Ce dimanche, le Real Madrid s’est imposé dans un Clasico parfois déprimant face au FC Barcelone (2-1). On devrait parler des cinq points d’avance des Merengue au classement, du coup du mou du Barça et de sa star, Lamine Yamal. Mais le vrai « spectacle » était en dehors du terrain, malheureusement. Avec des acteurs qu’on aimerait voir dans d’autres rôles.
Ce devait être une fête, la réminiscence des plus belles heures du Clasico, avec deux équipes aux identités affirmées et aux stars planétaires. Ce devait être un combat magnifique et un match indécis. Ce fut une purge mondiale et un spectacle ridicule. Ce dimanche, le Real Madrid a pris cinq points d’avance sur son ennemi de toujours, le FC Barcelone, en s’imposant dans un match bizarroïde, où aucune des deux équipes n’a semblé tout à fait à la hauteur de l’évènement. Les joueurs ne sont pas des machines et les états de forme disparates de certains ont privé ce Clasico des étincelles attendues.
C’est le foot, ça arrive. On aurait pu en rester là mais il a fallu que les acteurs de ce match décident de donner une autre tonalité à ce combat sans relief. En se servant des déclarations de Lamine Yamal en avant-match comme prétexte, les Merengue ont donc cherché à pourrir l’ambiance et à se venger.
Là encore, c’est le foot. Mais il y avait quelque chose de nauséabond à voir Dani Carvajal, 33 ans et capitaine de la Roja, venir chercher des noises à son jeune coéquipier espagnol au coup de sifflet final. « Il aurait très bien pu l’appeler après le match », a souligné justement Frenkie de Jong après coup.
Vini, encore lui
Nauséabond, aussi, de voir l’attitude de Vinicius impunie. Par son coach déjà : sorti à la 72e minute, il a explosé au moment de quitter la pelouse. Sans un regard pour son coach, ni même pour son « pote » Rodrygo, filant directement au vestiaire. Par les arbitres, ensuite : sur le banc, son attitude n’a cessé d’être dans la provocation. Des petits mots à Yamal, encore, et cette altercation collective au coup de sifflet final où il aura été partie prenante.
« J’ai envie de me concentrer sur le positif, a tenté de déminer Xabi Alonso en conférence de presse. On a fait un grand match et Vini a été partie prenante de tout ça, il a été très bon. On parlera de sa réaction, vous pouvez en être sûr, mais ça se fera en privé ». Le plus frustrant dans l’affaire est sans doute que « Vini » n’apprend pas. A 25 ans, après de multiples épisodes où il est tantôt victime – pour de vrai – et tantôt pyromane. Le chemin que doit désormais éviter Yamal.
À 18 ans, le gaucher a cristallisé toute la colère madrilène. Et a réveillé une fierté parfois oubliée l’an passé lors des Clasicos. Indirectement, il a participé à rendre celui-ci inflammable par ses mots avec Ibai Llanos, influenceur espagnol. Par le passé, il avait déjà montré que ce genre d’ambiance avait de quoi le transporter. Mais, en délicatesse physique, il n’a pu que constater que de simples mots et des posts sur les réseaux avaient une incidence directe sur le niveau de motivation des adversaires. Surtout quand il s’agit du Real.
Résultat, ce dimanche, à la Une, le sportif est invisibilisé. Peu de célébrations du gros match de Jude Bellingham. Peu de questions quant au niveau inquiétant du Barça, symbolisé par un Pedri expulsé et à côté de ses pompes. Personne, ou presque, pour s’alarmer du niveau dramatique de ce Clasico, illustré à merveille par le raid offensif de Militao, conclu de manière grotesque. En Espagne, c’est la bagarre de fin de match et le karma qui s’abat sur Yamal qui sont d’abord évoqués.
Que tout ce beau monde s’abaisse à cela est désolant. Pour le traitement médiatique mais aussi pour l’analyse footballistique. Que des mots chez un streameur ou des posts sur les réseaux sociaux prennent autant de place dans l’analyse d’un Clasico dit beaucoup de la façon dont le foot est vécu en 2025.
Dans ce marasme, c’est finalement Aurélien Tchouaméni qui a été le plus juste. Le trash talking est intrinsèque au sport et donne du relief à certaines rivalités. Qu’il prenne toute la place, en revanche… « Moi, j’aime bien ces mots, a expliqué le Français en zone mixte en référence aux propos de Yamal. Ce sont juste des mots, il n’y a aucune mauvaise intention. Ça nous a un peu aidé en termes de motivation. Mais le foot, ça se joue sur le terrain ». Si seulement il pouvait être entendu…