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Dakar : la Francophonie unie contre la désinformation

Dakar : la Francophonie unie contre la désinformation

En marge de la Semaine mondiale de la francophonie scientifique, un panel consacré à la lutte contre la désinformation a réuni, à Dakar, des figures du monde des médias, de la formation et de la recherche francophone. Tous ont appelé à renforcer la coopération et la formation pour faire face à un phénomène devenu mondial et protéiforme.

Pour Mamadou Ndiaye, directeur du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) de Dakar et président du réseau Théophraste, la désinformation touche d’abord les écoles de journalisme, « car ce sont elles qui forment ceux dont le métier est de diffuser l’information ».

Le réseau, qui regroupe des écoles francophones à travers le monde, a mené une étude pour l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) montrant un lien entre faible niveau d’éducation et forte exposition aux fausses nouvelles.
« Pour lutter contre la désinformation, il faut d’abord former. Nos écoles doivent outiller les futurs journalistes à la vérification des faits et à l’usage critique des technologies », a-t-il déclaré.

Mamadou Ndiaye a aussi évoqué un livret pédagogique commun élaboré par le réseau Théophraste pour enseigner l’éducation aux médias et à l’information dans toutes les écoles de journalisme francophones. L’objectif : réduire les disparités entre les établissements du Nord et du Sud et restaurer la confiance du public dans les médias.

Le président du réseau Théophraste a enfin plaidé pour une meilleure coordination des nombreuses initiatives existantes, souvent dispersées : « Les fonds mobilisés sont importants, mais les stratégies manquent de lisibilité. Il faut harmoniser les actions et intégrer dans les programmes de formation les enjeux du multimédia, du fact-checking et de l’intelligence artificielle. »

La rigueur comme rempart
La directrice de la distribution, du marketing et de la communication de Tv5 Monde, Denise Époté, a rappelé le rôle central de la chaîne francophone dans la lutte contre les fausses informations. « Tv5 Monde contribue chaque jour à la diffusion d’une information rigoureuse et vérifiée sur tous les continents », a-t-elle affirmé.

La chaîne participe aussi à la plateforme “Vrai ou Faux” et au portail Factoscope, en lien avec des réseaux de journalistes africains au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, en Guinée et en République démocratique du Congo. Mme Époté a annoncé la création d’un poste de référent en fact-checking au sein de la rédaction : « Face à l’intelligence artificielle, la rigueur journalistique est notre meilleure arme. »

De son côté, Benoît Bréville, directeur du Monde diplomatique, a défendu une approche fondée sur le temps et la rigueur : « Nous refusons l’instantanéité pour privilégier la vérification et la contextualisation. »

Pour lui, la lutte contre la désinformation ne doit pas se limiter à traquer les fake news, mais aussi à comprendre pourquoi elles prospèrent : « Cela renvoie à la crise de confiance envers les médias et les institutions. »

L’Afrique innove face à la désinformation
Le Camerounais Paul Joël Kamtchang, fondateur du site data-check.org, a présenté une approche plus technologique. Son organisation a développé MyDataCheck, une intelligence artificielle accessible sur WhatsApp permettant à chacun de vérifier une information en quelques secondes.

« La désinformation mute sans cesse, du hors-contexte aux deepfakes. Elle alimente une véritable guerre des narratifs », a-t-il alerté. Son équipe mise sur la formation, la production multimédia et la recherche académique, et appelle l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) à devenir un centre de recherche francophone sur la désinformation.

Une francophonie mobilisée
À l’issue des échanges, une conviction s’est imposée : la francophonie dispose des atouts nécessaires pour faire de la lutte contre la désinformation un levier de coopération scientifique, médiatique et citoyenne.

Grâce à ses universités, ses écoles et ses médias, elle peut construire un front commun pour préserver la vérité et renforcer la confiance dans l’espace francophone « L’éducation, la coopération et la rigueur restent nos meilleurs boucliers », a résumé Mamadou Ndiaye, enfin.
Bassirou MBAYE
 


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