Ce 1er décembre 2024, le Sénégal et la France ont conjointement commémoré les 80 ans du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye. Lors d’une cérémonie empreinte d’émotion, Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la France, a livré un discours marquant, rendant hommage à ces héros africains tout en reconnaissant les injustices subies.
Le ministre Barrot a commencé par honorer la mémoire des tirailleurs sénégalais et africains venus de tout le continent : Sénégal, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, et bien d’autres. Il a rappelé leur engagement héroïque, quittant leurs terres et leurs familles pour répondre à l’appel de la liberté lorsque la France fut envahie par l’Allemagne nazie. Ces soldats, souvent enrôlés de force, se sont illustrés sur les champs de bataille européens, sacrifiant tout pour la victoire de la liberté. Cependant, après avoir bravé la guerre et affronté les horreurs des camps allemands, leur retour en Afrique fut marqué par l’injustice. Privés de leurs soldes, considérés comme des soldats de seconde zone, ces hommes furent contraints de réclamer leurs droits.
Le massacre de Thiaroye, une injustice reconnue
Jean-Noël Barrot a rappelé les événements tragiques du 1ᵉʳ décembre 1944, lorsque ces soldats, regroupés au camp de Thiaroye, protestèrent pour exiger leur dû. Leur cri de colère, symbole de leur quête de justice, fut réprimé dans le sang par les autorités françaises. « Rien ne peut justifier que des soldats de la France aient retourné leurs canons contre leurs frères d’armes », a déclaré le ministre. Il a insisté sur la nécessité de regarder cette tragédie en face, soulignant que « seul un travail de mémoire peut conduire à apaiser les douleurs encore si vives provoquées par cette plaie béante dans notre histoire commune ».
Un travail de mémoire et de vérité en cours
Le ministre a mis en avant les initiatives entreprises pour faire la lumière sur ce massacre, notamment la transmission des archives françaises en 2014 et les travaux du Comité pour la Commémoration dirigé par le professeur Mamadou Diouf. Il a également évoqué une lettre officielle du Président Emmanuel Macron adressée à son homologue sénégalais, reconnaissant que les faits survenus ce jour-là ont conduit à un massacre.
Jean-Noël Barrot a affirmé que cette reconnaissance n’est pas seulement un acte pour le Sénégal, mais aussi pour la France, afin de réhabiliter une histoire marquée par cette injustice.
Un partenariat renouvelé entre la France et le Sénégal
Le discours s’est conclu par un appel à bâtir un dialogue nouveau et transparent entre les deux nations. M. Barrot a souligné les bases posées par les présidents des deux pays pour un partenariat renouvelé, fondé sur le respect mutuel et une mémoire partagée.
Inclinant la tête devant les 202 stèles blanches du cimetière de Thiaroye, le ministre a invité les deux nations à cultiver une mémoire qui rassemble, rappelant les mots de Léopold Sédar Senghor : « Ces hommes sont les témoins du monde nouveau qui sera demain ».
Cette commémoration, inscrite dans une démarche de vérité et de réconciliation, marque une étape importante dans la reconnaissance des sacrifices des tirailleurs sénégalais et dans le renforcement des relations entre le Sénégal et la France.