L’ancien président Nicolas Sarkozy a passé sa première nuit en détention à la prison de la Santé à Paris, après son incarcération mardi 21 octobre. Condamné à cinq ans de prison, dont deux fermes, dans l’affaire des fonds libyens présumés ayant financé sa campagne présidentielle de 2007, il a été immédiatement placé sous un régime de protection exceptionnel.
Deux officiers du Service de la protection (SDLP) ont été affectés à sa surveillance. Installés dans une cellule voisine, ils accompagnent 24 heures sur 24 l’ancien chef de l’État, « tant que le besoin sera jugé utile », a précisé le ministère de l’Intérieur.
Une mesure exceptionnelle, justifiée par la sécurité et le statut de l’ancien chef d’État
Cette disposition, rarissime dans l’histoire pénitentiaire française, a été personnellement validée par le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, en coordination avec le garde des Sceaux. Elle vise à garantir la sécurité de l’ancien président, exposé selon les autorités à des menaces potentielles liées à son passé politique et à la sensibilité du dossier libyen.
« C’est une décision visant à assurer sa sécurité », a souligné Laurent Nuñez, précisant que le dispositif classique de protection des anciens présidents avait été maintenu en détention, un fait inédit.
L’entourage de l’ancien président s’est montré discret sur le sujet, invoquant la compétence exclusive du ministère de l’Intérieur en matière d’évaluation de la menace.
Isolement total et surveillance constante
Âgé de 70 ans, Nicolas Sarkozy a été placé dans une cellule du quartier d’isolement de la prison de la Santé. Cette mesure vise à assurer à la fois sa sécurité personnelle et le bon ordre de l’établissement, a expliqué Sébastien Cauwel, directeur de l’administration pénitentiaire.
« L’objectif est qu’il ne croise jamais d’autres détenus, ni dans sa cellule, ni dans les salles d’activité, ni en cour de promenade, ni à l’occasion des parloirs », a-t-il détaillé sur RTL.
Ce protocole strict est accompagné d’un contrôle permanent : les deux officiers du SDLP sont habilités à surveiller ses déplacements internes, assurer la sécurisation des accès et prévenir tout incident.
Un transfert encadré et une procédure en attente
Le transfert de l’ancien président vers la Santé a également été encadré par les forces de l’ordre, afin d’éviter tout attroupement médiatique ou perturbation à l’extérieur. Une source proche du dossier a affirmé à l’AFP qu’« il n’est pas question de prendre le moindre risque concernant la sécurité d’un ancien président ».
Son avocat, Christophe Ingrain, a indiqué que son client restera en détention « au minimum trois semaines à un mois ». La cour d’appel de Paris dispose désormais de deux mois pour examiner la demande de mise en liberté déposée après sa condamnation.
Un ancien président au statut pénitentiaire inédit
Jamais dans la Ve République un ancien chef de l’État n’avait connu un dispositif carcéral aussi particulier. Entre protection rapprochée, isolement total et détention sous surveillance constante, Nicolas Sarkozy bénéficie d’un traitement jugé nécessaire pour préserver sa sécurité, mais qui souligne aussi la dimension historique et sensible de son incarcération.
En attendant la décision de la cour d’appel, l’ancien président, désormais seul avec ses pensées et ses gardes, entame un chapitre inédit et lourd de symboles de sa vie politique et judiciaire.