Attention nous avons à faire à un État, quoi qu’on dise, la France est un pays démocratique. La France a mis à la disposition du Sénégal des archives. Cela ne doit pas se faire de sitôt.
Si nous ne comprenons pas qui nous sommes et d’où nous venons, je pense pas que nous puissions vraiment avancer. La connaissance de notre passé peut nous aider à être de meilleures personnes et à créer un monde meilleur.
Pour le massacre de Thiaroye, la journée du tirailleur. Un désastre ne se fête pas.
Qui dit « Thiaroye 44 » pense aux tirailleurs Sénégalais qui sont des soldats indigènes recrutés entre 1857 et 1960 dans les colonies françaises de l’Afrique Subsaharienne. Ces soldats ont été de tous les combats de l’armée française.
Durant le premier conflit mondial, près de 190 000 africains d’Afrique occidentale française et de l’Afrique équatoriale française sont mobilisés. Ils arrivent sur le front français à l’automne 1914. Il se distinguent notamment au « chemins des Dames » en 1917 et en défendant « REIMS » en 1918. Les statistiques de leurs pertes sont contradictoires : entre 17,4 % et 20% des effectifs.
L’image du soldat noir Ancien Combattant fixe durablement dans la mentalité allemande et ces représentations auront la terrible conséquence sur le conflit. Pour la seule période de septembre 1939 à juin 1940 ce sont près de 200 000 africains qui revêtent l’uniforme, près de 40 000 d’entre eux sont renvoyés en métropole. On ignore aujourd’hui encore les pertes subies durant la campagne de France.
En Afrique les mémoires ont souvent négligé ces soldats ayant servi l’ordre colonial, pour ne mettre en avant, souvent que la tragédie de Thiaroye le 01 Décembre 1944 à Thiaroye à Dakar au Sénégal, des tirailleurs revenant de captivité en Europe, sont considérés en état de mutinerie. La répression fait officiellement 35 victimes parmi les « mutins ».
La torture a commencé avec leurs petits déjeuner avec la fameuse boisson chocolatée « Banania ». Même si l’image a été travaillée, le tirailleur « symbole de la marque » apparu en 1917 continue d’habiller boites et paquets. Films et télévision mettent en scène, principalement les soldats noirs au détriment des autres soldats coloniaux maghrébins ou indochinois, rarement vus sur les écrans.
Mais ce ne sont ici que des éclats de mémoires souvent projetés par les lumières médiatiques. Peu savent aujourd’hui que ces soldats africains provenaient de l’ensemble des colonies françaises d’Afrique Noire, moins encore connaissent leurs faits d’armes, de la constitution de l’Empire coloniale à son démembrement avec les Guerres d’Indochine et d’Algérie. Quant à leur quotidien, personne ou presque ne s’est penché sur la question. L’histoire des tirailleurs sénégalais est comme nos mémoires, pleines de trous, de non- dits, de zones d’ombre et de surprises. Qui sait qu’un des premiers maquis constitués en France occupée le fut par un tirailleur originaire de la Guinée. Qui sait qu’en octobre 1939 les tirailleurs sont exclus du régime de l’indigénat pour se voir rattachés aux lois françaises ? Qui sait qu’ils durent parfois se combattre entre eux, comme en Syrie, car présents dans les unités de la France libre comme dans celles de Vichy ? Qui sait qu’à l’automne ils durent céder aux FFI leurs armes et leurs équipements alors qu’ils se virent accusés de multiples atrocités y compris sexuelles, par les autorités Italiennes à l’issue de l’occupation de l’ile d’Elbe ? Tous ces aspects peuvent paraître anecdotiques. Ils font néanmoins partie intégrante de l’histoire des tirailleurs sénégalais de la Seconde Guerre mondiale, au moins autant que leurs faits d’armes.
C’est peu de dire que les tirailleurs Sénégalais ont payé un lourd tribut à la Grande Guerre. Le Général Charles Mangin tirera le surnom de « Boucher des Noirs » pour cause, au total ce sont près de 6000 tirailleurs qui ont péri dans la bataille dans l’Aisne.
Le retour des Anciens Combattants en Afrique n’est pas une tâche nouvelle pour l’administration coloniale. Durant la grande Guerre déjà et à son issue, des dizaines de milliers de combattants africains étaient revenus en AOF et AEF non sans que leur réadaptation pose un « problème considérable » comme le signalait dès 1919, l’inspecteur général Demaret, une partie des démobilisés étaient exclue des différentes dispositions administratives « une mesure très regrettable a été de renvoyer des infirmes, des aveugles, des amputés, des déchets humains sans la moindre pension sous prétexte que ces infirmités ne résultaient pas de fait de Guerre.( qui les a amenés en Europe ?). Les démobilisés étaient parfois accusés d’une arrogance et d’une « paresse » qui les poussaient à la « délinquance ».
L’Ancien Combattant Africain restait sous la surveillance constante d’une administration coloniale méfiante qui le percevait tour à tour comme élément potentiel de désordre ou comme agent susceptible de favoriser l’assise coloniale. Durant l’entre deux guerre, les fonctionnaires coloniaux s’évertuèrent à les regrouper et à les cadrer. Les célébrations nationales étaient autant d’occasions de les réunir et de les observer.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les conditions de démobilisation ont changé. Les soldats Noirs manifestent à plusieurs reprises, parfois très violemment, leur volonté de bénéficier de conditions plus avantageuses et de délais de mobilisation. (Un vrai raccourci).
Le 25/5/1945 devant l’assemblée consultative Gaston Monnerville prononce cesmots restés célèbres : sans Empire, la France ne serait aujourd’hui qu’un pays libéré. Grâce à son Empire, la France est un pays vainqueur.
L’élu colonial entend ainsi souligner la contribution déterminante des troupes issues des colonies dans l’effort de Guerre français. Le propos est d’autant plus remarquable qu’il s’oppose à l’idée que la France de la libération n’a jamais rendu hommage à ses soldats coloniaux. D’autant plus remarquable aussi qu’en mai 1945 justement les troupes Noires traversent une crise sans précédent. Quelques mois plutôt, un détachement de tirailleurs ex prisonniers de guerre s’est mutinés au Sénégal et différents détachements présents en métropole ont connu des « incidents » graves ».