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Kadhafi–Sarkozy : quand l’Histoire rattrape les destins croisés du 20 octobre

Kadhafi–Sarkozy : quand l’Histoire rattrape les destins croisés du 20 octobre

Quatorze ans jour pour jour. Le 20 octobre 2011, le monde assistait à la mort brutale de Mouammar Kadhafi, exécuté à Syrte après plus de quarante années passées à diriger la Libye. Quatorze ans plus tard, le 20 octobre 2025, l’ancien président français Nicolas Sarkozy est à son tour rattrapé par la justice, incarcéré à la prison de la Santé.

Une coïncidence troublante qui interpelle, tant les deux hommes ont été liés par une histoire faite d’alliances brisées, de promesses politiques et d’un affrontement qui aura bouleversé non seulement la Libye, mais aussi tout le continent africain.

Loin de l’image caricaturale souvent véhiculée, Mouammar Kadhafi fut avant tout un visionnaire africain, porteur d’un projet d’émancipation du continent face à la domination étrangère. Il rêvait d’une Afrique unie, économiquement souveraine, capable de se financer par ses propres institutions : une Banque africaine d’investissement, un Fonds monétaire africain, et une monnaie panafricaine indexée sur l’or.

« L’Afrique doit appartenir aux Africains », affirmait-il, plaidant pour une coopération économique Sud-Sud et une sortie de la dépendance vis-à-vis du dollar et des institutions occidentales.

Sous sa direction, la Libye s’était hissée parmi les nations africaines les plus stables et les plus prospères. L’éducation, la santé et le logement y étaient gratuits, et le pays investissait massivement dans les projets de développement à travers tout le continent.

L’intervention qui a tout bouleversé
Le 20 octobre 2011, dans le fracas des bombes et des ingérences étrangères, Kadhafi tombe à Syrte. Son élimination, soutenue par une coalition occidentale conduite par la France de Nicolas Sarkozy, fut présentée comme une opération pour « protéger les civils ». Mais dans les coulisses, nombreux sont ceux qui y ont vu une vengeance politique : celle d’un chef d’État qui voulait couper les chaînes économiques de l’Afrique et qui, selon plusieurs sources, aurait contribué au financement de la campagne présidentielle française de 2007.

Depuis sa disparition, la Libye s’est enfoncée dans le chaos, devenue un terrain de guerre, de trafics et de divisions. Le pays, autrefois moteur de stabilité, est devenu l’un des principaux foyers de déstabilisation du Sahel. « En tuant Kadhafi, c’est un équilibre africain qu’on a détruit », commente un analyste politique ouest-africain.

2025 : quand la justice des hommes remonte le fil de l’Histoire
Le 20 octobre 2025, quatorze ans jour pour jour après la mort de Kadhafi, Nicolas Sarkozy est incarcéré à la prison de la Santé, condamné dans plusieurs affaires, dont certaines liées à ce fameux financement libyen présumé. Ironie du sort : celui qui avait contribué à la chute de Kadhafi se retrouve aujourd’hui confronté aux conséquences judiciaires de cette même affaire.

« Kadhafi a été tué sans procès, Sarkozy, lui, aura droit à la justice des hommes », note un observateur africain, soulignant la symbolique de ce 20 octobre. Si son corps a été enseveli dans le désert, l’idée Kadhafi, elle, survit. En Afrique, beaucoup continuent de voir en lui un pionnier du panafricanisme moderne, un homme qui a tenté de rendre aux Africains leur fierté et leur indépendance.

De Dakar à Bamako, de Niamey à Tripoli, son nom reste associé à une époque où le rêve d’une Afrique forte et unie semblait à portée de main.

Le 20 octobre, une date chargée de symboles
Entre la chute du visionnaire et la chute de celui qui a précipité sa fin, le 20 octobre s’impose comme une date de résonance historique. L’un a perdu la vie pour avoir voulu libérer l’Afrique des tutelles ; l’autre perd sa liberté pour avoir voulu dominer un homme libre. Et rappelle que la vraie grandeur ne se mesure pas à la force des armes ni au pouvoir, mais à la vision qu’on laisse à son peuple.


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