Selon l’ONU, plus de 36 000 civils ont fui l’État du Kordofan-Nord, situé à quelques centaines de kilomètres du Darfour, où les Forces de soutien rapide (FSR) ont pris El-Fasher le 26 octobre. C’était le dernier grand bastion des forces gouvernementales dans la région. Alors que de nombreux témoignages et vidéos font état d’exactions commises par les paramilitaires du général Hemedti sur la population civile, de nombreux internautes appellent au boycott des Émirats arabes unis, soutien majeur des FSR.
La semaine dernière, le Conseil de sécurité des Nations unies a dit détenir des « informations crédibles d’exécutions de masse », après la prise de la ville d’El-Fasher par les Forces de soutien rapide (FSR). Lundi 3 novembre, le bureau du procureur de la Cour pénale internationale a averti que les atrocités commises à El-Fasher « pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».
Les Émirats arabes unis se retrouvent pointés du doigt pour leur soutien aux FSR et des appels au boycott le visant se multiplient.
Sur les réseaux sociaux, les vidéos sont nombreuses. Avec ce même titre et cette même injonction : « Ne va pas à Dubaï. » Cette vidéo expose d’abord le faste et le luxe de la ville représentant le cœur des affaires émiriennes : son marché de l’or et sa modernité. L’appel au boycott est ensuite explicité : « Pour El-Fasher et pour le Soudan. » À l’image, le luxe cède alors la place à la guerre, aux images de civils déplacés.
Boycott des villes et des intérêts économiques
Sur toutes les plates-formes, vidéos et affiches sont partagées. Et certains utilisateurs y vont aussi de leur propre message vidéo. Comme une tiktokeuse qui publie sur le compte mid.east.beast : « Les Émirats arabes unis arment les Forces de soutien rapide pour pouvoir voler l’or du Soudan. Des centaines de milliers de femmes ont été torturées et violées. Des millions de personnes ont été déplacées, assassinées. Tout cela à cause de la cupidité. Tout gouvernement génocidaire, y compris les États-Unis, doit être boycotté. »
Les appels au boycott visent le pays dans son ensemble : ses villes, Dubaï ou encore Abou Dhabi, sa capitale politique. Mais aussi ses intérêts économiques : ses sociétés comme les transporteurs aériens Emirates ou Etihad et ses investissements à l’étranger, comme le club de foot de Manchester City.
Les autorités émiriennes, qui nient soutenir les FSR, n’ont pas fait de commentaires. Le sujet n’est d’ailleurs pas évoqué par les médias locaux. Et les autorités préfèrent mettre en avant leurs efforts humanitaires en faveur du Soudan. Anwar Gargash, conseiller du président émirien Mohamed bin Zayed, a annoncé ce week-end une enveloppe de 100 millions de dollars pour le Soudan.
« Nous redoublons d’efforts en matière d’aide humanitaire au Soudan. Nous le faisons par l’intermédiaire de notre hôpital au Tchad et au Soudan du Sud », a-t-il souligné.
Mais les détracteurs des Émirats ne croient pas en cette réponse et ils pointent toute l’action régionale des Émirats arabes unis. Au Yémen, en Libye où les Émirats soutiennent l’une des parties en conflit, mais aussi vis-à-vis d’Israël. Abou Dhabi, qui a reconnu Israël en 2020, a continué à faire des affaires avec le pays malgré la guerre à Gaza faisant – là aussi – l’objet d’accusations de génocide.
Les comptes qui appellent au boycott des Émirats ont d’ailleurs souvent des symboles de soutien à la Palestine également. Un parallèle est fait entre les deux conflits. Une photo détournée présente ainsi Mohamed bin Zayed, le président émirien, en uniforme militaire avec un écusson israélien sur l’épaule droite.