tous les moyens constitutionnels et démocratiques pour la restauration de l’égalité citoyenne et la fin des privilèges juridictionnels indus et inacceptables aménagés en faveur d’un seul homme depuis 2021. »
Bougane Guéye a souligné que la résistance face à ce qu’il appelle une « tyrannie » est un devoir pour chaque citoyen sénégalais. Il a insisté sur la nécessité de rétablir l’égalité citoyenne, d’arrêter les privilèges judiciaires accordés à certains et de garantir que le Sénégal reste un État de droit, où la démocratie et la justice ne sont pas manipulées à des fins politiques. « La république du Sénégal sombre pour la première fois de son histoire dans l’aménagement ‘d’une clause implicite de l’individu le plus privilégié’, » a-t-il conclu.
Ainsi, les propos de Bougane Guéye ont été rapportés fidèlement dans l’article, tout en préservant le ton et les points soulevés dans son discours.