Devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Tom Fletcher, a abandonné le ton diplomatique pour laisser place à la colère. Il a dénoncé, sans détour, l’inaction internationale face aux violences massives qui ravagent le Darfour septentrional.
Femmes violées. Filles mutilées. Civils assassinés. Et tout cela, dans une impunité totale. « J’exhorte mes collègues à étudier l’échec continu du monde à mettre fin à cette situation. »
Avec une rare franchise, Tom Fletcher a rappelé que seize mois après l’adoption de la résolution 2736 (2024), rien n’a changé pour les victimes.
« Soyons clairs : les victimes ne sauront jamais ce qui est écrit sur cette page, ni n’entendront nos déclarations d’aujourd’hui sur combien nous nous soucions d’elles. »
  La frustration du haut responsable est palpable. 
  Après près d’un an dans ses fonctions, il admet avoir atteint les limites de ce que l’ONU peut obtenir lorsque ses demandes se résument à « laisser les humanitaires sauver des vies ». 
« Si les humanitaires demandent simplement à être autorisés à faire leur travail, cela ne fonctionne pas. »
Tom Fletcher exige du Conseil de sécurité des actes, pas des discours : accès humanitaire complet sur le terrain, déploiement de personnel national et international, pression politique réelle sur les acteurs armés. « Nous vous demandons d’utiliser vos muscles pour créer une véritable pression. »
Sa colère a éclaté lorsque les autorités soudanaises ont expulsé, sans explication, le Directeur de pays et le coordinateur d’urgence du Programme alimentaire mondial. « Je suis furieux. » À cela s’ajoute un autre scandale : le plan de réponse humanitaire 2025 n’est financé qu’à 26 %. Pour Tom Fletcher, ce n’est pas seulement une crise humanitaire : c’est une crise d’indifférence mondiale.