Le colonel Michael Randrianirina a pris le contrôle de Madagascar après la fuite du président Andry Rajoelina, survenue à la suite de plusieurs semaines de manifestations massives menées par le mouvement de la Génération Z.
Le colonel Randrianirina a été le premier militaire à prendre la parole sur la très symbolique place du 13-Mai, où les éléments du Capsat ont rejoint les manifestants. Juché sur un blindé, béret vert vissé sur le crâne, il a harangué la foule alors que les forces armées fidèles à Andry Rajoelina venaient de fuir le centre de la capitale malgache.
L’officier de 51 ans a notamment commandé le bataillon d’infanterie de Tulear, dans le sud-ouest de Madagascar. De 2016 à 2018, il a été chef de la région (gouverneur) de Androy, dans le sud de la Grande Île, sous la présidence de Hery Rajaonarimampianina.
Sa carrière militaire a connu un brutal coup d’arrêt en 2023. En novembre, le colonel Randrianirina sera placé en résidence surveillée, avant d’être condamné à un an de prison avec sursis pour « atteinte à la sûreté de l’État ». « Je suis resté à l’hôpital militaire de Soavinandriana pendant deux mois et demi, et j’en suis sorti en février 2024 », a-t-il raconté lors d’un court entretien qu’il a accordé à Jeune Afrique, dimanche 12 octobre. Sa peine purgée, il a repris sa place au sein de l’armée, avec son statut d’officier mais sans commandement. Il était alors « dans l’ombre », a-t-il encore confié. « Je travaillais dans ma maison, je cuisinais, je jouais au foot », sourit-il.
Surtout, il a démenti avoir lancé un putsch visant à chasser Andry Rajoelina du pouvoir. « Ce n’est pas un coup d’État. L’armée a répondu à l’appel incessant du peuple malagasy à l’endroit de l’armée. Le pouvoir appartient au peuple, pas à moi », a-t-il martelé. À ce jour, il n’occupe aucun poste officiel opérationnel dans l’administration militaire ou civile.
Randrianirina est membre de l’unité d’élite CAPSAT, la même force militaire qui avait joué un rôle clé dans l’accession au pouvoir de Rajoelina lors du coup d’État de 2009. Ancien gouverneur, ancien prisonnier politique et farouche opposant à l’ex-chef de l’État, il a annoncé, le mardi 14 octobre, la suspension de la Constitution et la prise de pouvoir par l’armée.
Le nouveau dirigeant militaire a par ailleurs indiqué qu’un délai pouvant aller jusqu’à deux ans pourrait être nécessaire avant l’organisation d’élections, dans la perspective d’un éventuel retour à un gouvernement civil.